Règlement de comptes à la direction de Sarenza.com

Mobilité

Un conflit a éclaté entre le président fondateur révoqué et les investisseurs
financiers. L’ex-PDG d’AOL France va diriger le site de vente de chaussures.
Enquête.

Comment la situation entre le PDG historique et les investisseurs s’est-elle détériorée ? Tout dépend du camp que l’on choisit. Les versions sont nettement différentes lorsque l’on touche les points sensibles. Mais, grosso modo, sur l’analyse de la situation de l’entreprise, le constat de situation à redresser est partagé. Fin 2006, dirigeants et investisseurs s’accordent à dire qu’il existe des difficultés opérationnelles en termes de logistique et de management IT. Contacté par Vnunet.fr, Marc Fournier, en qualité de partner de SGAM, enfonce le clou sur le thème de la « sous-performance de la société «  : « Le business plan a complètement dérapé », « La perte d’argent était considérable, d’où la nécessité d’un plan de soutien et de relance de l’entreprise », « Il est nécessaire de renforcer l’équipe de direction ».

En décembre dernier, l’équipe dirigeante de Sarenza.com accepte le principe de la réalisation d’un audit des activités. Une prestation assurée à l’époque par… Stéphane Treppoz et Hélène Supau. C’est ce document de 19 pages qui va déclencher en partie la polémique. « J’ai obtenu par mes propres moyens les conclusions du rapport dix jours avant le conseil d’administration du 7 mars. Il apparaît clairement que les investisseurs voulaient s’appuyer sur cet audit pour justifier ma révocation », explique Francis Lelong. « Un document totalement à charge qui comprend des éléments rigoureusement faux et des points noirs qui se sont améliorés depuis », assure Francis Lelong. L’entrepreneur énumère plusieurs critères en termes de résultats : un chiffre d’affaires en hausse, un coût d’acquisition client amoindri, un taux de transformation amélioré?Pas suffisant pour convaincre les investisseurs financiers. « Les ventes sur Sarenza.com au mois de janvier s’expliquent par l’effet des soldes. C’est tout », argue Marc Fournier de son côté.

La convention, pièce maîtresse du dossier ?

Le représentant du fonds insiste sur un autre volet de cette situation conflictuelle. « Compte tenu du refus de Francis Lelong de convoquer le conseil d’administration, nous avons saisi un juge du tribunal de commerce de Paris le 20 février. Un administrateur a été nommé afin de débloquer la situation », indique le représentant du fonds d’investissement.

Pourquoi ces réticences de la part de Francis Lelong ? Parce qu’il manque une pièce jugée déterminante dans le conflit. Le président fondateur de Sarenza a eu connaissance de l’existence d’une convention écrite qui consiste « à acheter le vote de certains administrateurs contre la somme de 50 000 euros ». Dans l’esprit de Francis Lelong, les investisseurs financiers ont acheté le vote des deux autres cofondateurs siégant au conseil d’administration de Sarenza.com pour boucler sa révocation.

Ce même 20 février, par la voie du même juge du tribunal de commerce de Paris, Francis Lelong a obtenu la communication de cette fameuse convention avant le conseil d’administration fatidique du 7 mars. Certes, le président fondateur de Sarenza.com a été limogé mais il ne veut pas en rester sur ce constat d’échec et sur ce qu’il considère comme une injustice. Il affiche une ferme intention d’assigner en justice les fonds SGAM et Galileo Partners pour dénoncer ces « pratiques inadmissibles ». Mais, en l’état actuel, aucune assignation n’a été notifiée aux parties mises en cause.


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