Rencontres Cnil : Lionel Jospin s’interroge sur la cryptologie

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Le Premier ministre est venu clore la 23e conférence des commissaires à la protection des données personnelles. Se félicitant de l’affirmation du droit à la protection de la vie privée et évoquant un « modèle européen », Lionel Jospin appelle à une « harmonisation globale ». Sur la question du terrorisme, il montre du doigt le cryptage et annonce le renforcement « des moyens des juges dans la lutte contre la cybercriminalité ».

Le grand amphithéâtre de la Sorbonne est debout pour accueillir le Premier ministre. Lionel Jospin est venu prononcer le discours de clôture de la 23e conférence des commissaires à la protection des données personnelles, accompagné notamment de Marylise Lebranchu, la ministre de la Justice. Après avoir remercié les participants, Lionel Jospin insiste sur l’extension de « la collecte et l’échange de données personnelles » qui se globalisent et modifient « les frontières entre espace public et privé. »« Il est essentiel que la prolifération de fichiers contenant des informations d’ordre privé, dont l’utilisation peut être discriminante, soit encadrée par la loi, qu’il s’agisse de l’attribution d’un contrat de travail, d’un logement ou d’un contrat d’assurance », insiste le chef du gouvernement.

Un équilibre entre liberté individuelle et sécurité collective

Soulignant les « progrès importants » de la « protection de la vie privée et [du] respect des libertés individuelles », Lionel Jospin réclame que « ce progrès ne s’accomplisse pas au détriment de la sécurité ». « Il faut être attentif à l’équilibre entre liberté individuelle et sécurité collective », explique-t-il, faisant référence à « la crise internationale ouverte le 11 septembre dernier par les terribles attentats perpétrés à New York et Washington » qui, d’après le chef du gouvernement, « questionnent de façon aiguë » la pertinence des réponses apportées par les Etats. « Le respect de la protection des données personnelles ne doit pas aboutir à désarmer la justice et la police dans la lutte contre la criminalité », affirme Lionel Jospin qui ajoute : « Le droit à la sécurité est aussi un droit fondamental : s’il n’est garanti, c’est l’ensemble des libertés publiques qui est atteint. »Vers une future limitation de l’usage de la cryptographie ?

Rappelant que le gouvernement avait libéré l’usage de la cryptographie en 1999, le Premier ministre estime que « les débats actuels sur l’utilisation du cryptage par les réseaux criminels sur l’Internet conduisent à s’interroger sur l’inadéquation des moyens de déchiffrement face aux dévoiements de la cryptologie à des fins criminelles ». Difficile de savoir comment interpréter cette dernière partie de son discours axée sur la cryptographie, quoi qu’il en soit Lionel Jospin tient à rappeler que « le projet de loi français sur la société de l’information a prévu de renforcer les moyens des juges dans la lutte contre la cybercriminalité ». Faut-il y voir une future limitation de l’utilisation de la cryptographie, ou encore l’obligation de fournir les clés aux autorités ? La loi sur la société de l’information sera débattue au Parlement en 2002.