Réseaux : Microsoft fait ses réserves d’IPv4 sur le marché de seconde main

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En marge de la liquidation du canadien Nortel, Microsoft a acquis près de 666 000 adresses IPv4 pour 7,5 millions de dollars. Le second marché, illégal selon un registre régional (RIR), pourrait se développer.

La (trop) lente adoption d’IPv6 inquiète toujours autant les experts.

Ses effets collatéraux commencent d’ailleurs à se faire ressentir et tendent à démontrer que nombre de grands acteurs ne sont pas prêts pour cette transition.

Microsoft vient ainsi d’acheter 666 624 adresses IPv4, détenues jusqu’ici par l’opérateur canadien Nortel en faillite.

La firme de Redmond lui aurait offert la modique somme de 7,5 millions de dollars pour récupérer ses précieuses adresses.

Le prix d’une adresse IP serait donc de 11,25 dollars l’unité et pourrait continuer de monter dans les mois à venir, dépassant allègrement le prix d’un nom de domaine « .com » qui avoisine 5 à 7 dollars.

Selon le jugement d’un tribunal de l’Etat du Delaware (Etats-Unis) chargé de la liquidation de Nortel, c’est Addrex, un spécialiste de la revente de blocs d’IP et d’AS (Autonomous System) qui aurait géré cette transaction.

« La fin de la ressource IPv4 cache d’importants enjeux économiques » , expliquait dans nos colonnes Era Erikson, experte en sécurité IT chez F-Secure.

Au sein des instances chargées d’attribuer les ressources (blocs d’IP), l’opération de Microsoft fait grincer quelques dents.

Les rumeurs laissent entendre que l’éditeur a souhaité réaliser une telle opération dans un but lucratif (revente des adresses).

Mais d’autres voix s’élèvent arguant qu’il ne s’agit que d’une réserve pour ses besoins futurs.

L’opération est-elle transparente et légale vis à vis des procédures habituelles ?

Les règles du registre régional ARIN (American Registry for Internet Numbers*) semblent claires : les blocs de Nortel doivent être rendus pour être réattribués en passant par les procédures traditionnelles.

L’ARIN pourrait saisir la justice pour casser ce deal qui ouvre la porte au marché de seconde main de l’adressage IPv4.

On sait désormais que ce patrimoine numérique a un prix qui pourrait aiguiser quelques appétits…

* nom du registre nord-américain dépendant de l’IANA (Internet Assigned Numbers Authority), organisation qui gère l’espace d’adressage IP d’Internet rattachée à l’ICANN.