Restructuration d’Intel : la France paye un lourd tribut

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C’est du lourd : Intel enclenche, en France, un PSE qui induit la fermeture de la majorité de ses centres R&D et la suppression de 750 postes.

La restructuration d’Intel passera par une purge sociale en France.

La firme de Santa Clara a décidé de fermer cinq centres R&D dans l’Hexagone… et de supprimer 750 postes sur un effectif global de près d’un millier de collaborateurs.

L’annonce de cette coupe claire est tombée à l’issue de deux comités d’entreprise extraordinaires, organisés mardi 28 juin à Paris et Sophia Antipolis.

Selon les déclarations de la CGE-CGC, seul syndicat représentatif chez Intel, le premier site touché sera celui d’Aix-en-Provence. Dédié au NFC, il avait été racheté à Inside Secure en 2014. Trente-cinq personnes y travaillent.

D’après Silicon.fr, le centre implanté à Sophia Antipolis, racheté à Infineon en 2011, est aussi sur la liste, avec jusqu’à 500 emplois sur la sellette (400 salariés, auxquels s’ajoutent des sous-traitants).

Plus petit donc plus agile ?

L’activité ultra-mobilité située à Toulouse sera également touchée, avec 273 personnes sur le départ, à en croire Les Échos, dont une cinquantaine issue de la R&D de téléphonie mobile de Freescale, repris en 2009. Il faudra y ajouter une quarantaine de postes à Montpellier, ainsi que la fermeture du centre basé à Nantes, le tout d’ici un an.

Du côté d’Intel, on ne confirme pas l’ampleur de ce plan de sauvegarde de l’emploi. Tout au plus un porte-parole affirme-t-il à Reuters que le groupe « [poursuit] ses opérations en France pour accompagner la transformation de la société en une entreprise qui motorise le cloud et les milliards d’objets connectés ».

Les salariés concernés devraient recevoir leurs lettres de licenciement à partir de janvier 2017.

Au final, Intel ne conserverait que son siège social de Meudon-la-Forêt (Hauts-de-Seine) et trois laboratoires, dont deux situés dans l’Essonne ; en l’occurrence, à Saclay pour le calcul haute performance en association avec le CEA et à Bruyères-le-Château sur le big data.

La CFE-CGC dénonce

On ignore quels profils seront impactés et quelle sera la nature exacte des suppressions de postes (licenciements ? départs volontaires ? reclassements ?).

Les représentants du personnel s’entretiendront à ce sujet avec la CFE-CGC, qui se dit sous le choc et appelle le gouvernement à intervenir « pour empêcher ce désastre dans une société qui distribue plusieurs milliards de dollars de dividendes »*.

Mustapha Aqachmar, délégué syndical, résume, dans les colonnes de La Tribune : « En France, nous avons la crème de la crème des ingénieurs. Grâce aux subventions de l’État et [au] Crédit impôt recherche, nos ingénieurs ont le coût salarial le plus faible de tout l’Occident [Europe et États-Unis, ndlr]».

Précisant qu’une phase de négociation sera amorcée le 12 juillet, il assure que la CFE-CGC n’acceptera pas le PSE « s’il n’est pas amendé pour être au niveau des sacrifices, de la valeur intellectuelle et du savoir-faire qui a été transféré à l’étranger ».

À l’échelle mondiale, le projet du CEO d’Intel Brian Krzanich implique la suppression de 12 000 postes, soit 11 % de la masse salariale du groupe. Il s’agit de réaliser des économies de 1,4 milliard de dollars tout en accompagnant le recentrage du business sur des segments jugés porteurs : cloud et datacenter, Internet des objets, 5G et circuits intégrés reprogrammables (FPGA).

Ne devraient, à terme, subsister qu’une quarantaine de centres R&D et une dizaine de hubs comptant chacun plus de 1 000 personnes. Intel compte par ailleurs revendre certains actifs. L’activité cybersécurité, composée après l’acquisition de McAfee (7,68 milliards de dollars en 2010), pourrait en faire partie, à en croire le Financial Times.

* Au 1er trimestre 2016, Intel a un dégagé un bénéfice net de 2 milliards de dollars, en hausse de 3 % sur un an.

Crédit photo : NorGal – Shutterstock.com

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