Résultats Netflix : la Bourse trompée par les cartes à puce ?

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Les marchés ont sanctionné la difficulté de Netflix à recruter de nouveaux abonnés aux États-Unis. Un lien avec la transition vers les cartes à puce ?

Stable ce jeudi en séance sur le Nasdaq, le cours boursier de Netflix s’est effondré dans les premiers échanges d’après-Bourse.

La plate-forme américaine de vidéo à la demande sur abonnement (SVoD) venait de présenter son bilan financier pour le 3e trimestre 2015.

Les marchés ont froidement accueilli les objectifs non atteints en matière de chiffre d’affaires et de résultat net. Mais ils ont surtout sanctionné la hausse bien plus faible que prévu du nombre d’abonnés aux États-Unis : 881 000 recrutés en trois mois, loin des 1,15 million anticipés par Netflix.

Dans sa lettre aux actionnaires (document PDF, 12 pages), l’équipe dirigeante fournit une explication : cet écart se justifie pour partie par la transition vers les cartes à puce. Ces dernières remplacent progressivement les supports équipés de la technologie à bande magnétique (« Swipe Cards »).

Les commerçants avaient jusqu’au 1er octobre 2015 pour mettre à jour leurs systèmes de caisses afin d’accepter les cartes à puce. La même échéance était fixée pour les banques, qui devaient renouveler en conséquence les titres de paiement de leurs clients.

D’après Netflix, cette transition ne s’est pas faite sans heurts. Et de nombreux utilisateurs de son service SVoD n’ont pas mis à jour leurs informations de paiement ; ce qui les exclut « techniquement » de la base clients.

On tempèrera cette hypothèse en soulignant que les numéros de cartes ne changent pas nécessairement avec le passage de la bande magnétique à la puce. Les anciennes cartes restent par ailleurs généralement valides quelque temps, afin que leurs porteurs puissent justement effectuer les mises à jour nécessaires auprès des différents organismes dont ils sont clients.

Cela se passe mieux à l’international : 2,736 millions d’utilisateurs de plus en trois mois, c’est mieux que les 2,4 millions attendus et que les 2,04 millions recrutés à la même période en 2014.

La route est longue

Netflix frôle désormais les 26 millions d’utilisateurs à l’international, dont 23,951 millions abonnés sur une offre payante. Mais l’essentiel du business est encore réalisé aux États-Unis, avec 42,068 millions d’abonnés payants sur 43,181 millions d’utilisateurs.

Un déséquilibre qui se ressent au niveau du chiffre d’affaires : 1,063 milliard de dollars pour Netflix sur son marché national (+ 186 millions d’une année sur l’autre), somme à laquelle il faut ajouter 157 millions de dollars issus du service de location de DVD par voie postale. Celui-ci compte encore 5,06 millions de souscripteurs (contre environ 6 millions il y a un an).

Si l’activité est profitable aux États-Unis, elle ne l’est pas dans le reste du monde. Le chiffre d’affaires augmente de près de 50 %, à 516 millions de dollars. Mais les dépenses marketing progressent aussi : 133 millions de dollars, contre 74 millions outre-Atlantique.

Les investissements en R&D croissent également, à 171 millions de dollars. Et il faut compte une charge de 35 millions de dollars au titre des intérêts sur la dette de Netflix (2,4 milliards de dollars).

Si bien que le résultat diminue de moitié d’une année à l’autre, à 29,432 millions de dollars, soit 7 cents par action (le consensus s’établissait à 8 cents), alors que le CA augmente dans l’absolu de 23 %, à 1,738 milliard de dollars en normes comptables GAAP.

Netflix doit aussi composer avec l’effet durable associé à l’évolution des taux de change (96 millions de dollars de manque à gagner sur le trimestre). Pour autant, l’expansion à l’international se poursuit, avec l’Espagne, l’Italie et le Portugal prévus pour la semaine prochaine.

Une grande offensive en Asie est prévue pour début 2016 avec la Corée du Sud, Hong Kong, Taïwan et Singapour.

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