Richard Stallman refoulé à une centaine de mètres de Matignon

Mobilité

Dominique de Villepin n’a pas souhaité rencontrer le gourou américain du libre, en visite à Paris pour protester contre les DRM.

« Ce qui est arrivé aujourd’hui est très grave. La moindre des choses pour un gouvernement serait d’accepter de rencontrer quelqu’un comme Richard Stallman lorsqu’il vient à Paris. C’est une erreur politique lamentable. » On le voit, Frédéric Couchet, président de la FSF France (pour Free Software Organisation), ne décolère pas. « Cela remet en cause tous les beaux discours de Monsieur de Villepin. [?] Il ne faut pas maintenant qu’il vienne se défausser sur son Ministre de la Culture. Nous lui avons offert une chance, il n’a pas voulu l’accepter. Ce n’est pas une façon de traiter les 160 000 signataires de notre pétition. Nous pensons cependant que les politiciens qui soutiennent la DADVSI le paieront en 2007. Les internautes s’en souviendront ».

Tandis que la branche française de la FSF avait demandé au Premier ministre de bien vouloir rencontrer Richard Stallman ce vendredi à 15h30, Frédéric Couchet et les autres membres de l’association qui milite en faveur des logiciels libres ont été éconduits par les services d’ordre de Matignon. « Nous sommes désolés, nous ne pouvons pas vous recevoir. C’est une décision mûrement réfléchie », aurait indiqué un membre des services de sécurité.

Protestation à distance

C’est donc à une centaine de mètres de Matignon que le charismatique Richard Stallman, considéré comme l’un des pères fondateurs des logiciels libres, à l’origine de la licence publique générale GNU, a déroulé une banderole avec ses troupes. Les noms de près de 160 000 signataires d’une pétition demandant le retrait du projet de loi sur le droit d’auteur et les droits voisins figuraient sur cette affiche, parmi lesquels des patronymes d’artistes, des associations de défense des consommateurs, mais aussi des acteurs de l’industrie, dont Sun Microsystems.

La différence de traitement avec Microsoft et Universal est saisissante. « Eux, ils ont réussi à exprimer leurs points de vue », affirme Frédéric Couchet un brin amer. « Les signataires se retrouvent aujourd’hui dans le caniveau », regrette-t-il, avant d’ajouter qu’il s’agit de l’une des plus importantes pétitions électroniques jamais signées en France.

Mais les militants n’en démordent pas. Le collectif StopDRM! a notamment prévu d’organiser une autre action coup de poing dans la capitale dans la soirée. Objectif de ce « flash mob »: protester contre les différentes mesures imposant un verrouillage des contenus numériques via des mesures de protection technique (DRM pour digital rights management).