Salon des Entrepreneurs : « Start-up, ne pensez pas à la valorisation, faut bosser »

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Plénière spéciale Net-économie : Niel (Free) se sent bien sur un « marché franco-français », Simoncini (Meetic) veut créer « une boîte de nuit sur smartphone », Granjeon (Vente-Privée) trouve que Groupon est « super fort »…

Avec quatre amis, Pierre Kosciusko-Morizet a créé Priceminister juste après l’éclatement de la bulle Internet (2001). Pas évident de convaincre des investisseurs à l’époque.

« Nous avons rencontré 200 personnes physiques pour lever des fonds. On en a convaincu une soixantaine qui n’avaient pas investi dans le Web. Les autres ne voulaient plus se brûler les ailes. »

Malgré « trois ou quatre années difficiles », on connaît la success story Priceminister qui vient de fêter ses dix ans et qui a été vendu à la mi-2010 au roi du commerce électronique au Japon : Rakuten.

« On s’engage à rester 5 ans. Il nous laisse carte blanche en Europe. »

Parallèlement, il trouve l’idée de soutenir d’autres start-up « très excitante » (activité qu’il délègue au fonds ISAI dont il est co-fondateur).

Granjon : Les jeunes entrepreneurs obnubilés par la valorisation

Jacques-Antoine Granjon le martèle mais on n’a toujours du mal à y croire. « Je ne suis pas un entrepreneur du Web (…) Ce n’est qu’une mutation de mon entreprise qui date de 1985. C’est un virage techno pris en 2004 ».

Tout en poursuivant : « J’ai utilisé cet outil [Internet, ndlr] parce que, dans mon métier [le déstockage], j’étais bloqué. Il n’y avait pas de débouchés pour mes produits. En 2005, il n’y avait que Jeff Bezos [P-DG et fondateur d’Amazon] qui rachetait des entrepôts… »

Ne vous fiez pas au look « bobo cool » de Jacques-Antoine Granjon. « A un moment donné, c’est le travail qui compte…Les jeunes entrepreneurs sont obnubilés par la valorisation…Il faut mettre des produits dans la boutique. »

Après avoir validé le modèle Vente-Privée.com en France (presque un milliard d’euros de CA, 1500 collaborateurs, 150 millions de trésorerie et zéro dette), « JAG » est conscient qu’il faut ouvrir le marché à l’Europe.

« Leader sur mon marché en France, j’y réalise 82% de mon CA. Je suis pour la croissance organique. En Allemagne, je réalise 70 millions d’euros ».

L’Europe avec ses usages et ses langues différentes est plus difficile à conquérir que les Etats-Unis, un marché unifié de 350 millions de consommateurs.

« Il faut d’abord se créer un marché européen. Après, le monde est ouvert. Les Américains le comprennent très bien. »

Précisant au passage que la start-up américaine Groupon (« le site prometteur des bonnes affaires ») constitue « une idée magnifique » avec une perspective d’un milliard de dollars en deux ans. « Ils sont super forts. »

Dans ce monde brut de l’Internet, une touche féminine pourrait calmer les ardeurs. En fait, elle contribue à les alimenter.

Anne-Laure Vincent intervient en tant que directrice générale d’AuFéminin.com et co-fondatrice de Marmiton.org.

« Les gens croient que l’on construit une entreprise pour se faire de l’argent », constate-t-elle. « Ce n’est pas une réalité. C’est l’envie de développer le projet ».

Alors, tant pis pour les codes de business convenus. Et place à la guerre du code (la conquête numérique). « La concurrence est internationale et n’importe quel petit peut detrôner un gros. »

Et ça, c’est aussi troublant que stimulant.


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