Semi-conducteurs : Intel vise Altera, sa plus grosse prise ?

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Intel voudrait acquérir le fabricant de puces Altera, ce qui constituerait sa plus grosse acquisition (10 milliards de dollars). Pourquoi cet investissement est stratégique ?

(Correction 30/03/15 à 10h31) Un énorme deal se préparerait dans les semi-conducteurs. Intel serait en pourparlers pour acquérir Altera.

Ce serait la plus grosse acquisition jamais réalisée par la firme de Santa Clara : 10 milliards de dollars, selon le Wall Street Journal dans un article paru vendredi.

Ce serait plus fort que l’acquisition de McAfee (sécurité IT) en 2011 pour un montant de 7,7 milliards de dollars.

Altera figure parmi les tous premiers fabricants mondiaux de puces programmables baptisées FPGA (field-programmable gate arrays). Le client peut les programmer pour implémenter les fonctions qu’il désire et les faire évoluer ensuite à moindres frais. De telles puces se destinent aux data centers, aux réseaux de communication mais aussi aux voitures.

Ces rumeurs autour d’un rapprochement Intel – Altera font suite aux rumeurs à celles relatives à une acquisition de Xilinx (un autre grand concepteur de FPGA, tout comme Atmel) par IBM ou Qualcomm.

Approfondissement des liens

En février 2013, Intel et Altera avaient déjà noué un partenariat stratégique. La firme de Santa Clara donnait un accès privilégié aux fabs avancées d’Intel pour la production de FPGA à très haute performance par Altera.

Bénéficiant des process aussi avancés que le CMOS 14 nm (avec transistors « 3D  » FinFET), ces puces offrent une plus grande efficacité énergétique et des performances rehaussées. Ce deal permettait à Altera de se différencier dans le high end, voire d’écarter la concurrence de certains domaines à haute valeur ajoutée.

Les systèmes à ultra hautes performances visées étaient ainsi des secteurs clefs tels que le militaire, les communications, les réseaux dans le cloud ou encore les applications de stockage et de calcul. Pour Intel, l’accord permettait de remplir ses fabs, dont celle de Leixlip en Irlande.

L’acquisition d’Altera permettrait à Intel d’assurer un certain niveau d’activité dans l’enceinte de ses fabs dans le futur, même si une partie de la production de FPGA devrait continuer (au moins initialement) à être gravée dans les fabs du fondeur pure player taïwanais TSMC.

Intel est bien en quête de nouveaux relais de croissance. Au niveau mondial, les ventes de PC devraient baisser de 6,9% en 2015, selon IDC. La firme, dirigée par Brian Krzanich, n’a par ailleurs toujours pas réussi à percer dans le domaine de la téléphonie mobile.

La division mobile du groupe (Mobile and Communications Group) accuse ainsi des pertes (4,21 milliards de dollars en 2014), même si la firme de Santa Clara a équipé 44 millions de tablettes avec ses processeurs en 2014 et qu’elle compte beaucoup sur son architecture SoFIA.

Intel se positionnerait également au niveau des stations de base utilisées dans les réseaux de téléphonie mobile. Altera produit en effet des FPGA destinés à intégrer de telles bornes.

Des implications dans l’Internet des objets et dans les data centers

Intel mise bien sur l’Internet des Objets comme nouveau relais de croissance, avec notamment sa nouvelle gamme de puces Quark. Mais, il faudra attendre que le marché gagne en ampleur.

En 2014, la division Internet of Things a réalisé un chiffre d’affaires de 2,1 milliards de dollars, une goutte d’eau (moins de 4% du chiffre d’affaires global en 2014) pour l’heure, même si ce chiffre est en hausse de 19% en un an.

Pour l’heure, c’est bien la division Data Center qui a le vent en poupe avec un chiffre d’affaires de 14,4 milliards de dollars en 2014 (soit 18% de plus qu’en 2013). Or, Altera produit notamment des FPGA dédiés aux data centers qui peuvent fonctionner de concert avec les processeurs Xeon d’Intel.

Il s’agirait également d’anticiper un possible rachat de Xilinx par IBM. Big Blue pourrait en effet chercher à rapprocher ses processeurs Power (Performance Optimization With Enhanced RISC) destinés aux data centers des FPGA de Xilinx.

La menace Power pèse depuis que IBM a décidé en août 2013 de licencier les futures itérations de son architecture Power à d’autres sociétés.

Dans ce cadre, Big Blue a formé le consortium OpenPower, auquel Xilinx appartient justement. En avril 2014, Xilinx avait d’ailleurs présenté à la conférence IBM Impact 2014 une solution pour data center d’accélération des calculs intégrant un processeur Power d’IBM.

(Crédit photo : Dragan Jovanovic – Shutterstock.com)

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