SiliconFilm propose une pellicule numérique

Mobilité

Un capteur numérique en lieu et place de la pellicule dans un boîtier argentique 24 x 36 mm. C’est ce que propose SiliconFilm avec l’eFilm, un module CMOS de 1,3 mégapixel, permettant ainsi au monde argentique d’accéder au support numérique. Réservé aux marques Canon et Nikon pour le moment.

Remplacer la pellicule argentique des boîtiers reflex 24 x 36 mm par un « film » numérique. C’est ce que propose SiliconFilm (ex Imagek) avec eFilm, un produit qui a nécessité près de trois ans de développement. Une solution qui pourrait satisfaire les photographes « argentiques » exigeants et tentés par l’aventure du numérique sans avoir à y investir des sommes « faramineuses » (rappelons que le moins cher des numériques « reflex », le Canon EOS D30, un tri-megapixels, coûte environ 20 000 francs). Plus qu’un film numérique, il s’agit d’un module doté d’un capteur CMOS à 1,3 mégapixel environ qui permet de capturer des images de 1280 x 1024 pixels, codées sur 36 bits (12 bits par couleur) au format Tiff, Jpeg et même BMP. Une connexion USB via l’ePort, un module de transfert, permettra de télécharger vers l’ordinateur les 24 images d’environ 2 Mo que peut stocker l’eFilm (soit l’équivalent d’une mémoire flash de 48 Mo). Si l’on s’en tient aux clichés présentés sur le site du constructeur, l’eFilm offre une bonne qualité d’image, respectueuse des couleurs et contrastes, malgré sa définition d’entrée de gamme.

L’eFilm permet donc de conserver les qualités d’un 24 x 36 argentique, particulièrement l’optique et les habitudes de manipulation, tout en apportant l’avantage du numérique (réutilisation à l’infini du même support, obtention immédiate de l’image, etc.) et permet ainsi au photographe de passer d’un mode à l’autre en fonction de ses besoins sans avoir à multiplier les boîtiers ni changer ses habitudes. En revanche, l’eFilm ne permet pas de visionner l’image capturée puisque les boîtiers argentiques ne sont pas dotés de moniteurs LCD (ce qui permettra cependant d’économiser la charge des batteries). De quoi donner des idées aux fabricants. Pour le moment, l’eFilm est réservé aux boîtiers plutôt « pro » de Canon (EOS 1, EOS 5, EOS A2/E) et Nikon (F5, N90, F90). Si la demande se fait sentir, il devrait s’étendre à d’autres modèles et marques.

Une qualité suffisante pour les professionnels ?

Mais la demande pourrait rester discrète. Car l’eFilm, et son module de transfert USB l’ePort, sont commercialisés 5 000 francs environ (649 dollars) et 5 300 francs (699 dollars) avec l’eBox, un module de stockage qui permet de se passer, temporairement, d’un ordinateur. C’est aussi cher que nombre de boîtiers compacts bi-mégapixels comme l’Olympus C-990 Zoom (4 200 francs environ), le Kodak DC 5000 Zoom (5 300 francs) ou encore le Fuji FinePix 4700 Zoom (qui offre 4,3 millions de pixels « interpolés » pour 4 800 francs). Il est par ailleurs à craindre que les photographes « argentiques » soient assez exigeants en terme de définition d’image et qu’un capteur 2 voire 3 mégapixels soient un minimum pour attirer leur attention (d’autant qu’on ne connaît pas encore certains paramètres comme la vitesse de transfert des données entre deux prises, la consommation électrique, etc.). Il n’en reste pas moins qu’un tel système leur permettrait, par exemple, de remplacer les « polaroïd » d’essai. De plus, l’invention de SiliconFilm ouvre une brèche dans la frontière qui sépare le numérique de l’argentique. Pour plate-forme Windows et, prochainement, MacOS, et livré avec Adobe Photoshop Element, l’efilm doit être commercialisé en juin aux États-Unis, et dans le courant de l’été en Europe.

Pour en savoir plus :

Le site de SiliconFilm (en anglais)