Streaming interactif : l’atout de QuickTime 6 ?

Mobilité

Avec Corona et Real Video 9 sur les rangs, l’annonce de QuickTime 6 commence à prendre de l’âge. Le nouveau lecteur d’Apple est prêt au lancement, bien que celui-ci soit lié aux accords de licence et de royalties à verser aux détenteurs de brevets sur les technologies du format MPEG-4. Mais si le taux de compression est un élément de poids dans l’équation de la diffusion de contenus vidéo, l’interactivité s’avère aussi vitale.

Et pan sur les doigts d’Apple : le lecteur QuickTime de la firme de Cupertino a beau être à l’origine de MPEG-4, sa version 6 a beau avoir déjà été présentée (voir édition du 13 février 2002), la concurrence ne se prive pas d’essayer de lui tailler des croupières ! Le lancement de RealVideo 9 (voir édition du 24 avril 2002) en est le premier élément, et le projet Corona de Microsoft (voir édition du jour), bien qu’encore un peu fumeux, devrait en être le second. Il commence à attirer les grands noms à lui, comme Adobe qui s’est engagé à soutenir Windows Media dans ses outils de création. Pour le moment, la bataille des formats s’est centrée autour de leur compacité, de leur facilité de mise en oeuvre et de leur qualité. Tant RealVideo 9 que Corona communiquent d’abord sur ces fonctionnalités : ainsi du dernier format de Real Networks, qui assure qu’il est 30 % plus compact que la version précédente. De quoi visualiser une vidéo de qualité VHS à 160 kbits/s ! Le projet Corona de Microsoft, s’il arrive à son terme et atteint son but, devrait fournir un modèle similaire à celui de la télévision : disponible immédiatement pour les utilisateurs de l’Internet haut débit, c’est-à-dire sans mise en mémoire tampon. De quoi relancer la consommation de PC par la même occasion. On comprend bien les enjeux : dans un monde où l’Internet à haut débit reste une option, les fournisseurs de contenus se tournent vers des solutions qui permettront à leurs clients de ne pas grever leurs connexions bas débit et surtout de suivre les contenus de bout en bout.

C’est là que, tant Real que Microsoft, se trompent, selon Frank Casanova, le responsable de QuickTime chez Apple. Sans doute accordent-ils trop d’importance au suivi de la linéarité des contenus, comme s’il s’agissait de la télévision, et pas assez à sa contrepartie, l’interactivité. « Windows Media player et Real Player son de bon produits, mais il leur manque le jeu d’interface de programmation qui est inclus dans QuickTime », a-t-il indiqué à nos confrères de NewsFactor. S’il y a quelque chose que les internautes ont appris, c’est à profiter à plein des fonctions dynamiques que les pages Web leur procurent. Pour cette raison, l’interactivité des contenus vidéo semble devoir peser de tout son poids à l’avenir. Pourquoi ? Parce qu’il sera toujours intéressant pour un diffuseur de contenus de proposer des informations sur ce que les visiteurs voient sur son site. Un site diffusant des vidéos de sport voudra sans aucun doute afficher les performances d’un joueur quand l’internaute fera glisser son curseur sur lui. Sans parler de la tenue qu’il porte, de sa paire de basket ou même de sa montre ! Un site de mode ne manquera pas de mettre en encart les couleurs d’une robe présentée lors d’un défilé, son prix, les tailles disponibles, quand il ne faudra pas permettre au visiteur de disposer d’une vision 3D de l’objet… Et là, peu de fournisseurs de lecteurs proposent des solutions. Le rapprochement de Microsoft avec Adobe s’explique en partie pour cela : la firme a compris que mettre un produit à disposition ne suffit pas, il faut l’enrichir d’apports extérieurs. C’est là où QuickTime se dégage du lot : le logiciel d’Apple permet de disposer de flux vidéo bien sûr, compressé comme tous les autres, de haute qualité également, et ne nécessitant pas de redevance. Mais il fournit également l’interactivité qui devrait modifier la lecture des films de prochaine génération sur le Web.

Une interface en vidéo

Il devient possible, par exemple, de proposer la visite d’une ville en cliquant sur l’image lors de l’arrivée aux croisements de rues, pour passer de l’une à l’autre. Possible encore de disposer d’une vision en 3 dimensions d’une scène ou d’un objet. Possible de relier un objet ou un personnage d’une image à un site Internet. Les potentiels ne manquent pas, grâce à des ajouts logiciels développés par des sociétés extérieures à Apple, qui s’appuient sur la structure des API (les interface de programmation) de QuickTime. La société eLine Technologies en fait partie, qui a développé VidéoClix, un logiciel transformant une séquence vidéo en interface ! « Les éléments de media comme la 3D ou QTVR permettent de disposer d’un contenu bien plus riche », souligne ainsi Babak Maghfourian, le responsable des opérations de la société. QuickTime devrait de plus se retrouver au centre de plusieurs industries, en fournissant aussi les opérateurs de réseaux téléphoniques pour des applications sur les nouvelles générations de téléphones cellulaires. Apple s’est déjà engagée avec Ericsson sur le sujet. Un avenir prometteur, mais qui nécessite la sortie de QuickTime 6 pour rebondir. Peut-être l’accord sur les redevances MPEG-4 aura-t-il été signé pour la WWDC ? Sait-on jamais…