Table ronde sur la place d’Apple dans son secteur

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La firme à la Pomme compte-t-elle ? C’est la question qui anime une table ronde organisée par le site SiliconValley.com. Il y a un peu d’impertinence dans cette question à laquelle un certain nombre de ténors du secteur sont appelés à répondre. Pour l’instant, le débat, qui doit durer toute la semaine, a été lancé et les avis commencent à arriver.

Jean-Louis Gassée, Shawn King, Jef Raskin ou Dan Gillmor interviennent déjà à la table ronde en ligne organisée par SiliconValley.com et qui porte sur la place d’Apple dans le secteur. Avec un fil directeur : Apple peut-elle toujours créer de la technologie qui change le monde non Mac ? Le thème lancé à six heures du matin lundi verra le passage, tout au long de la semaine, d’autres intervenants prestigieux comme le précédent PDG d’Apple, Gil Amelio, ou le responsable du projet de portage de Mac OS sur plate-forme Intel dans les années 90, Mark Gonzales. La question ne manque pas d’intérêt à un moment où l’économie des manufactures d’octets chancelle et où l’on fête les 20 ans du PC en omettant trop souvent l’apport de la firme à la Pomme.

Les réponses des premiers intervenants sont bien sûr en phase avec la réalité : évidemment, la part de marché d’Apple (moins de 5 %) ne compte pas, mais évidemment encore, son apport en termes de vision à longue échéance du marché, ses introductions de technologies et son style en font un acteur majeur. « Le laboratoire avancé de recherche de Redmond », ainsi que l’a souligné Jean-Louis Gassée, le Français de la Silicon Valley actuel PDG de Be Inc. La remarque perfide d’un défaut d’innovation de la part de la locomotive du clan PC a été relayée par Shawn King, l’animateur du Mac Show, le programme de radio sur Internet spécialisé sur le marché du Mac. Si Apple ne continue pas à créer de la technologie innovante, a-t-il fait remarquer, « qui le fera ? D’où viendra l’innovation ? De Dell, de Gateway, de Hewlett-Packard ? Nous ferions mieux d’espérer qu’Apple continuera à le faire, sinon, les débats sur le futur de Compaq seront mornes et ennuyants. »

Jef Raskin (voir édition du 12 février 2001), le chef de file et responsable du projet Macintosh de 1979 à 1982, n’a pas perdu de sa verve : « Il faudrait être aveugle pour ne pas voir l’ennui grandissant des gens face aux technologies informatiques. » Raskin est un spécialiste de l’interface homme-machine et regrette qu’aucune avancée notable n’ait été réalisée depuis l’introduction de son chef-d’oeuvre, le Mac. Bien sûr, Apple compte pour lui qui préfère travailler avec un Mac bien qu’il doive également le faire avec un PC. Mais il assure également que la Pomme serait bien inspirée de remuer à nouveau le marché en faisant ce que les Japonais ont fait dans les années 70 sur le marché automobile américain : vendre des produits plus légers, plus petits et moins chers.

L’avenir d’Apple est-il dans les logiciels ?

Une autre question semble ronger les intervenants : quelles innovations pour Apple dans l’avenir ? La firme a amené le reste de l’industrie sur la piste de l’USB, du FireWire et des liaisons sans fil, mais son apport peut-il rester purement matériel ? C’est là que les avis divergent : si Apple est bien considérée comme un fabricant de machines, on lui préfère actuellement son rôle d’éditeur de logiciels. Et de penser tout haut à une Pomme qui se concentrerait sur les applications et lâcherait son activité matérielle. Une idée déjà avancée par Avie Tevanian , le responsable logiciels de la firme. Une voie d’avenir pour l’agitateur de l’ère numérique ? La réponse ne viendra pas d’Apple, qui n’a pas souhaité participer au débat.