Tablet PC, la reconnaissance d’écriture au prix fort

Mobilité

Qu’on avertisse les spécialistes des prises de notes, car voici que débarquent les Tablet PC, les ordinateurs portables revisités par Microsoft. Ecran tactile et stylet doivent en faire les compagnons indispensables des marathoniens de la « réunionite ». Quant à séduire les utilisateurs heureux d’un classique ordinateur portable, c’est une autre histoire.

Le 7 novembre prochain marquera donc les vrais débuts des Tablet PC, ces ordinateurs portables munis d’un écran tactile. Présenté il y a deux ans par Bill Gates lui-même au Comdex (voir édition du 13 novembre 2000), le concept devait, naturellement, révolutionner notre vision des ordinateurs portables. Et même au-delà, puisque Microsoft considérait, il y a encore un an (voir édition du 13 novembre 2001), que les Tablet PC étaient amenés à remplacer tous nos ordinateurs. Bill Gates déclarait à l’époque : « C’est un PC quasiment sans limites et je prédis que dans cinq ans, il s’agira du modèle de PC le plus vendu aux Etats-Unis ». Pas moins. Gageons que dans l’enthousiasme, l’architecte logiciel en chef de Microsoft se soit laissé quelque peu emporter. Car aujourd’hui, à la veille du lancement mondial de la nouvelle plate-forme, il semble que le soufflé soit un peu retombé.

Sans clavier ? Voire…

Tout d’abord, le principe de l’absence de clavier a fait long feu, l’appendice à touches faisant dorénavant partie des prérequis imposés aux constructeurs par Microsoft pour bénéficier de l’appellation Tablet PC. De plus, à l’usage, le stylet n’apparaît pas si pratique que ça. Soyons honnête, les quelques minutes pendant lesquelles j’ai pu tâter l’objet ne suffisent pas pour avoir une vision globale. Mais elles permettent toutefois de remarquer quelques détails irritants. Comme, par exemple, le caractère presque poussif du Pentium III à 866 MHz qu’embarque le V1100. Une faiblesse surtout visible lorsque l’on utilise la reconnaissance d’écriture manuscrite, pourtant application phare du Tablet PC. Ainsi, lorsqu’on veut prendre directement des notes manuscrites dans Word, il faut d’abord ouvrir une fenêtre dédiée à l’écriture manuscrite (tiens, pourquoi ne puis-je pas directement écrire sur la feuille blanche du traitement de texte ?), un peu comme la zone dédiée à Graffiti du Palm. On écrit trois mots… et on attend une demi seconde que le texte s’affiche, en caractères d’imprimerie dans le document Word. Avec un taux de reconnaissance, selon les dires de Microsoft, d’environ 70 %. Et quand on demande pourquoi cela semble si long, la réponse de ViewSonic a de quoi laisser perplexe : « Ce n’est pas fait pour ça. En fait, la vraie nouveauté utile réside dans l’application Windows Journal, vraiment dédiée à la prise de notes. » Un concurrent du bloc-notes papier ?

Vrai que Windows Journal fait toucher du doigt ce que pourrait être un bureau sans papier. Il y a même un côté magique à la chose. Imaginez : muni de votre tablette et du stylet, vous prenez des notes pendant une réunion. Et, malgré vos pattes de mouche (enfin, jusqu’à un certain point…), vous pouvez rechercher un mot directement à l’intérieur de ce texte stocké en encre électronique. De quoi remiser au grenier votre bloc de papier qui vient soudainement de prendre un sacré coup de vieux… Oui, mais à quel prix ! Le V1100 de ViewSonic sera par exemple lancé à 2 700 euros HT.

Un prix qui paraît d’autant plus élevé que, pour les premiers modèles en tout cas, les Tablet PC ne pourront pas remplacer les portables que nous connaissons aujourd’hui. A se demander même s’il n’est pas paradoxal de présenter comme une avancée technologique sans précédent des matériels qui, à bien des égards, nous ramènent quelques années en arrière. Jugez plutôt : des écrans de 10 à 11 pouces, un processeur Pentium III à moins de 1 GHz, un disque dur d’une vingtaine de Go, pas de lecteur de CD-Rom embarqué… Pour le même prix, qu’est-ce que vous choisiriez ?