Télé2 sera un opérateur mobile virtuel sur le réseau d’Orange

Mobilité

Après cinq ans de négociations et de pressions diverses, Télé2 a signé un accord MVNO avec la branche mobile de France Télécom.

Télé2 vient ? enfin ? de signer un accord MVNO (opérateur de réseau mobile virtuel) avec Orange. C’est donc la fin du parcours du combattant pour Télé2 qui travaillait au développement de services mobiles depuis son implantation en France en 1998. Et un nouveau marché en perspective pour l’opérateur alternatif de téléphonie fixe et Internet.

Selon France Télécom, l’accord du jour reprend les principes de celui passé en juin 2004 avec OMER Telecom pour Breizh Mobile. A savoir un contrat de 9 ans incessibles avec une période d’exclusivité les 3 premières années et qui prévoit la revente à Télé2 en marque blanche des activités réseau mobile d’Orange (attribution de numéros, acheminement des communications et services de type SMS, fourniture des cartes Sim et cartes de recharge, etc.). De son côté, Télé2 conserve la maîtrise des offres et la gestion clientèle (services commerciaux et techniques, campagnes marketing, etc.). Télé2 bénéficiera de tarifs de gros et de remises en volume en fonction des usages et du parc de terminaux. Il aura notamment l’entière liberté de faire valoir, ou non, le réseau sur lequel il développera ses services.

Si l’on en croit l’opérateur historique, Télé2 a donc signé aujourd’hui un accord dont il rejetait hier les conditions. L’opérateur alternatif avait déjà saisi l’Autorité de régulation des télécommunications (ART) en 2002 en espérant obtenir d’Orange un modèle de « MVNO étendu ». En vain. L’ART avait rejeté la demande en estimant qu’elle « n’entre pas […] dans le cadre des dispositions ouvrant droit à l’interconnexion ou à l’accès ». La récente demande de règlement auprès du régulateur (voir édition du 24 février 2005) aurait probablement abouti au même résultat. De son côté, Télé2 ne pouvait se permettre de rester trop longtemps absent du marché mobile qui comptera une quinzaine d’acteurs en France à la fin de l’année. Il devenait urgent de trouver un accord même s’il n’est pas, pour Télé2, entièrement satisfaisant.

A la conquête des non équipés

« Je ne connais pas l’accord de Breizh Mobile mais je peux vous dire que nous sommes parvenus à un accord qui va nous permettre de démarrer nos activités mobiles », affirme de son côté Olivier Anstett, directeur marketing chez Télé2 France. Activités qui se traduiront par une conquête du grand public « avec une offre identifiable », précise le responsable (voir édition du 24 février 2005). « Nous proposerons au marché mobile ce que nous avons proposé au fixe. ». Télé2 espère séduire les clients mécontents des opérateurs nationaux ainsi que les non équipés. « Le taux d’équipement dépasse les 70 % en France alors que certains pays européens atteignent les 100 %, notamment parce que nombre d’utilisateurs disposent de deux téléphones », analyse Olivier Anstett, « ça nous laisse donc une marge de développement. »

Aucune date, ni formule d’offre, n’ont été avancées. « On y travaille à partir d’aujourd’hui », justifie le directeur marketing qui précise qu’une offre verra le jour avant la fin de l’année. L’opérateur limitera ses services au réseau 2G (GSM et, éventuellement, Edge). « La 3G n’est pas encore dans nos priorités car la technologie n’est pas encore à la portée de tous », explique le responsable. D’autant que l’accord avec Orange exclue, pour l’heure, le réseau de téléphonie mobile de troisième génération. Dans un premier temps, Télé2 devrait se concentrer sur la conquête de nouveaux clients. Dans un second temps, l’opérateur réfléchira à des formules associées à ses services de téléphonie fixe et Internet. Avec le démarrage du service de revente de l’abonnement France Télécom prévu pour mars 2006, Télé2 pourra se positionner comme un interlocuteur télécoms unique auprès de ses abonnés. Avec 3,8 millions de clients actifs en France, Télé2 dispose d’un potentiel commercial non négligeable.

Accord MVNO : Orange et Télé2 retirent leurs plaintes
Avec la signature de l’accord, France Télécom et Télé2 ont, en toute logique, retiré (ou devraient le faire rapidement) les plaintes qu’ils avaient déposées mutuellement au cours des négociations. Notamment le recours de Télé2 auprès de l’ART (voir édition du 15 mars 2005) et l’assignation en justice pour dénigrement qu’Orange avait déposé contre Jean-Louis Constanza, dirigeant de Télé2 France. Ce dernier avait mis en cause les bénéfices exorbitants que tireraient les opérateurs des services SMS. « La plainte a été retirée mais sur le fonds, nous maintenons nos propos », confirme-t-on du côté de France Télécom. Même en gagnant, la peine aurait été symbolique. L’opérateur réclamait 1 euro de dommages et intérêts et la publication de la décision.