Telecom Italia veut monter sur le podium du haut débit en France

Mobilité

L’acquéreur de Tiscali France s’engage à maintenir tous les pôles et les équipes. Les offres Tiscali et Alice seront « intégrées ».

La transition et l’intégration se feront en douceur. C’est le principal message que souhaite faire passer Riccardo Ruggiero, Administrateur délégué de Telecom Italia, à la suite de l’acquisition de LibertySurf/Tiscali France (voir édition du 5 avril 2005). Lors d’une conférence de presse jeudi après-midi, le principal responsable en charge du développement des activités de l’opérateur télécoms transalpin en France a tenu à se montrer rassurants concernant le rapprochement : intégration progressive des opérations Liberty Surf et Telecom Italia France, stabilité du management et poursuite du développement géographique des offres de services télécoms sur fonde de dégroupage (total dans le meilleur des cas).

« Avec le rachat de Tiscali France, nous avons fait un pas en avant important (?) Nous avons gagné deux ou trois ans sur la réalisalisation de nos objectifs de business », a déclaré Riccardo Ruggiero en guise d’introduction. Implanté en France depuis octobre 2003, l’opérateur télécoms recense 205 000 clients séduits par l’offre de service de téléphonie fixe Alice. En revanche, la performance est moindre pour le pendant accès ADSL : seulement 40 000 clients l’ont adopté (dont 25 000 ayant migré sur une ligne exploitée en dégroupage total).

Avec la prise de contrôle de Tiscali France qui affiche 792 000 clients bas débit et 344 000 abonnés haut débit, Telecom Italia France affiche une base de données d’un million de clients en cumulant les forces. A fin 2005, Telecom Italia estime qu’il pourra se positionner comme « le quatrième opérateur haut débit en France avec une part de marché de 7% ». Il ne cache pas ses ambitions de faire partie du trio de tête sur le marché télécoms français d’ici 2007.

Objectif : développer le dégroupage total

D’un point de vue réseaux, Telecom Italia étend son infrastructure en prenant possession d’une boucle locale dégroupée dans les dix premières villes de France, d’un réseau backbone national avec 25 points d’accès et d’un réseau télécoms en région Ile-de-France qui fait partie des actifs de Tiscali France. L’opérateur disposait d’un backbone en fibre optique de 4000 kilomètres et de 211 centraux de dégroupage équipés dans 8 villes. Au total, 100 villes de France pourront bénéficier des services de dégroupage.

Telecom Italia France prévoit d’investir 350 millions d’euros dans les infrastructures de réseau et les systèmes d’information entre 2005 et 2007. Depuis le lancement d’Alice en France, l’opérateur a investi 130 millions d’euros. A noter qu’en début d’année, l’opérateur télécom transalpin avait déjà acquis le réseau télécoms paneuropéen de Tiscali pour un montant de dix millions d’euros.

« Integration » progressive des offres

Pour le développement commercial, là aussi, place à la modération. Les offres d’accès de Tiscali France et Alice vont cohabiter dans un premier temps avant de passer à une phase « d’intégration ». »Nous n’avons pas fait de choix définitifs entre les marques Alice et Tiscali », assure Riccardo Ruggiero. Mais il semble évident qu’à moyen terme, la marque Tiscali devrait disparaître au profit d’Alice afin de rationaliser le marketing et la communication au niveau groupe (Telecom Italia est présent dans quatre pays : Italie, France, Allemagne et Pays-Bas). Telecom Italia France va poursuivre ses efforts autour d’offres couplants l’accès Internet haut débit et téléphone. La télévision sur IP est attendue début 2006 en France.

Une enveloppe de 150 millions d’euros pour la période 2006-2007 est prévue pour les frais de marketing et de publicité. Interrogé sur les abus de prospection clientèle liée à sa stratégie de démarchage à domicile (voir édition du 9 août 2005), Riccardo Ruggiero reconnaît qu’il y a eu des « problèmes au départ avec cette technique de vente ». « Cela a été plus compliqué en France que dans les autres pays européens », précise le manager. Telecom Italia France souhaite poursuivre la prospection à domicile mais la montée en charge des campagnes publicitaires devraient servir de tremplin pour recruter des clients.

« Aucun plan social dans la tête »

Dans la nouvelle configuration de Télécom Italia France, l’éventail des pôles de Tiscali France serait conservé dans un premier temps : accès Internet (72% du chiffre d’affaires 2004 de LibertySurf), cartes prépayées avec Intercall (11% du CA) et le B2B (5% du CA). « Nous n’avons aucun plan social en tête (…) Nous avons besoin de tout le monde pour parvenir à notre objectif », a déclaré Riccardo Ruggiero qui est désormais à la tête d’un groupe avec un effectif officiel de 806 personnes (620 côté LibertySurf et 186 côté Telecom Italia France).

Quant au management, le mot d’ordre officiel est « stabilité ». Tous les principaux dirigeants de Télécom Italia France et de Tiscali France devraient rester à leurs postes. Néanmoins, Riccardo Ruggiero a concédé que des changements dans l’équipe de management de la branche française de Telecom Italia pourraient survenir, avec le départ de quelques cadres italiens dont la mission d’implanter les activités de l’opérateur en France se termine. Visiblement, beaucoup d’efforts de communication sont fournis pour éviter toute friction avant la consolidation juridique de la nouvelle entité. Celle-ci devrait être entérinée fin mai ou début juin.

Le groupe Tiscali présente son business plan 2005-2007
Bye bye la France. Le groupe Tiscali recentre ses activités sur quatre pays européens : Italie, Royaume-Uni, Pays-Bas et Allemagne. Dans son plan industriel 2005-2007, il prévoit une croissance moyenne du chiffre d’affaires cumulée annuelle de 30% sur cette période et un investissement de 300 millions d’euros essentiellement tourné vers le dégroupage. Tiscali devrait afficher un CA de 1,4 milliards d’euros et une base de données de 3,8 millions de clients ADSL à l’échéance 2007. Les premiers bénéfices net devraient apparaître dès cette année. Rappelons que le groupe Tiscali a cédé sa branche française pour un montant de 266 millions d’euros


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