Télécoms : Arnaud Montebourg évoque le retour à 3 opérateurs mobiles

Régulations
arnaud-montebourg-telecoms

En dépit des engagements formulés par Patrick Drahi (patron du futur SFR-Numericable) en matière d’emploi et de très haut débit, Arnaud Montebourg n’exclut pas l’éventualité d’un retour à à trois opérateurs mobiles.

Au lendemain du rachat de SFR par Numericable, la situation du secteur des télécoms constituait le sujet central de l’intervention d’Arnaud Montebourg, ce mercredi devant la Commission des affaires économiques et des finances.

Le ministre de l’Économie et du Redressement productif, dont les prérogatives s’étendent désormais au Numérique, a déclaré avoir obtenu des engagements formels de Patrick Drahi, patron du futur SFR-Numericable.

Pour des raisons de concentration du marché et des questions de solidarité financière face aux investissements nécessaires à la construction, par le secteur privé, de l’infrastructure très haut débit en France, Arnaud Montebourg s’était ouvertement prononcé en faveur de Bouygues pour absorber SFR. « La vente à Numericable […] ne procède à aucune consolidation laissant subsister 4 opérateurs« , avait-il résumé. Et d’ajouter : « Numericable fait dans le câble, pas la fibre. Or, le câble c’était il y a 15 ans ; la fibre, c’est pour les 40 prochaines années. »

Le ministre rappelait également les objectifs du gouvernement en matière de très haut débit : 50% des foyers couverts en 2017, 100% en 2022, avec 80% de la population desservie par la fibre à domicile. Or, « les opérateurs tirent la langue pour équiper le pays. Si ce ne sont pas les opérateurs, ce sont les contribuables qui paieront. » Pour éviter d’en arriver à cette situation, « le gouvernement veut reconcentrer, reconsolider. » Autrement dit, faire fusionner Free et Bouygues Telecom.

Face à la position d’Arnaud Montebourg, Patrick Drahi (le patron d’Altice, propriétaire de Numericable) a formulé un certain nombre d’engagements. En premier lieu, le maintien de l’emploi, avec 2000 salariés issus de Numericable et 8500 de SFR. Des recrutements d’ingénieurs commerciaux sont par ailleurs prévus pour développer le marché de l’entreprise.

Patrick Drahi s’engage également à respecter les objectifs sur le dossier très haut débit : SFR-Numericable prévoit de relier 12 millions de foyers d’ici 2017… et 15 millions en 2020, avec un réseau densifié qui assurera également l’interconnexion pour la 4G et la future 5G. Sur le patriotisme économique, au-delà de privilégier les industriels nationaux quand cela se justifie, il est question de mettre en oeuvre la double cotation d’Altice à Euronext Paris en plus de la Bourse d’Amsterdam.

Comme le note Silicon.fr, Arnaud Montebourg se montre plus circonspect sur le volet des investissements auprès des collectivités. Patrick Drahi s’est engagé à injecter 50 millions d’euros par an dans les réseaux d’initiative publique (RIP) fibrés… alors que le plan Très haut débit implique l’investissement des collectivités à hauteur de 13 milliards d’euros, dont 7 milliards apportés par les opérateurs. Aussi, quand bien même le chantre du « made in France » salue « [l’avancée de Numericable] vers les objectifs gouvernementaux », il assure que le retour à trois opérateurs mobiles reste d’actualité. Prochain dossier : l’éventuel rapprochement entre Free et Bouygues Telecom.

Lire aussi :