Télécoms : Bouygues négocie avec Free pour mieux s’emparer de SFR

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Au nom du rachat de SFR, Bouygues Telecom a ouvert un autre front : des négociations exclusives avec Free pour céder ses antennes mobiles et des fréquences. Objectif : dégager l’horizon avec l’Autorité de la concurrence.

Bouygues a préparé un coup judicieux collatéral pour que les autorités digèrent mieux la fusion SFR – Bouygues Telecom, si ce scénario se concrétise. A travers Le Journal du Dimanche, Olivier Roussat, P-DG de Bouygues Telecom, révèle que des négociations exclusives avec Iliad-Free sont ouvertes pour céder 15 000 antennes et des fréquences comprenant la 4G. Montant de la transaction si l’opération de confirme : 1,8 milliard d’euros.

Toujours selon le JDD, « il aura fallu trois jours et trois nuits intenses de négociations secrètes » pour que Bouygues Telecom et Iliad-Free signent « un accord aussi inattendu qu’historique ». Bouygues Telecom va vendre son réseau de 15 000 antennes à Free. Ce qui permet au groupe de Xavier Niel de trouver un levier pour accélérer la constitution de son réseau mobile et s’affranchir plus rapidement de son partenaire Orange dans l’itinérance.

Mais il y a encore une autorisation au préalable du schéma envisagé : l’accord donné par le conseil de surveillance du groupe Vivendi, propriétaire de SFR. Sachant qu’il a reçu de son côté deux offres de reprises de « l’opérateur au Carré rouge » : Bouygues Telecom et Numericable. Mais l’influence du groupe Bouygues semble déterminante dans cette partie d’échecs. Le groupe Vivendi devrait trancher dans le courant de la semaine.

Concurrence : vers un examen plus rapide ?

Que l’on s’entende bien sur les motivations de Bouygues Telecom sur ce nouveau volet qui va chambouler le paysage des télécoms en France. En vendant une partie de son patrimoine, il ne s’agit pas de faire un cadeau à son ennemi favori Iliad-Free. C’est un moyen de séduire l’Autorité de la concurrence, qui va probablement exiger des concessions en cas de rapprochement SFR – Bouygues Telecom.

Le groupe Bouygues est conscient que ce rapprochement va impacter le marché des télécoms. Au-delà des questions sur les parts de marché, les autorités de régulation vont chercher à ré-équilibrer les forces pour éviter la constitution de nouveaux blocs trop imposants susceptible de nuire aux consommateurs.

En tout cas, le schéma est reçu positivement par Bruno Lasserre, Président de l’Autorité de la Concurrence, interrogé par Les Echos : « Cet élément nouveau [négociation Bouygues Telecom-Free, ndlr] (…) est de nature à favoriser un examen peut-être plus rapide, et en tout cas plus simple, du dossier [rachat de SFR par Bouygues Telecom, ndlr]. »

Sur le plan politique, le schéma de reprise de SFR par Bouygues Telecom est adoubé par le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg qui a déclaré dans Le Parisien. « La concurrence par la destruction s’arrêtera si nous revenons à trois opérateurs mobiles tout en maintenant des prix bas. Elle ne s’arrêtera pas si Numericable conquiert SFR, puisque la concurrence restera à quatre dans le mobile. »

A moyen terme, si aucun obstacle insurmontable ne se dresse, la France reviendrait donc dans une configuration de marché à trois opérateurs mobiles : Orange, le duo Bouygues Telecom – SFR et Free.

Mais le perdant de cette bataille serait Numericable, qui a manqué d’entregents pour s’imposer comme un acteur incontournable pour la recomposition du marché. Et ce, malgré l’introduction en Bourse du câblo-opérateur, la machine financière bien huilée de Patrick Drahi (principal propriétaire de Numericable via Altice, holding également cotée) et sa position privilégiée dans le très haut débit, il est sur le point de rater le coche de la mobilité qui lui aurait permis de changer d’envergure.

Quiz : Connaissez-vous Bouygues Telecom ?

(Credit photo : Shutterstock.com –  Droit d’auteur : 3Dstock)

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