Tim Berners-Lee : l’inventeur du Web veut un Internet plus abordable

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Emmenée par Tim Berners-Lee, parrainée par une coalition d’acteurs de l’industrie IT, d’États et d’organisations de la société civile, l’initiative Alliance for Affordable Internet (A4AI) vise à développer une économie numérique globale en connectant l’ensemble de la population mondiale.

Tim Berners-Lee, l’inventeur du Web (en 1989, au CERN) invite les acteurs de l’industrie IT, le secteur public et les organisations de la sphère politique à converger sous la bannière de l’A4AI (‘Alliance for Affordable Internet‘).

Constituée officiellement ce 7 octobre, cette coalition compte pour l’heure une trentaine de membres dont Alcatel-Lucent, Cisco, eBay, Ericsson, Facebook, Google, Intel, Microsoft et Yahoo.

Elle entend s’impliquer dans le développement des accès Internet à l’échelle de la planète.

Son premier objectif : faire en sorte que le coût de connexion représente, à terme, dans chaque pays, moins de 5% du revenu mensuel moyen par habitant.

Cette quête d’abordabilité tarifaire implique des réformes en matière de politiques de développement et de régulation, afin de créer des marchés ouverts, compétitifs et innovants.

Parmi les recommandations (synthétisées dans un document PDF de 4 pages), il est question de limiter les nationalisations des fournisseurs d’accès et de faire preuve de transparence auprès des utilisateurs finaux sur la qualité du service… mais aussi son prix.

Autres préconisations, encourager le modèle prépayé, assurer l’indépendance des autorités de régulation des télécoms vis-à-vis des gouvernements et opérer une coordination avec d’autres projets d’infrastructures.

Selon sa directrice Sonia Jorge, l’alliance se concentrera initialement sur l’Afrique, où 16% de la population sont actuellement connectés, contre 39% de la population mondiale (2,7 milliards d’individus).

D’ici la fin de l’année 2014, deux à trois pays seront concernés. L’offensive s’étendra ensuite en Asie du Sud et en Amérique latine, avec objectif de couvrir ‘au moins une douzaine de pays à l’horizon 2016.

Des perspectives sont déjà établies à plus long terme, au vu disparités actuelles.

Au dernier baromètre (document PDF) de l’Union internationale des télécommunications (UIT, agence rattachée à l’ONU), 77% de la population des pays développés est connectée, contre 31% dans les pays en développement… et 10% dans les 49 pays les plus pauvres.

Concernant le coût de la connexion, il est aujourd’hui évalué à 1,7% du produit national brut par habitant dans les pays développés, contre 30,1% dans les pays émergents.

Subsistent également de forts contrastes : si les prix ont fondu de 82% en 5 ans pour atteindre 0,9% du PNB par habitant en France, ils restent démesurément élevés dans des pays comme la Gambie, où le prix d’un abonnement Internet atteint 7,5 fois le salaire moyen.

Le débat autour des infrastructures, des types de couvertures, des services et des prix induira la mise en oeuvre, au niveau régional, national et mondial, de partenariats et de groupement.

« Les organisations étatiques, la société civile, le secteur public et le secteur privé doivent se grouper pour concevoir les propositions qui font sens dans leur propre pays« , résume Sonia Jorge.

L’A4AI défend aussi l’idée d’un Internet ‘ouvert’, représentatif de la liberté d’expression et du droit d’association, qui puisse être source de développement pour l’économie et la société en matière d’éducation ou encore de santé.

Difficile, néanmoins, de se persuader que cette démarche relève exclusivement d’une action humanitaire : elle semble revêtir, pour chacun de ses contributeurs, d’autant plus d’enjeux stratégiques qu’elle implique le développement d’une économie numérique globale.

Effectivement, plusieurs problématiques se posent à travers cette initiative entrevue comme un relais de croissance sur le long terme, notamment en matière d’éducation des populations dans les zones reculées du Globe.

Il s’agira, en premier lieu, d’adapter l’offre de terminaux – notamment mobiles – pour les marchés émergents. Une responsabilité que pourrait notamment endosser Intel.

Il conviendra également d’utiliser plus efficacement la bande passante. Ericsson devrait s’impliquer au niveau de l’infrastructure, Google et Microsoft oeuvrant plutôt au développement de technologies de cache ou encore de compression des flux pour leurs navigateurs Web respectifs.

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Crédit illustration : Toria – Shutterstock.com


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