Tiscali passe au dégroupage

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Le dégroupage devrait permettre au fournisseur d’accès d’accélérer le recrutement des abonnés et s’accompagnera de nouveaux services, parmi lesquels la vidéo à la demande.

L’heure du dégroupage a sonné pour Tiscali. « Nous allons investir 20 millions d’euros dans le dégroupage en 2004 », a confirmé Rafi Kouyoumdjian, le P-DG de la filiale française. Cet investissement permettra d’une part de couvrir un tiers des lignes éligibles à l’ADSL (France Télécom annonce, pour 2005, l’ADSL sur 90 % des 34 millions de lignes téléphoniques) à travers 170 sites d’interconnexion avec le réseau propre à Tiscali. D’autre part, un deuxième tiers des lignes ADSL sera connecté via un partenariat avec l’opérateur LDCom. Soit, au total, 70 % des lignes éligibles d’ici la fin mars. Les 30 % restants demeureront couverts par l’interconnexion régionale (option 3) du réseau de France Télécom.

Changement de cap

Si le fournisseur d’accès présente le dégroupage comme la suite logique à une stratégie de déploiement de son propre réseau (12 000 kilomètres de fibres optiques en France, 50 000 en Europe) via l’option 3, le basculement s’est accéléré avec les nouveaux tarifs de gros de l’opérateur historique (voir édition du 15 décembre 2003) qui rendaient l’option 3 obsolète économiquement. A tel point que, loin de couvrir tout le territoire avec son réseau, Tiscali a dû faire appel à un « dégroupeur », en l’occurrence LDCom qui fournit notamment Neuf Télécom, Club-Internet, Tele2 ou La Poste. Ce changement de stratégie intervient alors que la société se présente comme le troisième FAI du marché avec un chiffre de 300 000 abonnés haut débit qui devrait être atteint « dans les semaines qui viennent ».

Concrètement, l’opération sera transparente pour l’abonné final et les tarifs ne devraient guère évoluer. « Je pense que 20 euros est un prix plancher pour l’ADSL », estime Rafi Koujoumdjian. Au mieux, le dégroupage permettra une augmentation des débits à tarif constant. Il n’est pas insensé imaginer une offre à 1 024 Kbit/s pour 20 euros, en lieu et place des 512 Kbit/s actuels (voir édition du 7 janvier 2004), d’ici la fin de l’année. Tiscali réfléchit cependant à des offres moins onéreuses à travers le 128 Kbit/s ou des forfaits à durée limitée. « Mais ces offres ne constitueront pas le coeur du marché », prévient le P-DG, qui voit plutôt l’avenir dans la hausse des débits. « Nous irons vers les 3 ou 4 Mbit/s avant fin 2004 », confirme le dirigeant.

Vidéo en MPEG-4

La vidéo à la demande est l’autre grand chantier sur lequel Tiscali va concentrer ses efforts en 2004. Ce qui fait dire à son P-DG : « Nous passons d’un métier de fournisseur d’accès Internet à fournisseur d’accès Home Media ». Comprenez diffuseur de contenus audiovisuels via la prise téléphonique. Concrètement, l’abonné disposera d’un modem ADSL qui transmettra les flux audiovisuels en Wi-Fi vers un décodeur à brancher sur le téléviseur. Apparemment, le format choisi est le MPEG-4, contrairement à Free ou France Télécom/TPSL qui ont opté pour le MPEG-2. Un millier de titres seront disponibles à l’ouverture. En cours de négociation avec les ayants droit, Tiscali annonce ce service pour le mois de juin, avec une phase d’expérimentation qui débutera en mars. Il sera accessible au niveau national, tant pour les abonnés dégroupés que non dégroupés. Le mode de commercialisation et les tarifs n’ont pas encore été dévoilés.

Parallèlement à la vidéo à la demande, Tiscali compte ouvrir des services liés à la sécurité (vidéosurveillance) et à la santé. Sans oublier la téléphonie sur IP. En accompagnant son offre ADSL de services innovants, le fournisseur d’accès tend à confirmer qu’un prestataire ne peut plus se contenter de fournir un accès Internet. Il doit désormais accompagner la fourniture de sa bande passante de prestations à caractère ludique ou utilitaire, reléguant l’accès Internet au second plan. La convergence vers le tout-numérique se confirme et le FAI se transforme en fournisseur de services.