Tout le monde veut une part du gâteau Linux

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Il est loin le temps où les grands de l’informatique regardaient Linux d’un oeil vaguement amusé, le considérant uniquement comme un jouet pour développeurs amateurs. Aujourd’hui, le système libre est considéré comme un des marchés les plus prometteurs. Les deux salons qui lui sont consacrés en même temps, à Paris et à New York, sont là pour le démontrer.

Les annonces autour de Linux pleuvent. Il faut dire que le moment est propice puisque se déroulent en même temps la Linux Expo à Paris et le salon Linux World à New York. Reste qu’il est intéressant de remarquer à quel point tous les grands du monde de l’informatique cherchent à s’emparer d’une part du gâteau du logiciel libre : IBM, AMD, Intel, Borland, HP, Compaq, etc. La liste est loin d’être exhaustive. Microsoft s’intéresse également au phénomène, même si ce n’est encore qu’en simple visiteur, ainsi que nous l’indiquait Sacha Dunas, organisateur de la Linux Expo (voir notre interview de la semaine).

IBM mise sur le logiciel libre

Parmi les nouvelles les plus marquantes, IBM vient d’annoncer un nouvel investissement de 300 millions de dollars sur son service d’assistance Linux, sur les 3 ans à venir. Il s’agira d’aider les clients de Big Blue à installer ou à faire migrer leurs systèmes de commerce électronique basés sur le système libre. Ces 300 millions viennent compléter le milliard de dollars d’investissements déjà prévu pour la seule année 2001 (voir édition du 13 décembre 2000). Pour expliquer ce financement supplémentaire, Mike Lawrie, DG d’IBM Europe, a notamment rappelé, en s’appuyant sur une étude d’IDC, que Linux était « le système d’exploitation ayant la croissance la plus rapide ». Et d’ajouter que le fait que ses racines soient situées en dehors des Etats-Unis était une des raisons de son succès.

Pour certains, le meilleur atout de Linux réside dans son modèle de développement coopératif. Une étude réalisée par Phil Rueppel, pour le compte de la Deutsche Bank, a notamment insisté sur le fait que Linux avait « capturé 30 % du marché des systèmes serveurs en seulement 10 ans et ainsi prouvé, sans qu’il puisse y avoir l’ombre d’un doute, que le modèle open source était capable de mener le développement de technologies robustes de manière plus rapide que le modèle en ‘source fermée’ [cher à Microsoft notamment] ».

L’ennemi numéro 1 de Microsoft

Résultat, de nombreuses sociétés cherchent à s’engouffrer dans la brèche. Borland a par exemple annoncé à New York que Kylix, son kit de développement pour Delphi, était quasiment prêt. Intérêt principal du logiciel : il permet d’écrire des applications fonctionnant à la fois sous Windows et sous Linux. HP a souligné, de son côté, son intérêt pour MSC.Linux, une distribution spécifiquement destinée à gérer des clusters de machines, afin de partager leurs ressources de calcul. Plusieurs variantes de Linux pour ordinateurs de poche seront également montrées lors du salon Linux World. Et la liste pourrait s’allonger quasi indéfiniment. Autant dire que l’on comprend assez facilement pourquoi Steve Ballmer, PDG de Microsoft, a récemment désigné Linux comme étant l’ennemi numéro 1 (voir édition du 11 janvier 2001).

Finalement, un des meilleurs signes de la maturité de Linux est peut-être l’arrivée de virus visant spécifiquement le système libre. On se souvient, par exemple, du ver Ramen, qui avait récemment touché certains serveurs utilisant un composant logiciel livré avec les distributions RedHat (voir édition du 19 janvier 2001).