Transformation numérique des TPE-PME : le CNNum pense e-export

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À moins de deux mois de l’échéance présidentielle, le CNNum a remis au gouvernement son rapport sur la transformation numérique des PME. L’e-export en est l’un des axes.

Créer un contrat-type pour l’échange de compétences, compléter le financement privé par une aide régionale harmonisée, accompagner les démarches d’e-internationalisation en proposant des leads commerciaux… Autant de recommandations que le Conseil national du numérique émet dans son rapport « Croissance connectée ».

L’instance consultative que préside Mounir Mahjoubi vient de remettre le document – PDF, 46 pages – au gouvernement, qui l’avait chargée, par une saisine du 23 mars 2016, d’élaborer un plan d’action national pour la transition numérique des PME.

Faisant référence à la 16e position de la France dans le classement relatif à l’économie et à la société numérique communiqué la semaine passée par la Commission européenne, le CNNum estime urgent « d’intensifier les efforts et les investissements ».

Un premier diagnostic avait été publié le 27 juillet 2016, sur la base, entre autres, de 20 entretiens avec des chefs d’entreprises, ainsi que de l’audition de 20 acteurs publics, de 15 fournisseurs de services, de 10 fédérations professionnelles, de 5 chercheurs et d’autant d’acteurs bancaires.

S’était alors enclenchée une phase de « co-construction » avec cinq pistes d’action prioritaires, dont la constitution d’un réseau d’accompagnement.

Fédérer l’existant

Ce réseau serait constitué de « connecteurs » chargés d’incarner une marque forte : « #croissanceconnectée ».

Un premier niveau de connecteurs « bénévoles » reposerait sur une charte collective. Il pourrait constituer une passerelle vers un deuxième niveau d’experts labellisés, dont les prestations seraient subventionnées publiquement.

La marque et son réseau de connecteurs auront pour but de répertorier et de valoriser les bonnes pratiques et dispositifs existants. La construction se fera « en cohérence, en partenariat et en appui » des stratégies de développement régionales, sous la houlette d’une mission qui coordonnera les actions territoriales, selon le CNNum.

Le cofinancement des connecteurs labellisés impliquera un suivi des PME et des actions qu’elles entreprennent (formation, recrutement, maîtrise d’ouvrage, etc.). Une première vague de labellisation pourra viser à constituer un réseau d’au moins 500 individus en année 1, puis 1 000 en année 2 et 2 000 en année 3. Les objectifs sont similaires concernant la charte collective.

Autre recommandation : mettre en place une plate-forme de ressources qui constitue un « guichet unique » pour les PME, les connecteurs et les professionnels du numérique.

On y trouverait, outre un module d’autodiagnostic de maturité numérique, des outils de communication, un agenda de rencontres, un moteur de recherche de témoignages avec des exemples d’implémentations réussies par des pairs ou encore un annuaire des offres commerciales.

Le CNNum évoque aussi un simulateur de coût-bénéfice du commerce connecté « prenant exemple sur le modèle développé par le Secrétariat général pour la modernisation de l’action publique (SGMAP) ».

Des régions à l’international

Sur le volet e-internationalisation, un constat : il n’existe aucun dispositif publique spécifique, que ce soit en termes d’accompagnement ou d’aides financières.

Le CNNum préconise une approche en cinq axes : la sensibilisation, l’aide à l’élaboration et à la mise en œuvre des stratégies e-commerce, la mise en valeur des dispositifs existants tout en y simplifiant l’accès, l’établissement de relations avec les marketplaces « pertinentes » dans les différents… et la proposition de leads commerciaux sus-évoquée.

Cette démarche induit la création d’une plate-forme Web dédiée avec des fiches de référence et – entre autres – un recensement des solutions logistiques pour l’acheminement de colis à l’international.

L’exploitation de bots n’est pas exclue dans l’optique de mettre en place un point de contact unique pour le diagnostic et le conseil. Il est également suggéré de modifier l’assurance-prospection afin que les investissements de commercialisation en ligne puissent faire l’objet d’une garantie publique.

Concernant la proposition d’aide financière régionale, elle se fond sur la NOTRe (loi sur la nouvelle organisation territoriale de la République). Le texte confère aux régions des compétences exclusives sur la définition des aides et des régimes d’aides générales.

Dans ce cadre, le CNNum en appelle à une adaptation des dispositifs existants de financement de la transition numérique des PME à la stratégie globale « qui sera portée conjointement par le gouvernement et les régions ».

L’initiative se traduirait par la subvention de la moitié d’un investissement immatériel entre 2 000 et 30 000 euros, conditionnée à l’intégration dans un projet de croissance connectée ayant pour objectif de développer les ventes en France ou à l’international via le recours au numérique. Première cible : 500 entreprises régionales de moins de 50 salariés « prioritairement indépendantes ».

Digital champions

Qu’en est-il du soutien à l’évolution des compétences au sein des PME ? Le CNNum appréhende la question sur le plan technique, mais aussi organisationnel et culturel (rapport au temps, à la hiérarchie).

L’idée est de faire émerger un rôle de porteur de la stratégie numérique interne et externe. Dans cette optique, un parcours de formation complémentaire sera conçu pour les dirigeants et/ou leurs proches collaborateurs.

Une partie de ce parcours pourrait s’effectuer au sein de tiers-lieux, typiquement dans le cadre de projets collaboratifs. Cela impliquera un appel à manifestations d’intérêt pour identifier les établissements prêts à se constituer en réseau pour construire un programme de formation.

Dans la même lignée, le CNNum recommande d’expérimenter un statut de « PME digitale ».

Serait créé un véhicule juridique pour l’échange à but non lucratif de compétences numériques de salariés, entre entreprises volontaires. Le dispositif pourrait fonctionner à la manière d’une « bourse de temps » (par exemple, un jour-homme contre un jour-homme). Il serait soutenu publiquement par l’amortissement des coûts liés au temps passé hors entreprises.

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