Tribune libre : La loi Hadopi nuit à la création artistique et pénalise les « petits » artistes

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Alors que l’Adami dénonce « une dérive du projet de loi », Vnunet.fr diffuse le point de vue du groupe français My Diet Pill, qui s’auto-produit.

Le projet de loi Création et Internet laissera des traces dans les rangs des artistes célébres mais aussi méconnus car les positions divergent. Ce qui risque d’entraîner des tentatives de récupération. « D’instrumentalisation », comme dirait  l’Adami.

La société de gestion collective des droits de 100 000 artistes-interprètes (comédiens, chanteurs, musiciens, chefs d’orchestre, danseurs… ), a diffusé un communiqué de presse pour « exprimer sa préoccupation et sa désapprobation devant la dérive du projet de loi ».

L’organisation s’insurge : « Non, il n’y a pas zizanie, et si les artistes ne sont pas alignés comme un seul homme, pour ou contre l’Hadopi, c’est tout simplement parce que personne ne l’est. Quand on sait la diversité des pratiques et des carrières artistiques, pourquoi les créateurs seraient-ils seuls tenus de parler à l’unisson? »

Tout en poursuivant : « Les créateurs et les interprètes ont encore le droit de vouloir vivre de leur art, avec Internet et par Internet. Le temps passé à ergoter sur les possibilités techniques d’une régulation des usages sur le Web est perdu pour tout le monde, et en premier lieu pour les artistes. »

Pour illustrer cette vague d’artistes tentant de tirer profit des nouvelles technologies, Vnunet.fr a choisi de diffuser le point de vue du groupe français My Diet Pill, qui s’auto-produit et qui a diffusé ce témoignage via son propre réseau numérique via Facebook.

La loi HADOPI nuit à la création artistique et pénalise les « petits » artistes

Témoignage de musiciens mis en dangerEn cette période d’incertitude quant à l’adoption ou pas du projet de loi « création et internet » (Hadopi), certaines institutions et personnalités veulent faire passer l’idée que le téléchargement libre – ou « piratage » – nuit à la création artistique. La réalité est souvent contraire. Voici pourquoi.

Nous, My Diet Pill, sommes un groupe autoproduit. Cela signifie que nous n’avons pas de label ou maison de disque qui nous finance et qui nous aide dans nos démarches de promotion. Nous sommes, comme la très grande majorité des artistes, obligés de nous organiser par nous même pour promouvoir notre musique.

En cela, Internet est un médium formidable et le « peer to peer » (P2P) son outil le plus efficace. Grâce au « piratage » de nos oeuvres, nous avons obtenu une exposition médiatique inespérée.

En plus d’avoir vendu plus de 5000 copies de notre second album – une performance rare pour un groupe autoproduit – notre musique s’est retrouvée en bande-son d’émissions TV (M6 en France, CBS aux Etats-Unis) et en programmation sur de nombreuses radios étrangères.

Cette renommée naissante est directement liée au « piratage » de nos chansons. Le jour où nous avons constaté que nos oeuvres avaient été placées sur les réseaux majeurs de téléchargement « illégal » (Emule, BitTorrent … ), nous avons remarqué une hausse constante des ventes d’albums et de t-shirts sur notre site internet, les achats de morceaux en ligne (Itunes, MusicMatch … ) se sont multipliés et les visites ont explosé. Il semblerait que « les pirates » achètent quand même de la musique.

Nous n’en sommes pas au point de vivre de notre musique mais ces revenus nous permettent d’investir dans du nouveau matériel, de payer des séances d’enregistrements, de produire de nouveaux disques …

La répression contre le téléchargement libre et les réseaux P2P nous inquiète car nous perdrions notre outil de promotion le plus efficace.

Nous ne sommes pas dans une logique de lutte des classes. Il ne s’agit pas de « les gentils artistes autoproduits contre les grandes méchantes maisons de disque » car nous pensons, par ailleurs, qu’avoir un label est une vraie chance pour un musicien.

Mais pour nous, qui n’avons pas les moyens de nous offrir des campagnes de pub nationales, lutter contre les lois Hadopi, Davdsi… est une question de survie.

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