Tribune : Windows Phone 7 ou 8 : quelle plateforme faut-il privilégier pour son application mobile ?

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Selon Chris Apers, Responsable Développement du pôle Finance chez Newsweb (éditeur de Boursier.com, groupe Lagardère Active), Windows Phone garde son intérêt face à iOS et Android. Dans ce cas, comment assurer la transition WP7 – WP8 ?

Comme beaucoup de sociétés, nous avons décliné avec succès nos sites Web en applications mobiles.

Récemment, on m’a demandé pourquoi, malgré le lancement imminent de Windows Phone 8, nous avons décidé d’amorcer le développement d’une application sur la version 7 de l’OS sachant que cette version mobile était en fin de vie.

C’est un point intéressant à exposer.

Voici pourquoi je considère que le développement d’une nouvelle application sur Windows Phone 7 s’avérera un atout au bout du compte.

Contrairement à Apple qui propose ses iPhone et iPad sous un OS unifié puis une série d’ordinateurs sous Mac OS X, Microsoft a décidé de prendre une autre orientation et d’offrir un système d’exploitation unique pour ses téléphones mobiles et un OS pseudo-unifié pour ses tablettes et PC.

Une décision qui peut s’expliquer par l’apparente nécessité d’offrir aux utilisateurs un maximum de fonctionnalités et une meilleure expérience sur tablette en apportant par exemple l’accès à de nombreux périphériques, notamment un support complet de l’USB (qui fait cruellement défaut à l’iPad), ainsi qu’une compatibilité plus ou moins soutenue des anciennes applications Win32.

Tout en garantissant une réactivité accrue et une grande fiabilité sur smartphones en supprimant le superflu et les lourdeurs induites par un système d’exploitation plus complet tel que Windows 8 ou Windows RT.

En conséquence et contrairement aux croyances qui perdurent encore à la veille du lancement de Windows 8, les applications développées pour l’OS de Microsoft ne fonctionneront pas sur les terminaux Windows Phone 8.

En effet, même si les deux systèmes proposent une approche de développement identique via les technologies .Net et XAML (entre autres), les capacités des deux supports sont différentes et la compatibilité n’est présente que pour permettre aux développeurs de partager du code entre leurs applications de bureau et leurs versions mobiles.

Donc, une application extraite d’une tablette Windows RT (équipée d’un processeur ARM, le processeur qui équipe aussi les téléphones mobiles) ne fonctionnera pas sur un terminal sous Windows Phone 8. Et inversement.

Alors, dans cette phase de transition, quel est l’intérêt de maintenir un développement d’une application pour Windows Phone 7 ?

Soulignons que le SDK Windows Phone 8 (l’outil permettant de créer des applications pour ce système) n’est pas actuellement disponible en accès public.

Il n’a été proposé qu’à partir de mi-septembre à certains développeurs déjà présents sur le Marketplace. Et sous certaines conditions.

La date de disponibilité des premiers téléphones – proche de celle de Windows 8 – demeure floue (en novembre ?).
Difficile donc pour un nouvel arrivant sur Windows Phone 8 de proposer une application dans l’optique de participer aux campagnes de lancement des nouveaux terminaux.

Heureusement pour nous, les applications développées pour la version 7 fonctionneront parfaitement sur la nouvelle version de l’OS. Et ce, sans modification. La réciproque n’étant pas vraie.

Il y a donc bien une carte à jouer en misant sur la version précédente de Windows Phone.

Car il existe un parc d’utilisateurs de téléphones sous Windows Phone 7. C’est le socle d’une population à fidéliser et sur lequel il faut capitaliser.

Il serait dommage de s’en priver en investissant uniquement sur l’effet nouveauté.

D’autant qu’il est probable que ces utilisateurs resteront fidèles à Windows Phone s’ils y trouvent ce qu’ils attendent.

De plus, le déploiement de Windows Phone 8 ne sera pas aussi immédiat et aussi fulgurant que le lancement d’un nouvel iPhone sur le marché, d’autant que les possesseurs de l’ancienne version ne pourront pas mettre leur téléphone  à jour.

En résumé, se concentrer d’abord sur Windows Phone 7 nous garantit une présence immédiate, une adhésion plus globale et nous permet de tirer parti des prochains lancements que ce soit au niveau du système (avec le lancement des versions 7.8 et 8.0 qui offriront une expérience assez proche) qu’au niveau des terminaux.

Nous ne marginalisons plus les utilisateurs de Windows Phone et attirons potentiellement de nouveaux utilisateurs, déjà consommateurs ou non de nos produits sur d’autres supports.

Ce travail en avance de phase n’est pas à négliger : il permet aussi de se familiariser rapidement avec la technologie en attendant le lancement officiel, de l’éprouver et de mieux appréhender le passage à Windows 8.

On pourrait encore élargir le débat pour les plus sceptiques : pourquoi investir tout simplement sur Windows Phone ?

Après tout, le succès tout relatif de Windows Phone 7 peut faire douter d’un passage réussi à Windows Phone 8. Surtout au regard de sa part de marché marginale comparée aux mastodontes iOS et Android.

Je pense que le système offre de réels atouts pour séduire autant les utilisateurs que les développeurs.

Un concentré de Windows dans un téléphone mobile qui apporte une grande souplesse de développement avec le support de .Net et XAML, de DirectX pour le jeu et un navigateur Web donné comme équivalent à Internet Explorer 10 sur PC.

Associé au marketplace, Windows Phone 8 peut être perçu comme une mise à jour importante pour le développement du business comme l’in-app purchase, permettant aux éditeurs de vendre directement depuis leurs applications des services à l’acte ou des abonnements directement à leurs utilisateurs. Ce sera notamment l’un des atouts majeurs de cette nouvelle version.

L’arrivée de nouveaux acteurs de l’industrie tel que HTC aux côtés de Nokia et du numéro un de la téléphonie mobile Samsung permet d’être optimiste quant à l’avenir de cette nouvelle version du système.

De plus, Windows 8 qui sera distribué avec la majorité des nouveaux PC facilitera l’adhésion de l’interface Metro et par extension l’intérêt pour Windows Phone.

Le succès de Windows Phone 8 passera aussi par la diversité et la qualité des applications disponibles dont le nombre a franchi la barre des 100 000 dans le courant de l’été.

Selon des analyses de marché comme celles de Gartner, Microsoft gagnera encore des parts de marché d’ici à 2016 s’équilibrant avec iOS. Tout en restant loin derrière Android qui se taillera toujours la part du lion.

La conférence de lancement de Windows Phone 8, prévue le 29 octobre prochain, nous en dira davantage sur ce système et la stratégie choisie par Microsoft.