Trois Anonymous en justice : réminiscences de l’ère Megaupload

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Trois pirates vont être jugés pour des faits commis en 2012 sous la bannière Anonymous, dont la publication des données personnelles de 541 policiers.

Trois pirates informatiques âgés de 22 à 27 ans et se revendiquant de la mouvance Anonymous seront jugés ce mardi 23 février à Paris pour des faits qu’ils sont soupçonnés d’avoir commis il y a plus de trois ans.

Pour mieux saisir ce qui est reproché à chacun d’entre eux, il faut remonter à janvier 2012 et la coupure, sur ordonnance de la justice américaine, de la plate-forme internationale de streaming et de téléchargement Megaupload.

Dans un contexte également marqué par les discussions autour du traité ACTA (propriété intellectuelle, lutte antipiratage…), les Anonymous avaient mené une série d’attaques informatiques, visant notamment le site de l’Élysée et celui d’EDF – avec, en toile de fond, la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon.

Ces actions avaient entraîné l’arrestation de plusieurs membres présumés du collectif, dont le dénommé Pierrick Goujon, alias « Triskel ».

Plusieurs chefs d’accusation

En guise de représailles, plusieurs Anonymous avaient récupéré, sur le site du syndicat SGP FO (qui allait fusionner, en 2013, avec Unité Police pour donner Unité SGP Police-Force Ouvrière), les coordonnées de 541 policiers tous inscrits à la newsletter.

Ces noms, prénoms, numéros de téléphone et adresses électroniques, ils les avaient publiés après un teasing effectué sur Twitter par un certain « Calin » (« Amis journalistes, vous allez entendre parler de nos amis policiers »).

L’intéressé est aujourd’hui poursuivi, entre autres, pour avoir découvert la faille qui a permis ce forfait… et en avoir largement communiqué l’existence. Pour sa défense, il assure avoir pris contact plusieurs mois en amont avec l’administrateur du site de SGP FO, l’aidant même à corriger certaines vulnérabilités. Mais il en aurait parlé à d’autres Anonymous qui se sont engouffrés dans la brèche.

Les failles en question avaient aussi été exploitées contre immigration.gouv.fr et modernisation.gouv.fr, avec, dans ce dernier cas, un « défacement » de la page d’accueil pour afficher un message dénonçant l’espionnage et la répression du gouvernement français, « qui maintient les dictateurs au pouvoir, comme il l’a fait en Libye ».

Une affaire de vie privée

Une enquête de la Direction centrale du renseignement intérieur avait mené, en juin 2012, à l’arrestation de trois hommes de 19, 24 et 43 ans. Le plus âgé, appréhendé en Haute-Savoie, avait finalement été relâché. Il aurait été confondu avec « Calin »*, cet Anonymous connu pour ses actions en soutien aux démocrates syriens, comme le notait à l’époque RTL.

L’un des deux autres prévenus, connu sous le pseudonyme « Sunki », est poursuivi pour avoir diffusé des liens vers les sites hébergeant les données personnelles des 541 policiers. Son avocat n’a pas apporté de commentaire avant l’audience de ce mardi, selon l’AFP.

Une centaine de fonctionnaires se sont portés parties civiles aux côtés du SGP-FO dans le cadre de ce procès qui aurait dû se tenir en octobre, mais finalement reporté à cause du mouvement de grève des avocats commis d’office.

* « Calin » avait finalement été arrêté en octobre 2012. L’enquête de la DCRI avait été facilitée par des querelles intestines chez les Anonymous, certains publiant les pseudonymes et les adresses e-mail de leurs pairs (voir le récit d’Owni).

Crédit photo : igor.stevanovic – Shutterstock.com

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