Uber cède sa filiale chinoise à Didi Chuxing : on arrête les frais ?

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Uber cède sa filiale chinoise à son concurrent Didi Chuxing et conserve 20 % du nouvel ensemble. La fin d’un combat à coups de milliards.

[mise à jour du 1er août 2016 à 11 h 32]
L’opération est confirmée par Didi Chuxing sur le réseau social Weibo (contenu en chinois). Uber récupère 17,7 % du nouvel ensemble ; ses actionnaires, 2,3 %. Didi continuera d’exploiter la marque Uber en Chine jusqu’à nouvel ordre.

Ci-dessous, l’article initial

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Changement de cap pour Uber en Chine ?

Après avoir pris une autre dimension ces derniers mois au gré de levées de fonds stratosphériques*, sa rivalité avec Didi Chuxing pourrait se solder sur une fusion.

Le groupe américain céderait le contrôle de sa filiale sur place. Les actionnaires – parmi lesquels le groupe Internet chinois Baidu – conserveraient une participation minoritaire, à hauteur de 20 % du capital.

Didi Chuxing, qui deviendrait maître à bord en détenant le reste des parts, investirait, en parallèle, un milliard de dollars dans Uber. Un deal qui rappelle celui que Yahoo avait noué en 2005 avec Alibaba pour la reprise de ses activités Internet.

Le cri du cœur ?

Le nouvel ensemble serait valorisé à 35 milliards de dollars, à en croire Bloomberg, qui s’appuie sur une contribution blog attribuée au CEO d’Uber Travis Kalanick.

Dans ce billet dont l’authenticité est mise en doute, le dirigeant souligne qu’en à peine deux ans d’activité, sa société a dépassé la barre des 150 millions de trajets par mois. Mais qu’il faut parfois « savoir écouter sa tête plutôt que son cœur ».

Difficile de ne pas établir de lien avec ces déclarations faites en début d’année au magazine Betakit : Uber perd plus d’un milliard de dollars par an en Chine, alors qu’il est rentable aux États-Unis.

« Nous avons un concurrent [Didi Chuxing, ndlr] qui n’est profitable dans aucune des [quelque 400] villes où son service est disponible, mais qui achète des parts de marché », avait-il confié, en ajoutant « Je souhaiterais qu’il n’en soit pas ainsi. Je préfère développer un modèle plutôt que de multiplier les levées de fonds. Mais si je n’entre pas dans la ronde, je n’aurai aucune chance ».

Liquidités

Il y a près d’un an, Reuters évoquait déjà une éventuelle fusion entre Uber China et Didi Chuxing (à l’époque nommé Didi Kuaidi, reflétant son ADN mi-Didi Dache et mi-Kuaidi Dache). Depuis lors, il s’est murmuré que plusieurs investisseurs d’Uber poussaient pour une opération dans ce sens.

Dans ce que certains analystes ont qualifié de « combat à mort », les deux groupes se sont rendu coup pour coup, vidant leur portefeuille pour conquérir un marché sur lequel plus de 140 villes comptent au moins 1 million d’habitants… dont seulement 10 % possesseurs d’une voiture.

L’annonce du rapprochement intervient moins d’une semaine après l’adoption, par Pékin, du futur cadre légal des services de VTC dans le pays. On peut par ailleurs se demander quel en sera l’effet sur l’alliance que Didi Chuxing avait nouée avec Lyft (100 millions de dollars investis dans ce rival américain d’Uber), Ola (entrée au capital de cet acteur présent en Inde) et Grab.

* Tandis qu’Uber a récemment bouclé un tour de table de 5 milliards de dollars emmené par le fonds souverain d’Arabie saoudite, Didi Chuxing – qui capte 87 % du marché des réservations de VTC en Chine – a obtenu un financement de 7,3 milliards de dollars, dont 4,5 milliards en capital et 2,8 milliards en dette.

Crédit photo : Lee Yiu Tung – Shutterstock.com

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