Uber France promet encore du changement à ses chauffeurs

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À défaut de revenir sur son modèle économique, Uber France compte fournir aux chauffeurs davantage d’expertise pour les aider à optimiser leur rentabilité.

« Nous traversons une crise culturelle forte, liée à l’immense succès de l’application et aux responsabilités qui en découlent ».

Rappelant les propos tenus la semaine passée par Travis Kalanick, qui avait annoncé lâcher les rênes d’Uber, cette déclaration est signée d’un autre haut responsable de l’entreprise. En l’occurrence, Steve Salom, directeur général de la branche française.

Dans une tribune relayée ce lundi par Les Échos, l’intéressé, qui a succédé à Thibaud Simphal (promu DG pour l’Europe de l’Ouest), reconnaît qu’Uber « doit changer » en passant d’une « logique de forte croissance » à une « logique de croissance pérenne ».

Des engagements sont pris, en conséquence, auprès de ceux qui constituent l’épine dorsale du service : les chauffeurs.

Pas touche à la commission

Ces derniers sont désormais, d’après Steve Salom, « sollicités quotidiennement pour partager leurs sentiments et donner leur avis ».

De là à satisfaire toutes leurs revendications, c’est une autre histoire : certes, Uber promet des dispositifs destinés à augmenter la rentabilité de l’activité sur sa plate-forme, mais refuse toujours de revenir sur le montant de sa commission, passée, en décembre dernier, de 20 % à 25 %* sur l’offre principale exploitée en France sous la marque uberX.

Cette augmentation avait catalysé la fronde des chauffeurs et s’était traduite par une série de manifestations. Le gouvernement avait alors mis en place une procédure de médiation avec les organisations représentatives des chauffeurs.

En ont résulté plusieurs recommandations, dont la détaxation du carburant, déjà applicable aux taxis.

Le médiateur avait aussi conseillé à Uber d’effectuer un « redressement du niveau de revenu » des chauffeurs.

Dialogue et expertise

L’entreprise, qui affirmait initialement que la rentabilité d’un VTC indépendant lui permettait de gagner sa vie dans des conditions « équivalentes avec ce qui [prévalait] dans des professions voisines », avait fini par promettre d’élaborer un « dispositif financier, technique et humain d’envergure » pour remédier aux problèmes des chauffeurs en difficulté.

Le fonds de soutien de 2 millions d’euros monté dans cette optique est devenu, à en croire Steve Salom, une dispositif « sans limite financière », avec un autre chantier prioritaire : l’accompagnement des chauffeurs LOTI dans l’obtention de la carte de VTC, qui sera requise en vertu de l’entrée en vigueur, le 1er janvier 2018, de dispositions issues de la loi Grandguillaume.

Uber couvrira, dans ce cadre, les frais d’examen, à concurrence de 200 euros. Mais au-delà de la formation, l’idée générale est d’aider les chauffeurs à optimiser leur structure de coûts en leur apportant une expertise sur des problématiques comme la location ou l’achat d’un véhicule. En témoigne la campagne de communication #ExpertsUber, assortie de l’ouverture, prévue pour cette année, d’un espace d’accueil physique à Paris.

Uber dispose déjà d’une telle structure, inaugurée en septembre dernier à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Depuis l’ouverture, les effectifs auraient doublé et le temps d’interaction moyen avec les chauffeurs, triplé, d’après Steve Salom.

* Uber estime devoir, pour assurer la croissance de ses activités, rester maître de ses choix stratégiques, dont le niveau des prix. Du côté des organisations de chauffeurs, on en a appelé à l’État pour imposer un tarif minimum dans le secteur.


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