Uber prend un nouveau départ sans Travis Kalanick

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Travis Kalanick, qui dirigeait Uber depuis fin 2010, prend un congé à durée indéterminée, à l’heure où l’entreprise cherche à repartir sur des bases saines.

« Tout est démesuré dans cette boîte : l’impact, les enjeux, la médiatisation, les conséquences. »

Cette déclaration d’un représentant de la filiale française d’Uber fait écho à une onde de choc venue de l’autre côté de l’Atlantique : Travis Kalanick, qui dirigeait la société depuis décembre 2010, en lâche les rênes pour une durée indéterminée.

L’intéressé, qui compte désormais parmi les figures emblématiques de la tech américaine, affirme prendre du recul pour, d’une part, faire le deuil de sa mère décédée dans un accident de bateau et inhumée vendredi… et de l’autre, « travailler sur [soi] ».

« Je porte la responsabilité de la situation dans laquelle nous sommes », reconnaît-il dans un message adressé aux employés d’Uber.

Ces derniers ont pu mesurer la situation en question à la lumière d’un rapport qui leur a été dévoilé ce mardi.

À d’autres

Ledit rapport émane d’Eric Holder. L’ancien procureur général des États-Unis, aujourd’hui associé au cabinet d’avocats Covington & Burling, avait été sollicité le 20 février dernier pour conduire, dans le cadre de son activité de juriste, une enquête « indépendante » destinée à faire le point sur la culture de l’entreprise. Une initiative prise au lendemain de la publication, par une ancienne collaboratrice (l’ingénieure Susan Fowler), d’un billet dénonçant le « climat toxique » en interne.

De l’analyse de « millions de documents », assortie de « plus de 200 entretiens » avec des employés, résulte une série de recommandations dont le conseil d’administration a décidé, à l’unanimité, la mise en œuvre.

Parmi elles, évaluer « dans quelle mesure certaines des responsabilités confiées à M. Kalanick devraient être partagées ou redistribuées à d’autres membres du top management ».

La recherche d’un directeur des opérations (COO) dont les fonctions seront clairement distinctes de celles du CEO devra contribuer à cet objectif. Elle s’accompagnera, selon les préconisations d’Eric Holder, d’une réflexion sur les métriques utilisées pour l’évaluation de la performance des hauts responsables : disponibilité auprès des employés, initiatives en matière de diversité des effectifs…

Sur ce dernier point, il s’agira aussi de donner davantage de visibilité aux initiatives de l’actuel responsable diversité Bernard Coleman, tout en élargissant les prérogatives de son équipe.

Des valeurs à revoir

Un autre élargissement est recommandé, au niveau du board, qui devrait « accueillir des directeurs plus expérimentés » et être supervisé par un comité de surveillance axé notamment sur les problématiques d’éthique – variable dont dépendrait par ailleurs la rémunération des hauts responsables.

Il est plus globalement conseillé de « reformuler les valeurs d’Uber » en mettant l’accent sur des notions comme le respect mutuel et le travail d’équipe.

Concernant les enjeux d’inclusion, le board s’engage sur la voie d’une publication régulière de statistiques. Il est également question de mettre en place un comité consultatif composé d’employés des différents départements, d’insuffler une dynamique de « parrainage » en interne et de coordonner les efforts par le biais du responsable diversité.

Du côté des RH, on s’assurera d’optimiser les processus de contrôle des notes de frais, mais aussi de traitement et de suivi des plaintes. Une formation devra être dispensée à cet effet.

Dérapage au board

Cette transition se fera, tout du moins dans un premier temps, sans Travis Kalanick.

À défaut d’un consensus au sein du conseil d’administration (tandis que l’investisseur Bill Gurley réclamait un départ sans délai, d’autres comme Arianna Huffington suggéraient de laisser le dernier mot au dirigeant, selon Recode), la décision n’aurait été prise qu’au dernier moment.

Sous la nouvelle configuration, Rachel Holt continuera à superviser l’activité aux États-Unis et au Canada. Andrew Macdonald fera de même en Asie et en Amérique latine ; Pierre-Dimitri Gore-Coty, en région EMEA.

On soulignera le départ d’un membre du conseil d’administration : David Bonderman. Le fondateur de TPG Capital a donné sa démission – effective ce mercredi – après une remarque déplacée. À Arianna Huffington, qui suggérait que « mettre une femme au board rendrait plus probable d’en avoir une seconde », il a rétorqué « Il risque surtout d’y avoir beaucoup plus de bavardage ».


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