Un brevet contre les oreilles électroniques

Régulations

Deux scientifiques de l’université de Cambridge (Grande-Bretagne) ont mis au point des systèmes qui permettent de limiter les signaux émis par les ordinateurs.

C’est l’hebdomadaire scientifique britannique New Scientist qui le révèle: deux chercheurs ont trouvé un moyen de lutter contre l’écoute des ondes électromagnétiques émises par les ordinateurs. Clavier, écran et unité centrales génèrent en effet des champs dont l’analyse permet de recomposer les données saisies, affichées et calculées. (Voir notre édition du 27 octobre 1999).

« L’équipement d’espionnage adapté coûte au moins 300 000 francs« , a expliqué Markus Kuhn, de l’université de Cambridge et co-titulaire du nouveau brevet, au magazine New Scientist. « Mais dans 5 ans, il coûtera moins de 10 000 francs, ce qui le mettra à la portée des hackers. » Lui et son collègue Ross Anderson ont donc développé une batterie de solutions destinées à réduire les émissions électromagnétiques des ordinateurs: les têtes de lecture des disques durs sont invitées à se placer au dessus des zones vierges de toute information quand elles ne sont pas en service, les polices de caractères affichées à l’écran doivent être lissées pour réduire les émissions à haute fréquence des écrans et les claviers sont chargés d’émettre des codes aléatoires pour masquer les touches réellement appuyées par les utilisateurs. Autant d’astuces qui peuvent trouver place dans un logiciel.

Il n’est pas sûr que les astuces proposées par les chercheurs britanniques parviennent à convaincre les spécialistes du contre-espionnage. De nombreuses techniques existent, qui protègent les ordinateurs. Les caisses métalliques, pourvu qu’elles soient fabriquées avec soin, forment une cage de Faraday qui piège les émissions électromagnétiques des composants internes de l’ordinateur. Leur efficacité peut-être renforcée lorsque les murs de la pièce où se trouve l’ordinateur forment eux même une cage de Faraday, à l’aide de grillages métalliques placés dans le béton. Les informations qui circulent dans les claviers sont protégées par des liaisons optiques qui n’émettent aucun signal susceptible d’être détecté. Reste les écrans, éléments les plus difficile à protéger. Les modèles à cristaux liquides sont réputés moins émissifs que les tubes cathodiques. Mais les polices de caractères lissées à l’écran, il fallait y penser. A condition de ne pas trop flouter, sinon même l’espionné ne pourra plus rien lire!