Un FAI néo-zélandais élargit ses activités à une dimension CDN

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Le FAI Orcon va implémenter la plate-forme CDN Velocix d’Alcatel-Lucent sur son réseau en Nouvelle-Zélande. Il propose aux éditeurs d’accélérer l’acheminement des contenus aux abonnés finaux. Un double rôle nuisant à la neutralité Internet ?

L’explosion prévue du trafic vidéo met la pression sur les fournisseurs d’accès Internet.

Et pour cause, ils financent en grande partie les mises à niveaux de leurs réseaux sur lesquels circulent les contenus générés par des tiers.

Selon certains experts IT (comme Raphaël Maunier de Neo Telecoms), les revenus générés par les seuls abonnements ne suffiraient plus pour réaliser de coûteux investissements, ce qui pousse des fournisseurs d’accès à chercher des relais de croissance.

Un bon exemple de cette évolution vient de Nouvelle-Zélande où le fournisseur d’accès local, Orcon, a fait appel à Alcatel-Lucent pour déployer la plate-forme CDN Velocix, du nom de la société britannique éponyme que l’équipementier réseaux télécoms a acquise en 2009.

D’un point de vue technique, les serveurs seront déployés en différents points clés du réseau.

« Orcon pourra ainsi offrir aux diffuseurs, aux distributeurs de contenus et aux propriétaires de sites Web une connexion plus efficace et plus rapide pour les utilisateurs du haut débit, sur tout type de réseau et de terminal, qu’il s’agisse d’un téléviseur, d’un PC ou d’un téléphone mobile » , peut-on lire dans le communiqué d’Alcatel-Lucent.

Mélange FAI + CDN : des risques de discrimination nuisant à la neutralité Internet ?

En exploitant son propre réseau de diffusion de contenus, Orcon évolue vers un nouveau métier. Quitte à concurrencer des acteurs historiques du CDN comme Akamai et Limelight Networks.

Cela donne aussi un argument supplémentaire pour les partisans de la neutralité des réseaux inquiets à propos d’un Internet du futur en partie privatisé.

En effet, les éditeurs de contenus, qui disposeront de ressources financières importantes, pourront désormais rémunérer le fournisseur d’accès pour améliorer la qualité de l’acheminement des contenus aux abonnés ISP.

En revanche, d’autres éditeurs ne pourront se permettre un tel investissement. Et cela aura une répercussion potentielle sur la qualité de diffusion des contenus.

« Au fur et à mesure que la vidéo à la demande et les Web TV en mode streaming gagnent en popularité, le volume des vidéos en ligne consultées par les abonnés haut débit s’accroît à un rythme incroyable », justifie Charlie Boyd, responsable du marché de gros chez Orcon.

De son côté, Velocix confirme qu’il s’agit pour le fournisseur d’accès de générer « de nouveaux revenus potentiels en mettant à disposition les capacités du réseau d’une façon sécurisée ».

Mais comment éviter que les fournisseurs ne privilégient leurs contenus (ou ceux qu’ils distribuent contre rémunération) au détriment des autres ?

« Les régulateurs nationaux ont les moyens de régler ce type de conflit (…) Les directives dites ‘paquet télécoms’ renforcent encore ces moyens » , a déclaré Jean-Ludovic Silicani, Président de l’ARCEP, dans une interview accordée au Figaro.

« L’ARCEP pourra régler des différends opposant opérateurs de télécoms et éditeurs de contenus », poursuit-il. « Un opérateur a le droit de faire de la différenciation entre tel ou tel type de contenu, mais pas de la discrimination : autrement dit, il ne peut procéder à une différenciation que pour des motifs connus et légaux. »

C’est écrit noir sur blanc dans les dix propositions de l’ARCEP portant sur la neutralité Internet. Ses principes seront-ils appliquées à la lettre ?

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