Un gestionnaire de fichiers en 64 bits pour Mac OS X

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Le Mac se prépare-t-il à une nouvelle modification de son gestionnaire de fichiers ? Après le passage de MFS à HFS puis à HFS+ avec Mac OS 8, la prochaine évolution pourrait s’appuyer sur un système 64 bits, conçu autrefois pour BeOS ! Tour d’horizon des avantages supposés d’un tel choix.

Un avatar de l’ancien gestionnaire de fichiers de BeOS va-t-il succéder à HFS+ sur le disque dur des Macintosh ? La question est soulevée par une rumeur qui, si elle se vérifie, modifierait sensiblement la relation des utilisateurs avec leurs machines. Sans doute beaucoup plus pour le meilleur que pour le pire. Selon le très informé (bien ou mal, reste à voir…) MacBidouille, le système d’exploitation Panther qu’Apple doit dévoiler à l’occasion de la WWDC, à San Francisco, à la fin du mois de juin prochain (voir édition du 24 mars 2003) « apportera le support d’un nouveau format [de système de fichiers, Ndlr] très semblable au BFS de BeOS. Ce format est censé remplacer l’actuel HFS+. Il permet en particulier une simplification de la journalisation [suivi permanent par Mac OS X des mouvements de fichiers sur le disque dur, Ndlr]. » Et de préciser qu’Apple avait particulièrement progressé dans l’optimisation de son OS, notamment par le biais d’un nettoyage dans le code NeXT qui reste à la base du système d’exploitation de la firme. Le système de journalisation des fichiers faisait effectivement parler de lui dans la communauté des programmeurs : BeOS ne permettait aucune perte de données et la BeBox, l’ordinateur de Be, redémarrait en seulement 15 secondes après un plantage. La journalisation sur le mode de BFS a été ajoutée à Mac OS X il y a peu (voir édition du 12 novembre 2002). Les implications d’une telle rumeur sont loin d’être faibles. En effet, BeOS, développé à partir de 1990 par des transfuges d’Apple emmenés par Jean-Louis Gassé, fut généralement décrit comme le système d’exploitation multimédia le plus avancé de sa génération. La plupart des spécialistes s’accordent à dire que l’avantage de l’OS reposait d’ailleurs principalement sur son système de fichier. BFS (Be File System) disposait d’un espace d’adressage de 64 bits, ce qui lui permettait la gestion de près de 18 000 petaoctets (18 milliards de gigaoctets). Cela tomberait à point nommé pour Apple, dont on est à peu près persuadé qu’une prochaine version de Mac OS X sera justement en 64 bits ! Comparativement, le système de gestion de fichiers HFS+ actuellement utilisé par Apple se limite à des tailles de fichiers de 2 To (voir encadré)

D’autres apports de Be pourraient se manifester : la fragmentation des fichiers, plus lourde sur HFS+, serait particulièrement minime sous BFS. Celui-ci cherche continuellement à écrire chaque fichier de manière continue, sans l’éparpiller d’un bout à l’autre d’un volume, comme le font Mac OS ou encore Windows, obligeant dès lors à une défragmentation régulière. Dans le même temps, cette organisation du système de fichiers permet d’obtenir des niveaux de bande passante particulièrement élevés. Sur des fichiers QuickTime (qui sont propices à des sautes d’images lorsque le document s’avère très fragmenté), l’organisation type de BFS donne ainsi d’excellents résultats. Il utilise à plein le temps d’accès et la vitesse du volume utilisé. Idem pour les fichiers MP3. Enfin, les vitesses de lecture et d’écriture s’en trouvent extrêmement accélérées. Ainsi le même Macintosh organisé autour de BFS au lieu de HFS+ pourrait rendre des résultats bien meilleurs.

Une base de données instantanée

Au quotidien, pour l’utilisateur, les avantages sont tangibles surtout grâce à l’apport de métadonnées, également gérées par BFS. Les métadonnées sont les informations stockées avec chaque fichier et permettent d’avoir accès à leur type ou leur contenu. Ce sujet, particulièrement controversé depuis l’introduction de Mac OS X – il y a même eu une pétition pour que les métadonnées soient préservées dans le Mac – pourrait trouver une solution plutôt radicale si Apple adoptait un format proche de BFS. En effet, dans BFS, il n’y a pas de limite au nombre de métadonnées affectées à chaque fichier. Surtout, chaque utilisateur peut ajouter des attributs qui seront utilisés lors de recherche de fichiers. Ce qui signifie que, virtuellement, n’importe quelle information pourra être extraite de chaque fichier. Surtout, tout ceci se fait dans BFS sans réelle perte de performances. Leur indexation se déroule en temps réel. Sur Mac OS X, jusqu’à présent, l’indexation reste un processus long qui peut prendre jusqu’à plusieurs heures avant de devenir opérationnelle. Avec BFS, à chaque lecture ou écriture, les données d’indexation sont mises à jour. Les possibilités d’usages sont nombreuses : par exemple, rechercher tous les e-mails provenant d’une personne en particulier, ne dépassant pas telle taille et arrivés à telle date ! Le résultat est immédiat. Pour simplifier, BFS fonctionne comme une base de données instantanée. Sa vélocité et son ubiquité demeurent inégalées jusqu’à aujourd’hui. Reste une inconnue : Apple, chantre du hub numérique, de l’audio et de la vidéo, adoptera-t-elle le meilleur système de fichiers multimédias qui ait jamais été créé ? La réponse sera vraisemblablement donnée à la WWDC. Mais quand on sait que le créateur de BFS, Dominic Giampaolo, fait partie de la Pomme depuis mars 2002, le doute n’a guère de place !