Un vrai/faux haut débit plutôt cher pour les communes rurales

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A défaut d’ADSL ou de câble, Numéris permet d’offrir une forme de haut débit, notamment dans les zones rurales. Sur cette base, la Fédération nationale des maires ruraux et Internet Télécom, filiale de l’opérateur historique, ont signé une convention qui offre 20 heures d’accès à 128 Kbits/s pour 41 euros mensuels sans la location de la ligne. Un tarif onéreux par rapport aux forfaits de l’autre filiale, Wanadoo.

On le sait, le haut débit, ADSL ou câble, est inexistant en milieu rural. Trop éloignées des plaques ADSL et faiblement peuplées, les communes rurales n’intéressent pas les opérateurs. En novembre dernier, lors du dernier Congrès des maires, les élus avaient exprimé leur désir d’un Internet plus rapide et s’étaient alors adressés à France Télécom pour que les communes puissent bénéficier « d’une offre raisonnable dotée d’un débit suffisant et accompagnée d’un support technique, le plus rapidement possible », explique Hélène Mira qui dirige la Fédération nationale des maires ruraux (FNMR).

La réponse a pris corps mardi 9 avril sous la forme d’une convention signée entre Internet Télécom, filiale de l’opérateur historique, et la FNMR. Cette convention permet aux communes de bénéficier du Pack Surf Numéris, une offre comprenant un forfait de 20 heures sur ligne Numéris Duo à 128 Kbits/s (soit le quart de ce que propose théoriquement l’ADSL Netissimo 1), ainsi que les comptes e-mail habituels. Le tout pour 41 euros HT par mois. Montant auquel il faut ajouter 33,69 euros (HT) pour l’abonnement à Numéris Duo.

Un tarif peu compétitif

Le Pack Surf Numéris se révèle donc onéreux comparé à certaines offres concurrentes. On pense notamment à celle de Free Telecom qui propose 50 heures pour moins de 15 euros (TTC) sans, il est vrai, la location de la ligne Numéris. « Je ne connaissais pas cette offre dont j’ai appris l’existence très récemment », avoue Hélène Mira. L’opérateur historique aurait-il profité de « l’ignorance » des élus ruraux pour commercialiser une offre que tout citadin jugerait trop chère ? Hélène Mira ne remet pas en cause la convention et fait remarquer que le forfait en question intègre une hotline gratuite, « service indispensable aux maires ruraux isolés de tout », précise-t-elle.

Par ailleurs, pour la dirigeante de la FNMR, la convention n’est qu’un pas vers un déploiement plus performant de services haut débit, ADSL ou autres. « Des projets sont en cours de réflexion mais ils n’aboutiront pas avant un an », précise-t-elle avec optimisme. En attendant, le Pack d’Internet Télécom s’affiche « comme une première offre non négligeable pour les communes qui devrait inciter les élus à constater l’intérêt d’un Internet rapide », explique Hélène Mira. Par ailleurs, cette convention oblige l’opérateur à installer des lignes Numéris vers les villages qui n’en sont pas encore équipés. Un engagement qu’aujourd’hui, seul l’opérateur historique est en mesure de pouvoir tenir.

Abus de position ?

Il n’empêche. On a le sentiment que France Télécom a abusé de sa position ou de l’incrédulité de ses partenaires. Le Pack Surf Numéris n’est-il pas plus de deux fois plus cher que le 20 heures de Wanadoo (à moins de 15 euros), autre filiale de France Télécom ? Et la pauvreté de l’offre ne répondra pas forcément aux besoins réels des communes rurales pour qui 20 heures risquent de se révéler insuffisantes. Il est vrai que ce service ne s’adresse pas directement aux particuliers mais aux collectivités (mairies, écoles, etc.) pour qui 75 euros HT par mois, environ, ne devraient pas grever le budget. France Télécom met au point, par ailleurs, une offre à destination des particuliers. Lesquels se montreront peut-être plus méfiants – ou plus exigeants – que leurs élus.