Une société texane revendique l’invention du JPEG

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Le JPEG ne serait pas un format libre de droits. C’est ce que clame une petite société texane, Forgent Networks, spécialisée dans la vidéoconférence. Apparemment, le brevet invoqué aurait convaincu certains industriels japonais de payer des millions de dollars pour continuer à exploiter le JPEG.

Alors que nous pensions que le format de compression d’images JPEG avait été mis au point par le Joint Photographic Experts Group comme un standard ISO, et qu’à ce titre son utilisation était libre et gratuite (à tel point qu’on ne compte plus les applications et appareils qui exploitent ce format graphique), la société Forgent Networks en revendique soudainement la paternité. L’entreprise texane, apparemment spécialisée dans la vidéoconférence, s’appuie sur le brevet américain n° 4 698 672 acquis suite au rachat en 1997 de Compression Labs, lequel aurait déposé ce brevet lié à une méthode de compression d’images neuf ans auparavant.

Le Joint Photographic Experts Group met quelque peu en doute la validité des revendications de Forgent. « Il a toujours été clair pour le comité que ses standards pourraient être implémentés sans paiement ni royalties et droits de licence et le comité souhaite montrer sa déception face à certaines entreprises qui visiblement travaillent contre ces principes », écrit Richard Clark, webmestre et éditeur du site du groupe de travail. Mais apparemment, l’affaire est sérieuse. Au point que deux entreprises japonaises, dont Sony, auraient accepté de verser des millions de dollars pour pouvoir continuer à utiliser le JPEG en toute quiétude. Ce qui amène à penser que le brevet revendiqué serait un argument de poids en faveur de Forgent dans le cadre d’un tribunal américain.

Un air de déjà-vu

Quelle que soit la viabilité du brevet, il est cependant étonnant que Forgent ait attendu si longtemps pour faire valoir ses droits. Une affaire qui n’est pas sans rappeler celle d’Unisys qui s’était mis à réclamer des droits d’utilisation sur le format GIF (voir édition du 14 septembre 1999), l’attitude de Rambus (voir édition du 13 août 2001) ou encore de British Telecom qui revendique l’invention du lien hypertexte (voir édition du 3 octobre 2000). Au moins, Forgent apporte un argument de plus à la communauté du libre qui milite contre les brevets logiciels.