Veillée d’arme chez les fournisseurs d’accès

Mobilité

Les fournisseurs d’accès à Internet préparent leur rentrée, traditionnellement très musclée. Mais de quoi seront-ils capables cette année?

Dernière rumeur en date, AOL devrait annoncer, lundi prochain, un nouveau forfait très haut débit à un tarif qui risque d’en faire pâlir plus d’un. Si l’information se confirme, la récente nomination du nouveau PDG, Carlo d’Asaro Biondo (voir édition du 30 juin 2004), tendrait à confirmer un retour stratégique vers des offres haut débit plus concurrentielles que par le passé. Ainsi s’égrènent, en plein coeur de l’été, les annonces des fournisseurs d’accès (FAI) jusqu’alors partagés entre le conflit qui les opposait à l’industrie du disque (voir édition du 28 juillet 2004) et l’enrichissement de leurs portail, tant dans les offres de musique en ligne que l’aboutissement de nouveaux services comme le développement photo (voir édition du 22 juillet 2004), les blogs (voir édition du 30 juillet 2004) ou le Wi-Fi (voir édition du 5 juillet 2004).

Incontournable France Télécom

Difficile donc, de dresser le tableau complet des offres de la rentrée. D’autant que les FAI nous ont habitué à changer leur fusil d’épaule quasiment du jour au lendemain, répondant coup par coup à leur concurrent, et à ménager leurs surprises a fortiori avant la période cruciale de la rentrée, ou tout est toujours possible. Après quasiment trois années consécutives d’annonces retentissantes, Free parviendra-t-il, cette année, à nous étonner? Après l’ADSL à moins de 30 euros (voir édition du 19 septembre 2002), la téléphonie gratuite (voir édition du 18 août 2003), la télévision en ligne (voir édition du 27 novembre 2003) et une montée en charge régulière de ses débits (voir notamment édition du 7 juin 2004), Free devrait se concentrer sur le dégroupage total (voir édition du 6 mai 2004) pour conserver tenter de ravir la première place (voir édition du 30 juillet 2004). Tout comme Neuf Télécom qui reconnaît être dépassé par la demande de lignes à dégrouper et se concentre maintenant sur la mise en place d’une procédure automatisée de traitement des demandes. Pour l’heure, les échanges avec l’incontournable France Télécom s’effectuent à coup de fax notamment. Du coup, les retards s’accumulent et ne seront résorbés qu’avec l’industrialisation de la procédure.

Tiscali prévoit également d’aborder le dégroupage total et de lancer ses services de vidéo à la demande qui viendront compléter sa récente offre de téléphonie sur IP (voir édition du 17 juin 2004). Il reste à vérifier que les récents déboires internationaux de l’opérateur ne viendront pas contrecarrer ses projets nationaux. Endetté à auteur de 250 millions d’euros, le groupe Tiscali cède ses activités au Danemark, en Espagne, en Autriche et en République tchèque et se désengage de Norvège, de Suisse, de Suède et d’Afrique du sud, selon l’AFP, pour se concentrer sur la France, le Royaume Uni, le Benelux et l’Allemagne. Exploitant de son propre réseau téléphonique, Cegetel devrait également avancer ses pions sur le dégroupage total même si le fournisseur d’accès tardivement arrivé sur le marché ne cache pas ses appréhensions dans le domaine (voir édition du 4 mai 2004). L’opérateur souhaite d’abord passer par une phase de simplification des service en réunissant sur une facture unique les coûts de ses prestations avec l’abonnement de France Télécom. L’opérateur historique, qui s’apprête à absorber sa filiale Internet, devrait lui faire bénéficier de la récente baisse tarifaire des prix de gros (voir édition du 27 juillet 2004) histoire d’endiguer l’érosion de ses parts de marché. Des rumeurs soulignent cependant que les nouveaux tarifs ne seront pas appliqués automatiquement, contrairement à la politique pratiquée par Wanadoo ces derniers mois. A suivre.

Incertitudes

Les incertitudes demeurent pour Tele2 et Club-Internet. Arrivé il y a à peine plus d’un an sur le haut débit (voir édition du 14 mai 2003), l’opérateur de téléphonie a joué la carte des prix pour s’imposer rapidement sur le marché. Au point d’être l’un des moins chers. Une politique qui se heurte aujourd’hui aux prix plancher établis, réduisant d’autant sa marge de manoeuvre tarifaire. Le FAI va-t-il augmenter ses débits pour confirmer son attractivité? De son côté, Club-Internet peut encore jouer la carte tarifaire en rognant ses marges. Ou s’orienter vers des débits toujours plus élevés. Il reste à savoir si la société en a les moyens. Des rumeurs de revente de l’activité circulent cycliquement.

Le tout sur fonds de redéfinition du cadre législatif suite à la transposition de différentes directives européennes. Si, d’un côté, la loi « communications électroniques et aux services de communication audiovisuelle » renforcent les pouvoirs du régulateur vis-à-vis de l’opérateur dominant afin de favoriser une libre concurrence (voir édition du 25 juin 2004), de l’autre la « loi pour la confiance dans l’économie numérique » autorise les collectivités locale à ouvrir leur propre réseau d’accès Internet. Autant de petits France Télécom en perspective qui risquent de concurrencer les opérateurs nationaux. Ceux-ci ne s’y sont pas trompés. France Télécom a lancé sa « charte des départements innovant » où il se place comme le partenaire privilégié des collectivités (voir notamment édition du 29 juillet 2004). En tant qu’opérateur, Neuf Télécom s’engage également auprès des FAI locaux, notamment dans le Tarn où il dessert ISM Networks (voir édition du 24 juin 2004). Un environnement de plus en plus concurrentiel qui laisse de moins en moins de place aux acteurs dont l’activité se limite à la seule fourniture d’un accès Internet.