Verisign conteste la légitimité de l’Icann

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Sommé par l’Icann de stopper son service de redirection des adresses Web erronées, Verisign contre-attaque en accusant l’organisme de régulation d’outrepasser ses pouvoirs.

La hache de guerre est à nouveau déterrée entre Verisign, société commerciale chargée de la gestion des suffixes « .com » et « .net », et l’Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), organisme à but non lucratif dont la mission est de superviser le système de noms de domaine. Verisign vient en effet de remettre le feu aux poudres en attaquant l’Icann en justice devant la cour fédérale de Los Angeles, l’accusant d’outrepasser son rôle de coordinateur technique. « L’Icann a abusivement tenté de devenir le régulateur de facto du système de noms de domaine et, ce faisant, a empêché la création de nouveaux services dédiés aux utilisateurs et susceptibles de promouvoir le développement de l’Internet », peut-on lire dans un communiqué de presse de la société. Verisign y voit une violation du contrat liant les deux parties et reproche à l’Icann un manque de transparence sur ses procédures.

Un service très contesté

Le principal point de désaccord entre les deux protagonistes concerne le service de redirection des adresses Web, intitulé Site Finder, que Verisign avait unilatéralement décidé de mettre en place à l’automne dernier (voir édition du 19 septembre 2003). Le procédé – qui consistait à renvoyer les internautes ayant tapé une adresse Web erronée vers le service de recherche de Verisign – avait immédiatement provoqué un tollé de la part de nombreux acteurs du Web qui voyaient en lui une menace pour la stabilité et la sécurité de l’Internet. Sous la pression de l’Icann, Verisign s’était résignée à stopper provisoirement son service (voir édition du 6 octobre 2003) en attendant que lumière soit faite sur ses réelles répercussions sur le fonctionnement du Réseau, notamment sur les serveurs DNS – les machines chargées de rediriger les noms de domaine vers les adresses IP correspondantes. La société, qui a d’ores et déjà annoncé son intention de relancer Site Finder, demande aujourd’hui qu’interdiction soit faite à l’Icann d’interférer dans le processus.

Verisign ne semble pas avoir choisi au hasard la date de lancement de son offensive juridique. L’Icann doit en effet tenir, la semaine prochaine à Rome, une réunion publique portant sur la réforme de l’organisme et sur l’introduction de nouveaux services. Une réunion sous haute pression qui devrait permettre d’éclaircir la mission et les pouvoirs de l’Icann : simple coordinateur technique, comme l’affirme Verisign, ou véritable gendarme de l’Internet ?