Verisign sur la sellette

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La réunion de l’organisation qui chapeaute les adresses Internet se clôturait ce mardi 13 mars. L’accord proposé par Verisign sur les « .com », « .org » et « .net » a dominé les débats, soulevant de nombreuses critiques. Le bureau de l’Icann a annoncé qu’il votera sur la question le 2 avril.

Les membres de l’Internet corporation for assigned names and numbers (Icann) se réunissaient du 9 au 13 mars à Melbourne. Comme on pouvait s’y attendre, c’est l’accord proposé par Verisign qui est resté au centre des discussions. Avant 1999, sa filiale Network Solutions Inc. (NSI) possédait le monopole de l’enregistrement des noms de domaine en « .com », « .org » et « .net ». Au début du mois, Verisign a dévoilé un accord passé avec l’Icann – qui doit encore être validé – lui permettant de conserver la gestion des bases de données de ces « gTLD » (noms de domaines génériques de premier niveau, par opposition aux « ccTLD », noms de domaine géographiques), tout en poursuivant son activité d’enregistrement (voir édition du 2 mars 2001). Malgré les demandes pour repousser l’approbation de l’accord, le bureau de l’Icann a annoncé qu’il voterait le 2 avril prochain. Dans l’ensemble, ses membres sont restés prudents sur ce sujet sensible. Vinton Cerf, président de l’Icann, s’y est toutefois montré favorable. « Selon moi, c’est un progrès et une bonne chose », a-t-il estimé, cité par Reuters tandis que de son côté, Karl Auerbach, un des cinq membres de l’Icann élu « par les internautes » (voir édition du 11 octobre 2000), a annoncé son intention de voter contre. « La charge de la preuve reposera sur ceux qui veulent un changement », a-t-il estimé. L’Américain s’est toujours montré hostile à l’Icann (voir édition du 5 février 2001).

La Commission Européenne sur le coup ?

Les critiques accusent Verisign de pratiques anticoncurrentielles, la société enregistre en effet des « .com », « .org », « .net », tout en étant celle qui en gère l’unique base de données. A ce titre, 6 dollars (un peu plus de 40 francs) lui reviennent à chaque adresse enregistrée sur ces gTLD. Christopher Wilkinson, chargé des questions de noms de domaine à la direction de la société de l’information de la Commission européenne, a agité la menace d’une enquête en rappelant, cité par Interactive week, que les précédentes investigations de la Commission sur NSI avaient été suspendues « dans l’attente d’une séparation définitive » des activités de registrar (société d’enregistrement) et de registry (société gérant la base de données). « Si cette attente n’a plus lieu d’être, le moins que nous puissions faire avant de donner notre accord est de revoir les effets sur le marché », a-t-il indiqué. Le porte-parole de Verisign a rejeté tous les arguments dirigés contre la société : « Nous sommes des concurrents complètement loyaux sur tous les marchés », a-t-il assuré. Brian O’Shaughnessy a ajouté qu’il n’était « pas sûr de voir quelle [était] l’alternative. Nous avons passé un accord avec le gouvernement américain pour nous occuper des ‘.com’ jusqu’en 2003. Nous avons soumis les termes et l’Icann s’est montrée d’accord. L’idée que nous serions sur le point de brutalement rompre le contrat est légalement impossible, c’est un argument infondé. » a-t-il soutenu, cité par Newsfactor.

L’Icann vient de publier les chiffres des parts de marché des registrars sur les « .com », « .net » et « .org ». NSI arrive largement en tête sur ces trois domaines confondus en totalisant plus de la moitié des enregistrements, même si sa domination s’est logiquement effritée depuis la fin de son monopole. Interrogé par Newsfactor, le porte-parole de Verisign conteste les chiffres en prétendant qu’ils ne tiennent pas compte des noms de domaine qui n’existent plus. Au total, il y aurait 30 millions de « .com », 4 millions de « .net » et 3 millions de « .org ».