Vers un Linux standard ?

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Y a-t-il trop de versions de Linux ? Pour rendre le monde de l’OS libre plus homogène et donc faciliter son déploiement, un groupe de professionnels réfléchit à la création d’une version standard, sorte de plus petit dénominateur commun de Linux.

Standardiser le manchot ». Telle est la devise du Linux Standard Base, un groupement qui a pour but d’améliorer la compatibilité entre les différentes distributions Linux. L’idée est de choisir un certain nombre d’éléments, sorte de plus petit dénominateur commun, qui facilitent la vie des développeurs en leur permettant d’être sûrs que leurs applications fonctionneront sur n’importe laquelle des distributions qui s’y conformera. L’idée étant aussi que les utilisateurs s’y retrouvent plus facilement.

Le mouvement a reçu un nouveau soutien de la part du PDG de Turbo Linux, un des plus importants distributeurs de Linux. Lors d’une conférence sur le logiciel libre mercredi dernier, il a notamment déclaré : « Nous allons trouver un moyen pour que tout le monde utilise une seule distribution, plus générique. Le monde n’a pas besoin de 150 versions différentes de Linux. »

Aujourd’hui, toutes les distributions Linux partagent déjà un grand nombre de points communs comme le noyau ou les routines d’affichage. Les principales distributions (RedHat, SuSE, Turbo Linux ou Caldera) utilisent même un procédé identique d’installation de nouvelles applications, c’est-à-dire les packages mis au point par RedHat. Toutefois, sur cette base, chacune des distributions propose un « parfum » différent. Et certains ont le sentiment que c’est un frein au développement de Linux. D’où le projet de standardisation.

Reste que, justement, ce sont aussi ces petites différences qui ont fait le succès de certaines distributions, comme celle de MandrakeSoft. La société française s’est bâti une solide réputation en proposant une distribution robuste, en prenant pour base celle de RedHat, déjà elle-même réputée. Ne risque-t-elle pas d’y perdre son âme ? « Personnellement, je pense que nous n’avons rien à envier à Turbo-Linux, Caldera ou même SuSE : nous avons de fortes raisons de penser que nous sommes plus gros que ces acteurs en termes de base utilisateurs, et c’est exactement notre stratégie depuis le début. Il sera bien temps de penser à gagner beaucoup d’argent quand le marché sera stabilisé », affirme Gaël Duval, directeur technologique chez MandrakeSoft. Et pour le stabiliser, un bon moyen, voire le seul, est justement de passer par Linux Standard Base. « Mais, regrette Gaël Duval, les spécifications LSB sont assez basiques, dans le sens où elles n’indiquent pas quelle interface graphique utiliser ou quel logiciel utilisateur peut être dans la distribution par exemple. De surcroît, LSB n’avance pas rapidement. »

Au final, cette volonté de standardisation affirme la direction prise par les sociétés Linux : leur but est de gagner de l’argent par les services proposés et non par la vente du logiciel. Bref, un modèle totalement inverse de celui de Microsoft, ainsi que nous l’expliquait Bob Young, le président fondateur de Red Hat (voir édition du 5 octobre 2000).