Vers une baisse des prix des liaisons louées ?

Mobilité

Le marché des liaisons louées, aujourd’hui largement dominé par France Télécom, devrait s’ouvrir un peu plus à la concurrence. En effet, l’ART vient de contraindre l’opérateur historique à baisser le prix des liaisons louées à destination des opérateurs alternatifs. Ces derniers devraient vraisemblablement répercuter cette baisse.

L’Autorité de régulation des télécommunications (ART) vient de décider de baisser les tarifs des liaisons louées de France Télécom. L’ART souhaite ainsi stimuler le développement de la concurrence dans le marché des services de transport de données, sur l’ensemble du territoire. Les opérateurs alternatifs louent en effet à France Télécom des liaison pour accéder directement aux sites de leurs clients lorsqu’ils sont situés au-delà du périmètre de leur propre réseau.

Reste que, jusqu’ici, les opérateurs alternatifs, contraints d’acheter les liaisons louées au prix de détail (avec toutefois des remises), payaient la ligne quasiment au même prix que les clients de France Télécom. Par conséquent, les opérateurs ne pouvaient lutter à armes égales avec l’opérateur historique. Celui-ci, selon les chiffres donnés par l’ART, détiendrait 85 % du marché français des liaisons louées, soit un marché de 2 milliards d’euros. Un chiffre d’autant plus important que les 15 % restants se partagent entre quatorze acteurs. Mais le potentiel de ce marché est immense : selon une étude d’IDC parue en juillet dernier, plus de 75 % des accès sur le marché professionnel se feraient par liaison louée.

Une baisse de 10 à 20 %

Selon l’ART, la baisse du prix des liaisons louées de France Télécom destinées aux opérateurs tiers serait de l’ordre de 10 à 20 %. L’offre d’interconnexion approuvée par l’Autorité concerne les liaisons louées d’accès à moyen débit (de 64 kbits/s à 2 Mbits/s) et permet à un opérateur de couvrir le territoire français à partir de 123 points d’interconnexion. Les conditions tarifaires et techniques seront revues chaque année par l’ART. Celle-ci estime qu’il était « important que la nouvelle offre proposée par France Télécom présente dès le départ des conditions techniques qui la rendent attractive et pérenne, notamment en s’intégrant au mieux dans l’architecture d’interconnexion déjà mise en place pour le trafic ‘voix’, et en fixant des conditions de qualité de service satisfaisantes. L’offre approuvée par l’Autorité s’attache à répondre aux attentes du secteur, en proposant des conditions de délais de livraison et de rétablissement de service garantis comparables à celle de l’offre commerciale Transfix ». Siris, qui propose une offre de liaison louée, considère qu’il est encore trop tôt pour estimer l’impact de cette baisse sur ses offres et qu’il faudra calculer au cas par cas.

La décision de l’ART n’est pas étrangère au différend qui opposait Worldcom à France Télécom sur les liaisons louées. En août 2001, l’opérateur d’opérateurs Worldcom avait demandé à l’ART de fixer des tarifs de liaisons louées au plus près de leurs coûts réels. Ainsi France Télécom devra faire à Worldcom une proposition en vue de la signature d’un contrat d’ici la fin 2002 pour les liaisons d’interconnexion à haut débit (34 et 155 Mbits/s). Pour les liaisons de 64 kbit/s à 2 Mbit/s, une convention devra également être conclue entre Worldcom et France Télécom avant le 30 septembre 2002 sur la base des nouvelles dispositions du catalogue d’interconnexion.