Vers une démocratisation des échanges de données

Mobilité

Filiale du groupe Prologue Software, la société Almacom est un fournisseur de produits et de services liés aux échanges de données informatisées. L’arrivée d’Internet bouleverse quelque peu les habitudes de ce secteur, qui n’intéresse somme toute qu’un faible pourcentage des entreprises. Quelle sera la place d’Internet dans l’EDI ? Comment l’EDI évoluera-t-il ? Dominique Chareyre, PDG d’Almacom, nous donne sa vision. Entre l’Internet roi et l’EDI qualifié par certains de technologie dépassée, il semblerait qu’une troisième voie s’impose, celle de la complémentarité.

VNUnet : L’arrivée d’Internet a profondément modifié tout ce qui concerne les échanges de données. Selon vous, comment va évoluer l’EDI ?

Dominique Chareyre :C’est vrai qu’Internet bouleverse beaucoup de choses. Certains voient dans l’Internet la mort de l’EDI. Je ne le crois pas. L’EDI tel qu’on le connaît, c’est-à-dire permettant de faire transiter des données point à point ou sur un réseau privé, a encore de belles années devant lui. Il a fallu 15 ans de réflexion et de procédure pour que la norme Edifact soit opérationnelle. XML devra également passer par toute une série de procédures pour, lui aussi, être crédible auprès des entreprises. Par ailleurs, l’EDI et les échanges de données sur Internet, que l’on peut appeler Web EDI, sont deux technologies complémentaires. VNUnet : A quel niveau ces deux procédés se complètent-ils ?

Dominique Chareyre :L’EDI est aujourd’hui très efficace pour de gros volumes d’échanges de données. Mais surtout, il correspond aux échanges liés à la production de l’entreprise. Je ne vois pas, par exemple, l’industrie automobile ou de distribution effectuer leurs échanges autrement que par EDI, notamment en raison des flux tendus qui existent dans ce secteur. En revanche, le Web EDI correspond tout à fait à des commandes de fonctionnement.VNUnet : D’un côté Edifact, de l’autre XML, on a tout de même l’impression que cela reste deux mondes bien distincts ?

Dominique Chareyre :On cherche à tout prix à les opposer. Cela aurait effectivement un sens si, en pratique, l’un remplissait mieux une tâche que l’autre. Mais ce n’est pas le cas. Les deux technologies ont leur place et vont cohabiter pour un moment encore. D’ailleurs, les deux sont parfaitement compatibles au moyen d’outils de

traduction. A ce titre, nous proposons une solution d’automatisation des échanges qui supprime de fait les opérations manuelles et rend possible la traduction de documents sous différents langages : Edifact, Gencod, XML… Aujourd’hui, les acteurs qui se positionnent sur le secteur de l’EDI doivent réellement intégrer Internet aux côtés de solutions EDI classiques afin de couvrir l’ensemble des demandes. Il s’agit ainsi d’offrir des solutions permettant l’union des deux technologies.VNUnet : A qui s’adresse le Web EDI  ?

Dominique Chareyre :En fait, l’EDI est relativement sélectif puisque cela ne concerne que 20 % des entreprises françaises. On parle beaucoup de l’EDI parce que cela concerne de gros volumes d’échanges et que les grandes sociétés sont au coeur du système, mais un grand nombre de sociétés étaient absentes de ces échanges. Il faut savoir qu’une station EDI coûte entre 25 et 100 KF et que parfois, il est nécessaire d’avoir recours à plusieurs de ces stations pour différents clients [voir à ce sujet l’interview du 18 octobre 2000, Ndlr]. Les nouvelles solutions d’échanges en mode Internet permettent aujourd’hui d’avoir des solutions à des prix accessibles à tout utilisateur. Le Web EDI concernera dès lors les 80 % des sociétés jusqu’alors exclues des échanges de données informatisées. Désormais, les PME et même les TPE peuvent échanger des données par Internet, ce qui facilite une communication globale pour les échanges commerciaux, banquiers et administratifs. A la différence de l’EDI, le Web EDI devrait concerner des échanges aléatoires et surtout les volumes seront nettement moins importants.VNUnet : Les échanges de données trouveront-ils dans le mode ASP une nouvelle dimension ?

Dominique Chareyre :C’est effectivement un gros marché pour l’EDI. En parallèle avec Internet, la location d’applications en mode ASP permet d’externaliser des solutions trop lourdes pour les entreprises. Les solutions qui permettent l’envoi de données informatisées s’externalisent sans rencontrer de difficultés particulières. Ainsi, par exemple, l’externalisation de notre solution Centre de Gestion FSE, qui jusqu’alors assurait la télétransmission de feuilles de soins entre les professionnels de la Santé et le Réseau Santé Social, permet de disposer d’un certain nombre d’options. Le principal avantage de l’externalisation est de donner à plusieurs acteurs l’accès à cette information. Dès lors, cet envoi de données informatisées permettra un travail collaboratif entre les professionnels de la santé et leurs experts-comptables ainsi qu’un partage d’informations entre le médecin et son patient. Ce schéma, possible dans un avenir proche dans le monde de la santé, est évidemment largement transposable dans le secteur du commerce électronique. Les solutions de type Internet et ASP nous permettent ainsi de proposer des produits et services plus simples à installer, ne nécessitant pas l’intervention d’un DSI ou d’un budget important pour avoir une transmission de données rapide, automatisée et sûre.