Votre mobile peut-il vous trahir ?

Mobilité

A l’occasion du salon Milipol consacré aux équipements policiers et militaires, plusieurs sociétés françaises ont présenté des technologies d’interception et de brouillage des communications GSM.

On savait que la sécurité des transmissions voix et données sur les téléphones mobiles promettait d’apporter quelques soucis aux responsables informatiques (voir les éditions du 2 novembre et du 16 novembre 1999). A l’occasion du salon Milipol, qui réunit les professionnels de la sécurité, de la surveillance et accessoirement de l’espionnage, les visiteurs ont pu constater la prolifération des technologies d’écoute, de localisation et d’interception des communications GSM. Même si leurs promoteurs se drapent derrière les enjeux de sécurité et de tranquillité du public, la tendance ne manque pas d’inquiéter.

Présente au salon, la Compagnie française d’exportation (Cofrexport) propose un intercepteur capable de révéler les communications d’un téléphone voire d’un ordinateur portable. Bien que les industriels restent très discrets sur les capacités techniques de leurs produits, les associations de protection des droits civiques Epic (Etats-Unis) et Privacy International (Grande-Bretagne) dressent, sur leur site commun www.privacy.org, une liste impressionnante d’appareils indiscrets issus du catalogue de Cofrexport. On trouve ainsi un intercepteur de fax (référence COF 231) capable de surveiller plusieurs lignes à la fois. Tout aussi croustillant, le COF 8000 permet de brouiller des écoutes mobiles. Le tout pour les utilisations les plus nobles évidemment, comme la protection de convois et d’ambassades contre les attentats en empêchant le déclenchement d’explosifs à distance.

Le brouillage n’est pas une activité cachée. Sur son site Web, la jeune société parisienne Nuances Technologies présente dès sa page d’accueil l’appareil BlockPhone, capable de faire taire n’importe quel téléphone mobile dans un rayon de plus de 200 mètres ! Son système de brouillage empêche d’envoyer ou de recevoir des appels dans la bande de 800 à 1900 MHz. Il est destiné, là encore, aux services anti-terrorisme et peut être déployé dans des bases militaires ou des prisons. Des applications civiles ? Elles ne manquent pas. Cité par l’AFP, son responsable Jean-Claude Bonhomme rêvait de diffuser l’appareil dans les restaurants, théâtres et autres salles de concert. L’appareil a toutefois été interdit en France. Qu’importe, on le retrouvera à l’export dans des pays moins regardant sur le respect des droits privés ou désireux de bloquer à l’envi les communications d’activistes suspects.

Enfin, la localisation des mobiles n’est pas en reste. Plusieurs sociétés proposent des équipements permettant de repérer l’émetteur d’un appel. La société Rohde & Schwartz commercialise ainsi des radiogoniomètres, fixes ou portables, susceptibles d’offrir cette fonction. Cofrexport fournit cette option à la demande du client.

Bref, la panoplie des oreilles électroniques est disponible, à défaut d’être utilisable par le citoyen en toute légalité. Si l’on souhaite braver discrètement la législation, il est aussi possible de détourner un appareil de son utilisation d’origine. « Un bon bricoleur peut faire de l’écoute GSM avec un analyseur de spectre », prévient Danièle Laurent, porte-parole de Rohde & Schwartz.

Pour en savoir plus : Le BlockPhone