VTC : un secteur pourvoyeur d’emplois et de mouvements sociaux

Apps mobilesLégislationMobilitéRégulations
vtc-emploi-greve

Dans un contexte de mobilisation des chauffeurs VTC contre les plates-formes de type Uber, Coface annonce que le secteur crée plus d’emplois qu’il n’en détruit.

« Et vous, Parisiens, où serez-vous le 15 ? »

CAPA VTC pose la question à tous les chauffeurs « se sentant spoliés par les applis »… et les invite, en association avec d’autres organisations professionnelles, à se joindre, ce jeudi, à un « rassemblement historique ».

Les plus matinaux se retrouveront à 4 h aux aéroports d’Orly et de Roissy. Pour les autres, le rendez-vous est fixé à 6 h porte Maillot, d’où le cortège partira, en début d’après-midi, direction le siège social d’Uber France, dans le 19e arrondissement de Paris.

Comme en témoigne l’appel à la mobilisation relayé par le Syndicat des chauffeurs privés (Unsa-VTC, qui annonce un « grand colloque à ciel ouvert » ponctué d’un « VTC LOTI Fail Awards » assorti d’une remise symbolique de « trophées » aux patrons des plates-formes), la firme venue des États-Unis n’est pas la seule cible de ce mouvement social.

Elle cristallise toutefois les revendications, qui vont d’une hausse des tarifs à la baisse des commission en passant par la « fin du salariat déguisé ».

Dans un message adressé aux dirigeants d’Uber France, CAPA VTC déplore : « Nous avons tenté à plusieurs reprises de vous proposer de dialoguer […] mais nous sommes toujours restés sans réponses ».

Le ton se durcit sur le fait que le dialogue n’aurait été établi « qu’avec des exploitants LOTI [l’association Alternative Mobilité Transport est citée] qui eux-mêmes ne sont pas chauffeurs et n’ont donc pas toutes les contraintes évoquées mais surtout ont toujours été vos partenaires, voire votre propre création (financement de leur grève) ».

Il avait été décidé de ce mouvement social le 2 novembre dernier devant les Sénat. L’objectif est d’engendrer une « déconnexion massive [et] illimitée » du réseau Uber et des applications concurrentes.

La mobilisation intervient une semaine après l’augmentation des commissions qu’Uber perçoit sur chaque course : de 20 %, le taux est passé à 25 %.

Les chauffeurs n’ont pas digéré cette hausse, comme Yves Garrec, responsable du syndicat de VTC de Haute-Garonne (rattaché à l’Unsa) le confie à La Dépêche : « Pour une course de 10 km avec 2 minutes d’attente, nous passerons de 10,80 euros à 10,35 euros versés au chauffeur ».

Gisement d’emplois ?

Un contexte de grogne idéal pour Coface ? La société d’assurance-crédit a dévoilé, ce mardi, un panorama (document PDF, 12 pages) sur l’ubérisation de l’économie – on notera qu’elle y inclut l’économie qualifiée de « collaborative », mais qu’elle exclut clairement l’économie « sociale et solidaire », ainsi que celle dite « du partage ».

Sur le volet transports, un constat : le secteur des VTC crée, en France, plus d’emplois qu’il n’en détruit.

Dans l’absolu, pour reprendre les termes de Coface, « l’apparition et le développement des VTC semblent avoir contribué à dégrader la santé financière des chauffeurs de taxis traditionnels » : alors que 142 défaillances d’entreprises avaient été constatées en 2013, on est passé à 224 entre le 1er septembre 2015 et le 31 août 2016.

Sur cette période, cela représente 746 emplois détruits, alors que dans le même temps, ont été créées près de 16 000 entreprises VTC – au sens des « autoentrepreneurs du secteur transport et entreposage ».

En tenant compte des temps partiels, on arrive à 12 964 emplois réels. Ce qui fait dire à Coface que l’impact du VTC est positif sur le solde net d’emplois en France.

La société d’assurance-crédit met en avant un « déficit d’offre des acteurs traditionnels […] à la fois en quantité et en qualité » : entre 1937 et 2010, « seulement 4 000 licences de taxi ont été émises dans l’agglomération parisienne, alors que […] la population a crû de 4,8 millions d’individus ».

Et de renchérir : « L’absence de concurrence semble aussi avoir dégradé la qualité du service d’après les enquêtes réalisées sur le sujet ». L’enquête citée pour exemple a été conduite par CSA… avec Uber.

Lire aussi :

Lire la biographie de l´auteur  Masquer la biographie de l´auteur