Web 2.0, mutations télécoms, marchés émergents?DigiWorld 2007 ratisse large

Mobilité

L’Idate publie son rapport annuel sur les tendances télécoms et médias
numériques dans le monde. Une vision synthétique toujours intéressante.

Combien pèse le secteur numérique (télécoms, médias, portails) dans le monde ? Selon la vision de l’Idate, 2600 milliards d’euros, en progression de 5,8% par rapport à l’année précédente. C’est l’un des principaux chiffres-clés issus du tout frais rapport DigiWorld 2007 que l’institut de conseils et d’analyses des secteurs télécoms et médias numériques vient de présenter. L’Europe et l’Amérique du Nord concentrent encore 63% du marché du DigiWorld en valeur en 2006. En intégrant le Japon, la Corée du Sud ainsi que quelques autres marchés de la région Pacifique (Australie, Nouvelle-Zélande), l’ensemble représente toujours près des trois quarts du marché mondial en valeur.

Ce document de référence ? à télécharger gratuitement sur le site Internet de l’Idate – présente des analyses et les indicateurs clés pour les télécoms, l’Internet et les médias audiovisuels, en même temps qu’une chronique des tendances et des événements essentiels intervenus dans ces secteurs durant l’année écoulée. Pour cette septième édition, l’Idate a retenu quatre grandes tendances.

« Google ? face au Web 2.0 »
En octobre 2006, Google annonce l’acquisition de YouTube pour 1,65 milliard de dollars. Un événement phare dans l’histoire du moteur de recherche qui symbolise aux yeux de l’Idate les défis que le moteur doit relever au cours des prochaines années : l’intégration des technologies Web 2.0, l’ascension irrésistible du partage des vidéos en ligne et la manière de monétiser ces contenus, en particulier par le biais de la publicité en ligne. L’Idate souligne que Google est le premier à bénéficier de la croissance de la publicité sur le Net. Son chiffre d’affaires, composé à 90 % de revenus publicitaires, a dépassé les 10 milliards de dollars l’an passé, tandis que ses bénéfices ont doublé pour atteindre 3 milliards de dollars. Dans une moindre mesure, on pourrait prendre le cas de Yahoo qui a hésité à acquérir YouTube mais a sauté le pas avec Flickr (partage de photos) et Del.icio.us (partage de signets).

« Quand l’Inde s’éveillera ? ou le poids croissant des marchés émergents »
Sur l’ensemble de l’année 2006, DigiWorld consacre une grande part au développement technologique constaté sur le marché indien mais aussi, dans une certaine mesure, par le rayonnement de prestataires high-tech venus d’Inde à travers le monde (on pourrait citer le cas d’Infosys mais cela sort un peu du périmètre de DigiWorld). Une illustration de ce dynamisme : l’offre de Vodafone pour les 67 % du 4ème opérateur indien, Hutchison Essar, détenus par Hutchison Whampoa. Montant de l’opération : 8,5 milliards d’euros (hors 1,5 milliard EUR de reprise de dette). Plus généralement, l’Idate met en avant l’extraordinaire potentiel télécoms des marchés émergents. Nul doute que la Chine sera particulièrement bien placée dans la prochaine édition.

« De nouveau AT&T ? à l’heure de la convergence et de la consolidation »
Difficile de squizzer le premier marché télécoms du monde : les Etats-Unis. DigiWorld a retenu le cas de la fusion AT&T-BellSouth, concrétisée fin 2006 après avoir obtenu le feu vert de Federal Communications Commission. Cette opération, évaluée à 85 milliards de dollars, est la plus importante de l’année dans les secteurs des TIC. Le nouvel ensemble AT&T/SBC affiche plus de 70 millions de lignes et plus de 11 millions d’accès haut débit dans vingt-deux des Etats les plus peuplés et entre en concurrence avec d’autres « blocs télécoms » comme le duo Verizon (opérateur fixe) – Cingular (opérateur mobile affichant 54 millions de clients).

« Télévision haute définition, mobile, à la demande : l’heure du ‘reality check' »
Télévision mobile, Télévision haute définition, Vidéo à la demande?DigiWorld concentre ses analyses sur ses trois marchés de services mi-télécoms mi-audiovisuels émergents dans le monde entier. Le rapport met en exergue quelques questions centrales : ces nouveaux services constitueront-ils des centres de profit pour conquérir de nouveaux abonnés, accroître l’ARPU ou pour fidéliser simplement la clientèle ?

Et en Europe, quel événement faut-il retenir ?
Dans l’introduction de DigiWorld, Yves Gassot, Directeur général de l’Idate, accorde une part importante « à la confrontation des visions sur les contours futurs des marchés des télécommunications » qui sert de toile de fonds des débats de la review du cadre réglementaire européen. Son application est attendue en 2009 mais les procédures d’examen ont débuté. Trois thèmes se distinguent à l’occasion de cette « review » : la séparation entre les réseaux d’accès et la fourniture de services, la régulation des conditions d’accès aux investissements dans les réseaux de fibre optique (un débat déjà animé en France et en Allemagne), les réflexions sur la gestion des fréquences (HSDPA, WiMax, 4G?) et le débat sur le dividende numérique (fréquences libérées par le passage au numérique par les chaînes de télévision).

Le club paneuropéen des opérateurs alternatifs rencontre la Commission européenne
Le 23 avril, à l’occasion d’une rencontre à Bruxelles avec la Commissaire européenne Viviane Reding, l’Association européenne des opérateurs de télécoms alternatifs (ECTA, dont le club des opérateurs alternatifs français Aforst est affilié) a attiré l’attention sur « la nécessité d’adapter la régulation pour le maintien d’une concurrence saine et durable au profit des consommateurs et pour promouvoir le développement du très haut débit sans risquer de creuser une nouvelle fracture numérique ».

Des recommandations qui s’inscrivent dans la procédure de « review » du cadre règlementaire télécoms européen. L’ECTA qualifie d’absurde le débat « plus ou moins de régulation ». Le lobby des opérateurs paneuropéens préfèrent mettre l’accent sur « une régulation ciblée sur les goulots d’étranglements persistants » comme l’accès à la boucle locale passive des opérateurs historiques quelle que soit la technologie utilisée (cuivre ou fibre). Autre sujet : le très haut débit qui doit « s’inscrire dans un projet économique, politique et culturel » et qui doit se développer à partir de plusieurs critères de référence : accessibilité, ouverture à tous et symétrie.

L’Aforst souligne trois enjeux majeurs pour le cas du marché très haut débit en France : éviter les doublons, faciliter le recours aux infrastructures existantes tels les fourreaux de la boucle locale de France Télécom et inciter les opérateurs à mutualiser leurs investissements, y compris de fibres.