Wi-Fi à très haut débit : Netgear ouvre le bal

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En juin, le fabricant de matériel d’accès sans fil va commercialiser en France ses premiers produits 802.11n. Une norme qui reste à finaliser.

Modem, routeur, carte PCI et adaptateur PCMCIA pour portable. Les premiers produits réseau estampillés 802.11n Draft 1.0 débarqueront en France en juin prochain. Et c’est Netgear qui ouvre le bal. Il confirme son avance sur le continent européen après avoir présenté ses premières solutions aux Etats-Unis dès mars 2006. Il devrait être rapidement suivi de ses concurrents Linksys, Belkin ou encore D-Link.

Les premiers produits dits 802.11n débarquent mais pas la norme qu’ils sont censés intégrer. Le 802.11n, future standard du Wi-Fi nouvelle génération, est en cours d’élaboration au sein de l’Institute of Electrical and Electronics Engineers (IEEE). Une première réunion du groupe de travail de l’IEEE avait d’ailleurs recalé le Draft 1.0, le document présentant les spécifications du projet déposé auprès de l’IEEE par l’Enhanced Wireless Consortium(EWC), un consortium mené par les principaux producteurs de chipsets Wi-Fi (Intel, Broadcom, Atheros, Marvell ou encore Buffalo) pour accélérer l’adoption du 802.11n.

Début mai, le Draft 1.0 avait donc été rejeté par 53 % de votes négatifs (voir édition du 5 mai 2006). « C’est un épisode normal dans la procédure de normalisation », justifie David Henry, directeur marketing produits de Netgear aux Etats-Unis de passage à Paris. « Pour qu’un projet soit adopté, il faut qu’il obtienne 75 % des voix. C’est le ‘super vote’. Le fait de voter contre le projet permet à ses opposants de pouvoir exprimer leurs remarques lors de la réunion suivante. »

Le 802.11n normalisé mi-2007

Autrement dit, c’est l’adoption du Draft 1.0 en l’état au premier tour qui aurait été surprenante. D’ailleurs, l’IEEE prévoit une finalisation de la norme pour la mi-2007. D’ici là, les réunions de travail vont se succéder quasi mensuellement afin de parvenir à une norme qui garantira l’interopérabilité entre toutes les plates-formes qui l’adopteront. Et, des modems aux téléphones IP en passant par les points d’accès mais aussi les appareils de grande consommation comme les télévisions, elles seront nombreuses. Selon Netgear, les appareils Wi-Fi vont se multiplier. « Le Wi-Fi n’est plus une activité réseau uniquement mais un marché énorme qui va voir la production de puces se multiplier par 10 ou 20 dans les années qui viennent », soutient David Henry. Netgear espère que le 802.11n occupera 92 % du marché du Wi-Fi d’ici 2009.

Probablement. Mais pourquoi se précipiter sur le marché avec des produits non normalisés? « Parce que les consommateurs le réclament », avance le responsable américain. « Aujourd’hui, les gens veulent pouvoir surfer sur Internet en haut débit, regarder des vidéos en haute définition, télécharger de la musique, jouer en réseau ou téléphoner en IP, tout ça en même temps avec un confort que n’offre pas le 802.11g. »

Conçu pour fournir 300 Mbit/s de bande passante, le 802.11n évoluera vers les 600 Mbit/s à terme. Soit jusqu’à plus de dix fois plus que les 54 Mbit/s du 802.11g. Notamment grâce à la technologie d’antennes « intelligentes » MIMO (Multiple Input, Multiple Output) que Free a déployé sur la Freebox HD (voir édition du 19 avril 2006). De plus, le « n » offre une portée de 120 mètres (une quarantaine pour le « g »), y compris à travers les murs, et garantira une rétro compatibilité avec les normes précédentes (802.11b et g).

Prendre le risque de l’incompatibilité finale

Investir dans un produit non standardisé signifie cependant prendre aujourd’hui le risque d’être confronté à une incompatibilité avec les futurs produits normalisés. Un risque minime selon Netgear qui assure que les caractéristiques matérielles sont aujourd’hui arrêtées au niveau des processeurs qu’il suffira de mettre à jour de manière logicielle (par un « flashage » des composants) pour les rendre conformes à la norme finalisée. « 47 % des voix ‘pour’ au premier tour, c’est un grand succès », estime David Henry, « cela signifie que plus rien de majeur ne peut arriver au Draft 1.0. »

Pour autant, et notamment pour des raisons légales, Neatgear ne garantit pas que les modems estampillés Draft 1.0 que le constructeur commercialise aujourd’hui seront parfaitement compatibles avec les produits 802.11n qui débarqueront au cours du second semestre 2007. D’ailleurs, les produits professionnels de Netgear destinés aux entreprises attendront la finalisation du 802.11n avant d’entrer en commercialisation. « Les entreprises préfèrent attendre les standards », concède David Henry. Quant aux particuliers, « ils ne s’inquiètent pas des standards mais de savoir si ça marche ».

Les plus audacieux, impatients ou curieux, pourront donc avoir un avant-goût du 802.11n d’ici un mois avec une gamme des produits Netgear estampillé RangeMax Next qui offriront des débits théoriques crêtes de 270 Mbit/s et dont les tarifs s’étendent de 149 euros TTC (pour l’adaptateur PCMCIA) à 289 euros pour le modem-routeur Wi-Fi en passant par 219 euros pour le seul routeur sans fil (prix constructeur). Pour l’occasion, le constructeur change d’ailleurs de design et troque les arrondis de ses modem/routeurs (notamment RangeMax MIMO) pour des lignes plus rectangulaires. Cartes PCI Express, point d’accès et autres adaptateurs USB suivront au fil des mois.