Xpress pour Mac OS X se fait attendre

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La bataille des applications spécialisées prépresse qui oppose Adobe à Quark s’est déplacée sur un nouveau terrain, celui de Mac OS X. A défaut d’introduction de Xpress version X, le marché risque fort de passer soit à Indesign, soit au PC, et à chacun des acteurs d’en mesurer les conséquences !

Quoi qu’en dise Quark, la bataille du publishing se joue sur sa capacité à engager sa clientèle dans l’adoption de Mac OS X. Les utilisateurs prendront, de toute manière, leur temps et ne manqueront pas d’évaluer les avantages et les inconvénients du passage au nouveau système. Pourtant, l’éditeur de Xpress (voir édition du 3 avril 2002), bien qu’ayant présenté une version alpha compatible X du logiciel, n’envisage pas sa commercialisation avant le deuxième trimestre 2003. Xpress reste pour le moment en version 5 (voir édition du 28 janvier 2002) et Quark ne semble pas percevoir le risque d’une telle politique : sa marginalisation pure et simple sur le marché Mac. En l’absence de Xpress 6.0, ses chances de résister au rouleau compresseur Adobe fondent en effet comme neige au soleil (voir édition du 24 septembre 2001). Il faut dire que l’arrivée en force de ce dernier a bousculé les règles du jeu et que l’éditeur de Photoshop, avec InDesign, cherche de toute évidence à parachever sa prise de contrôle de l’ensemble des métiers à vocation créative. Le concurrent de XPress, bien que peu enthousiasmant à ses débuts, est désormais mûr, ne cesse de prendre du corps et attire de plus en plus de professionnels. Pour preuve, le taux de croissance de ses ventes : + 188 % sur un an, selon NPD Intelect. Et là où Indesign, en 1998, signait moins de 1 % des travaux réalisés en maquette, il atteint aujourd’hui les 10 % ! Et Adobe ne ménage pas ses efforts. L’éditeur n’a pas hésité à séduire les écoles, les sociétés de services spécialisés, tout en multipliant, selon MacCentral, les centres de formations certifiées Adobe de par le monde. Un véritable raz-de-marée auquel Quark n’a pas encore cherché ou trouvé de parade.

Si Quark ne se reprend pas et continue à traîner des pieds, la sanction pourrait s’avérer violente, la clientèle céder à la tentation d’un passage sous InDesign 2.0 ou, pire, à l’appel des solutions Windows. Tous les investissements et développements consacrés au Mac seraient, dès lors, sacrifiés. L’attitude de l’éditeur n’est d’ailleurs pas sans conséquences pour Apple, le publishing représentant une part non négligeable du marché professionnel de la Pomme. Et ce même si Fred Ebrahimi, le PDG de Quark, affirme ouvertement que le Mac n’a plus sa place dans cette industrie. Une pure provocation ? Plutôt de la vraie-fausse langue de bois ! Encore récemment, Quark avouait tirer près de la moitié de ses revenus de la plate-forme Apple. Aussi, n’en déplaise à son patron, son retard pourrait lui coûter cher. D’autant que, depuis le lancement raté de la version 4 de XPress (voir édition du 12 octobre 1998), une mouture mal finalisée, Quark a nettement moins bonne presse. Indesign, lui, est chaque jour plus apprécié. La migration des clients Quark vers ce dernier a d’ailleurs commencé,bien que Xpress reste encore le maître incontesté de ce marché. « Je trouve la plupart des fonctionnalités d’InDesign moins fluides que celles de Quark. La manipulation des typos en particulier est boiteuse, moins intuitive et quelque peu rigide. J’ai été particulièrement déçu par la façon dont mes documents étaient imprimés sur mon Epson 1280 », souligne Steve Greenblatt, un partisan de XPress dont les propos sont rapportés par MacCentral. Vu les éloges enregistrés partout ailleurs par le logiciel d’Adobe, la critique semble anecdotique, même si d’autres points s’avèrent de vrais freins à sa généralisation.

Un sursis jusqu’en juin 2003

Que l’on préfère XPress ou InDesign, là n’est malheureusement plus le problème. Apple, rappelons-le, est bien décidée à interdire le démarrage des Mac sous OS 9 dès janvier prochain. Une rumeur avance même qu’un nouveau modèle de processeur G4 l’en empêcherait tout bonnement. Qu’en sera-t-il alors des utilisateurs de XPress ? Seront-ils condamnés à travailler sur de « vieilles » machines ? Très peu probable ! D’après le site Macintouch, Quark promet à ses clients des nouveaux Mac capables de faire tourner XPress sous OS 9 jusqu’en juin prochain : « Steve Jobs a accordé de reporter le démarrage de tous les Mac sous Mac OS X à juin 2003. Ceci pour faciliter l’introduction très retardée d’une version native de Xpress 6.0. » Notons que la date de juin coïncide étrangement avec celle de l’arrivée du PowerPC 970 d’IBM censé remplacer les actuels G4. Notons également que les déclarations de Quark en confortent d’autres qui démentent les impératifs matériels justifiant Mac OS X comme unique système de démarrage. Impossible, pourtant, de confirmer le report de la décision, Apple laissant courir les rumeurs les plus contradictoires. En revanche, une chose est assurée : les relations entre Apple et Quark ont souvent été houleuses. Le site Think Secret rapporte notamment ce commentaire d’un cadre d’Apple, daté de mai dernier : « Quark, de tous, est l’éditeur le plus difficile avec lequel il nous ait été donné de travailler. D’un jour sur l’autre, on ne sait jamais quel va être son humeur. » Quant à Fred Ebrahimi, il n’a cure de ces critiques et enfonce le clou en affirmant : « La plate-forme Mac se contracte et les utilisateurs devraient passer à autre chose ». Sans doute songe-t-il à Mac OS X?