Xserve : vers la haute performance ?

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Une grappe de 33 Xserve, pilotée par un des laboratoires de recherche de la Nasa, a dépassé les 200 gigaflops le 5 novembre dernier. Une expérience qui prouve que le fonctionnement conjoint de machines tournant sous Mac OS X autorise une montée en puissance presque idéale sur les opérations les plus complexes. Des arguments qui ne laissent pas les scientifiques indifférents.

La mise en cluster (mise en grappe d’ordinateurs pour des traitements informatiques en parallèle) du Xserve n’est plus du domaine du rêve : le 5 novembre 2002, le groupe d’application de calcul sous clusters, une entité d’un des laboratoires de recherche de la Nasa installé à Pasadena, le Jet Propulsion Laboratory (le JPL), a obtenu les premiers résultats. Une grappe de 33 Xserve (voir édition du 26 septembre 2002), la plus importante à ce jour, a ainsi été utilisée pour atteindre et dépasser les 200 gigaflops. Ce pic de performance a été atteint sur une des applications utilisées, l’AltiVec Fractal Carbon Demo, qui fait un usage intensif des fonctions de calcul vectoriel des processeurs embarqués dans le Xserve. En dehors de l’équipe Apple détachée pour la mise en cluster des 33 Xserve acquis par le labo, l’expérience a été menée par les plus grands spécialistes du calcul en parallèle du monde Mac : l’équipe du JPL, qui dispose d’une bonne expérience sur les machines en cluster (tant sous Windows que Linux), un spécialiste de l’UCLA (Université de Californie), Viktor Decyk du groupe de physique du plasma, et Dean Dauger de la société Dauger Research, auteur de Pooch, l’un des logiciels permettant la mise en cluster des Mac.

Il fallait dépasser le seuil des 200 gigaflops pour enfin prouver les possibilités de montée en puissance des machines d’Apple dans un environnement de calcul hautement intensif en parallèle, c’est chose faite ! Et le travail sur les fractales a démontré que plus la complexité du calcul était importante, mieux les Xserve étaient à même de tirer parti de leur puissance. Mais les tests ne se sont pas limités à ce calcul de montée en charge. Le JPL a reconnu qu’aucune limite intrinsèque aux Xserve n’avait été relevée et, par là même, que les machines Apple faisaient de très bonnes plates-formes, capables de soutenir une montée en performance importante. Les meilleurs résultats ont d’ailleurs permis de déterminer que le calcul réalisé sur les 33 machines s’approchait ostensiblement de la montée en charge idéale. Pour simplifier : pas de limites à la mise en parallèle de Mac, pas de dégradation de performance des Mac quand ils sont mis en parallèle.

Un surplus de puissance de calcul

Ces résultats s’avèrent surtout importants pour la communauté scientifique : l’utilisation de clusters permet en effet de disposer de machines à moindre coût, dégageant des puissances de calcul proches des superordinateurs. Pour le JPL, par exemple, les applications sont variées. L’un de ses scientifiques, Erik Bailey, utilise les capacités de calcul et de scripting des Mac pour automatiser la collecte de données sur des orbites d’objets célestes, de vaisseaux spatiaux ou encore de planètes. Ces informations sont utilisées pour les préparations de missions de la navette spatiale américaine. La mise à disposition de Mac aux scientifiques du JPL permet, entre autres choses, un gain de temps significatif lors de la collecte des données (par automatisation) et lors de leur traitement. Le Xserve pourrait donc être utilisé comme surplus de puissance de calcul. Mieux, dans certains domaines, la recherche génomique par exemple, la mise à disposition de clusters fonctionnant sous Mac OS X version 10.2 permettrait d’accélérer la découverte de résultats. Ainsi du traitement en parallèle sous BLAST, utilisé par 70 % des chercheurs de cette branche. Alors, faut-il voir dans les travaux du JPL les prémices de solutions adaptées frappées de la Pomme ? Apple y travaillerait (voir édition du 21 octobre 2002). Enfin, diront certains, car la mise au point de ces clusters n’est, pour le moment, qu’essentiellement une affaire d’universitaires (voir édition du 30 janvier 2001). Un gage de sérieux ?