Xserve, évolution naturelle de Mac OS X

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Si l’année dernière, Apple était incapable de se montrer crédible sur les marchés très professionnels, 2002 marque un tournant pour la firme. Dotée d’un Unix pour tout OS, la Pomme relève un défi en tout point comparable à celui qu’elle a initié en 1984 : remplacer la ligne de commande par une interface ! La gageure, c’est qu’elle entend le faire sur le marché des serveurs où l’interface n’est pas forcément la bienvenue. Jean-René Cazeneuve, le patron d’Apple France, nous en a touché deux mots.

La mythologie entourant Apple est telle qu’il paraît très difficile aujourd’hui d’oser croire que la firme de Cupertino est présente ailleurs que sur le marché grand public. La caisse de résonance créée autour de l’iMac, de l’iBook, de l’iPod et de l’ensemble des logiciels grand public proposés a été telle qu’Apple est aujourd’hui moins en vue sur le marché qui représente pourtant plus de la moitié de ses revenus : celui des entreprises. « En fait, plus de 50 % des ventes se font en direction des entreprises. Apple y est beaucoup plus présente qu’on ne le croit », nous a indiqué Jean-René Cazeneuve, le patron d’Apple France, lors d’une interview mercredi 15 mai.Vnunet : Certes, mais sur des niches dites « traditionnelles » : le publishing, la vidéo, les maisons d’édition, les médecins, les PME/PMI, les indépendants… Alors pourquoi lancer une gamme de serveurs d’entreprise (voir édition du 15 mai 2002) ?J-R. Cazeneuve : « Non, les 50 % de parts de marché réalisées dans les entreprises se font en France, sans qu’y soient comptées les professions libérales et l’éducation. Pour ce qui est de nos nouveaux serveurs, il s’agit en fait d’une conséquence logique de Mac OS X. On ne lance pas Mac OS X pour ne s’en tenir qu’au côté client. Ce système dispose d’un potentiel de performances, de puissance et de stabilité tel qu’il place d’emblée la plate-forme d’Apple à un niveau élevé. Notre stratégie a été jusqu’à présent de tout reconstruire brique par brique : le matériel, le logiciel système, les applications, etc. C’est dans cette logique que nous nous tournons désormais vers le marché des serveurs. Il s’agit d’une vraie attente de la part de nos clients et nos cibles prioritaires, avec cette nouvelle offre, sont nos marchés traditionnels. Nous allons commencer par eux : le publishing, la vidéo ou les universités. » Vnunet : Mais Apple peut-elle être crédible sur un marché dominé par Windows, Unix et Linux et où la plus grande bataille a eu lieu voici déjà quelques années ?J-R. Cazeneuve : « Bien sûr, il nous faut rester humbles. Nous ne faisons que débuter sur ce marché et amener les gens à revenir sur Mac dans le monde de l’entreprise représente un véritable tour de force. Il ne sera pas simple aux habitués de sortir de la dialectique du marché traditionnel. En fait, quel est-il ce marché ? En valeur, c’est du 50/50. La moitié pour Windows et l’autre pour Unix. C’est un marché déjà extrêmement compétitif, mais où notre offre se tient. Tout est proposé d’emblée à l’achat pour monter le serveur. Il ne manque peut-être qu’un tournevis ! Pour le reste, notre rack s’installe dans des armoires standard sans autre difficulté que de le sortir de la boîte. L’architecture et l’ensemble des composants ont été pensés de telle sorte que nous puissions mettre à disposition une bonne puissance de calcul. Surtout, le rapport coût/espace disque fait de notre serveur la machine la mieux placée de sa catégorie. Nous avons des accords avec UPS pour ce qui est de l’alimentation, dont la redondance peut être assurée par une alimentation extérieure. La machine est connectable sur Fiber Channel, il est possible de clusteriser, et lorsque Jaguar, la prochaine version de Mac OS X, sera sur le marché d’ici la fin de l’été, notre serveur sera doté de toutes les dernières fonctionnalités attendues. Nous proposons notamment un pack de services mono et biprocesseurs, doté des éléments nécessaires pour changer à chaud les composants qui tomberaient en panne : disque dur, ventilation… Le produit en lui-même est astucieux et doté d’un Unix serveur en version illimitée. »Vnunet : Reste que c’est surtout sur le service et le support que vous serez essentiellement attendus au tournant…J-R. Cazeneuve : « ¨Pour répondre aux demandes de nos clients, nous avons mis au point une offre de service et de support adaptée, qui sera la même en France que celle qui est offerte aux Etats-Unis, c’est-à-dire du 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Nous disposons pour soutenir cette offre d’une équipe regroupée sous la dénomination « Apple Services », qui fournissent tout le support nécessaire, tant en matière de formation que de maintenance ou de consulting. Il s’agit d’anciens employés de NeXT qui ont été rejoints par des spécialistes d’Unix. Mais nous allons aussi passer par les réseaux que nous utilisons et qui existent déjà. De plus, nous allons monter en puissance petit à petit et il nous faudra sans doute embaucher pour faire face à la demande. Mais la volonté d’Apple est là : il s’agit d’une vraie volonté de croissance et de développement. Enfin, est-il nécessaire de rappeler la légendaire simplicité de nos solutions ? Avec ce serveur, nous comptons mettre en avant cet argument : la logique d’Apple, c’est la simplicité, la disponibilité, la puissance, l’utilisation des standards de l’industrie et le prix. Car nous sommes véritablement très agressifs par rapport aux solutions concurrentes ».Vnunet : Votre arrivée sur ce créneau peut faire penser que vous tentez sur le marché des serveurs Unix ce qui vous a réussi dès 1984 sur le marché des PC : la disparition de la ligne de commande. Comment le perçoivent les spécialistes Unix ? Vous prennent-ils au sérieux ?J-R. Cazeneuve : « D’abord, merci pour la comparaison flatteuse. Je crois que Xserve et Mac OS X apportent quelque chose qui était attendu depuis longtemps par les directions informatiques. Mac OS X est l’Unix dont rêvaient les spécialistes. Les *nixiens n’y sont pas perdus. Ils sont attirés par notre marque qui est séduisante et trouvent que notre offre est quelque chose de sérieux. Pour un responsable de serveurs sous Unix ou sous Linux, Mac OS X n’a rien à voir avec ce dont nous disposions avant pour réaliser une intégration dans un parc. Et ce d’autant plus que de grands éditeurs de logiciels professionnels du domaine nous ont rejoints ou sont en train de le faire : Oracle, dont la prochaine base de donnée, 9i sera disponible sur Mac OS X, Sybase, Peoplesoft… Et même si les logiciels industriels ne sont pas encore disponibles, l’arrivée des applicatifs est très rapide. Il y a aujourd’hui plus de 3 000 applications disponibles sur Mac OS X.