2000, année esthétique

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Intrigués par le succès de l’iMac qui ne se dément pas, les industriels peaufinent le design de leurs ordinateurs. Même AMD y va de ses prototypes.

Quinze mois après sa sortie, l’iMac d’Apple poursuit sa carrière avec succès. La recette concoctée par le designer britannique Jonathan Ive séduit le public, et commence à intéresser les constructeurs de PC.

Après avoir fait preuve de scepticisme, les constructeurs de PC ont fini par se convaincre

de la nécessité de s’engager sur le terrain du design défriché par l’iMac. Plus la technologie progresse et plus elle est reléguée au second plan, transformant les ordinateurs en « boîte noire » dont on ne se soucie plus, ou presque, des caractéristiques techniques. Pour l’avoir compris le premier, Apple a pris une longueur d’avance, et s’est permis de décliner ses idées neuves dans les modèles de bureau et les portatifs. De quoi agacer les constructeur de boites beiges, les géants du PC qui, enfin, s’engagent sur les pas d’Apple.

Annoncé il y a quelques jours, le iPaq de Compaq n’a pas grand chose en commun avec l’iMac, si ce n’est son nom. Comme les futurs EON d’IBM et autres e-PC de Hewlett-Packard, l’iPaq vise le marché des réseaux d’entreprises. Doté d’un écran séparé, l’ordinateur semble plus conçu pour économiser de l’espace sur des bureaux que pour attirer le regard.

En 1998, Intel avait tenté de battre en brèche les idées reçues en présentant des prototypes de formes et de couleurs variées. S’engageant dans la brèche ouverte par Apple, l’industriel, qui ne fabrique pas d’ordinateurs, voulait montrer que les formes rectangulaires et les couleurs crème et beige n’étaient pas une fatalité. Un an après Intel, c’est au tour d’AMD de donner des leçons de design à ses clients. Cette fois, les études visent autant à renouveler l’aspect des ordinateurs qu’à trouver les moyens de produire moins cher pour concurrencer les iMac.

Si le dessin de formes nouvelles, l’emploi de matériaux inusités relèvent d’une compétence artistique, le design d’un ordinateur n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Après des années de boites rectangulaires, les différents éléments ont été standardisés de manière à s’implanter quelle que soit la marque. Repenser les formes, c’est aussi revoir de fond en comble la manière dont l’ordinateur est construit. Le risque qu’Apple a pris, avec le succès que l’on sait, est de fabriquer des produits plus chers alors que la bataille industrielle se joue sur le terrain du prix.

AMD entend démontrer que l’esthétique n’est pas forcément synonyme de prix élevés. Présenté au Comdex de Las Vegas, le prototype Easy Now aux formes arrondies vise la barre des 500 dollars (environ 3200 francs) avec un niveau d’équipement équivalent à celui de l’iMac d’Apple (modem, réseau Ethernet etc.) qui, lui, est vendu deux fois plus cher. Si l’écran de l’Easy Now reste séparé, le lecteur de CD-Rom est vertical suivant un principe en vigueur chez certains constructeurs de chaines hifi.

Les ordinateurs Easy Now devraient bénéficier d’un système de réseau local s’appuyant sur les fils du téléphone. Dans la lignée des règles « Easy PC » proposées par Intel, AMD entend aussi mettre l’accent sur la simplicité d’utilisation en généralisant les connecteurs USB et en le dotant d’une technologie de démarrage rapide. L’industriel promet des machines capables d’être opérationnelles en moins de 15 secondes. Les plans seront gracieusement cédés aux industriels qui s’engageront à utiliser les processeurs AMD.

Pour l’instant, seul un petit constructeur, Cybermax, a décidé de tenter l’aventure. D’autres devraient rapidement suivre, trop heureux de profiter d’un design amélioré sans bourse délier. De leur côté, les géants préféreront faire appel à leur propres équipes de conception pour tenter de griffer les ordinateurs à leur marque.

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