2003 : l’année du Mac

Mobilité

C’est dit, c’est dans la boîte : selon Steve Jobs, 2003 sera l’année du Mac. Et principalement celle du portable. Le renouvellement à vitesse accélérée des différents produits du constructeur californien donne déjà la mesure. Revue des annonces à venir, mise en perspective des moyens employés et hypothèses sur les raisons de cette augmentation de cadence.

« L’année 2003 sera l’année du Mac », a proclamé Steve Jobs lors de sa dernière prestation à San Francisco (voir édition du 18 janvier 2003). A l’appui de cette profession de foi, le PDG d’Apple n’a alors pas hésité à sortir le grand jeu : la suite du style de vie numérique iLife, le navigateur Safari, l’application de présentation Keynote, le logiciel de montage semi-professionnel Final Cut Express, AirPort Extreme, l’introduction de Bluetooth et de Firewire 800 et les PowerBook tout en aluminium anodisé (voir édition du 9 janvier 2003). Depuis, les sorties de produits Apple ou les modifications de tarifications s’enchaînent à un rythme effréné, à peu près une tous les quinze jours : Power Mac, écrans, iMac, eMac? Au point que le site de vente français de la firme affiche maintenant des repères permettant de distinguer les nouveaux produits des anciens. En fait, côté matériel, l’iPod et l’iMac Classic n’ont pas été revus, de même que l’iBook, dont il se dit qu’une nouvelle version pourrait voir le jour dans les mois à venir. La rumeur selon laquelle ces portables seraient en attente de G4 paraît difficilement crédible, maintenant que le PowerBook, dans sa version 12 pouces, s’est clairement posé en concurrent. Quant au Xserve, Apple vient d’annoncer sa mise à jour sur laquelle nous reviendrons ultérieurement. Cela dit, l’option reste ouverte si Apple parvenait à différencier ses gammes autrement. Du côté des logiciels ou des services, on attend bien des événements dont la version 10.2.4 de Mac OS X, les mises à jour de X11, de Final Cut Pro (version 4), de Shake, d’AppleWorks ou encore de ?Mac.

Il y a fort à parier que ces annonces interviendront dans les tous prochains mois. Pour deux raisons essentielles : en premier lieu, la firme s’apprêterait, dans les six mois qui viennent et si aucun retard n’affecte la production, à adopter un processeur 64 bits. Il se dit en fait que les processeurs d’IBM (voir édition du 16 octobre 2002), qui s’avèrent les plus susceptibles d’être utilisés, auraient déjà atteint un stade avancé de préproduction. Leur introduction dans les Xserve et les Power Mac modifierait durablement le paysage informatique : les Power Mac seraient les tout premiers ordinateurs personnels à disposer de puces offrant une telle puissance. Mais, pour Apple, la démonstration de la viabilité d’une telle innovation et de sa puissance est un point qui ne doit souffrir aucune critique. La firme doit donc se préparer à présenter des programmes utilisant à plein le confort apporté par ces nouveaux processeurs, mais aussi à prouver que le fonctionnement des anciens ne s’en trouve aucunement affecté. Mac OS X (dans sa version 10.3) comme Final Cut Pro devraient être placés en première ligne. Il faut avouer que l’enjeu n’est pas mince : avec ces puces dans son giron, Apple empièterait clairement sur le marché des stations graphiques et sur celui des ordinateurs dédiés aux grosses configurations, tout en faisant baisser leur coût d’acquisition. Seconde raison qui devrait pousser Apple à forcer la marche : les objectifs ambitieux de la marque concernant la généralisation de Mac OS X. Elle entend passer à 15 millions d’utilisateurs d’ici la fin de l’année et n’a pas d’autre solution que de continuer à occuper le terrain médiatique. La nouvelle politique de prix et la présence accrue d’Apple sur le marché, relayée par le réseau de distribution, sont les actuelles illustrations de cette volonté de communication. Rien de neuf d’ailleurs : la firme utilise la même stratégie – une quasi-intoxication de la presse visant à donner davantage de poids à ses campagnes publicitaires – depuis les débuts du Macintosh.

La presse manipulée ?

Les fuites – mais aussi la démonstration de nouveaux produits à huis clos auprès de journalistes sélectionnés, de sous-traitants ou de clients – font partie des moyens utilisés pour éveiller la curiosité et l’intérêt du marché. « Le Mac est sujet à une très forte orchestration », indiquait, dans une interview donnée au San Jose Mercury News, Evelyn Richards, une des premières journalistes à avoir révélé les secrets du Macintosh lors de son tout premier lancement. « Apple a bénéficié d’énormément de publicité grâce à des actions de relations publiques [auprès des journalistes, Ndlr] (?) Cela fonctionne toujours ainsi aujourd’hui, bien que nous nous sachions manipulés et que nous cherchions à nous dégager de cette emprise. Nous refusons notamment de plus en plus de nous prêter au jeu des sessions de présentation secrètes et cherchons à en savoir plus par nous-mêmes. » Durant l’année 2003, les opérations séduction pourraient pourtant s’intensifier, de même que les rumeurs annonçant par avance des lancements de produits (le site Think Secret s’avère l’un des plus fiables actuellement) ou les articles dévoilant de nouvelles fonctionnalités (eWeek et C/Net sont en pointe dans le domaine). A moins que la guerre en Irak vienne retarder les projets d’Apple et noie son message promotionnel. Un risque qu’il ne faut malheureusement pas écarter et qui pourrait notablement contrecarrer le planning du constructeur…

Article modifié le 11 février 2003.