42.fr : Xavier Niel veut briser les codes de la formation des développeurs

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A titre individuel, le fondateur d’Iliad-Free inaugure une école originale, ouverte et gratuite pour faire ses premières armes dans l’informatique : 42.fr. Des milliers d’élèves sont attendus.

Sur le modèle de Code.org aux Etats-Unis, Xavier Niel lance une initiative dédiée à la formation au développement informatique, tout en cassant le système pédagogique actuel.

Mardi matin, il a présenté officiellement 42.fr du nom d’une « école » qui brise les codes (on comprendra l’origine du nom en consultant la fiche Wikipedia de Douglas Adams).

« Ecole »…On ose à peine utiliser ce terme tant elle est décriée dans sa forme actuelle par le dirigeant d’Iliad-Free.

Comment dynamiser le marché des développeurs (un segment de profils dans lequel on rencontrerait une certaine pénurie), tout en dynamitant l’Education nationale et en critiquant les pouvoirs publics ?

Xavier Niel démarre ainsi : « Cela fait 25 ans que je crée des entreprises et nous n’avons toujours pas assez d’informaticiens. On ne pouvait pas laisser la France dans cet état. Les pouvoirs publics sont trop concentrés à sauver ce qui ne l’est pas. »

Il prône « une révolution dans le système éducatif » avec une « approche innovante », une « ouverture à tous » et des « infrastructures ».

Tout part donc d’un postulat : quand on est à la recherche de talent, le prisme du diplôme ne suffit pas.

Nicolas Sadirac, qui est l’un des principaux protagonistes de cette initiative après avoir tenté d’insuffler cet esprit au sein de l’Epitech (école réputée d’ingénieurs informatiques), prend le relais.

« Le système éducatif génère des gens standardisés alors que l’on a besoin d’individualité dans le numérique », explique-t-il. « On élimine 200 000 jeunes par an du système scolaire. Hors, c’est dans ce vivier que l’on peut trouver les nouveaux talents », considère-t-il.

L’esprit 42.fr (nom choisi en hommage à Douglas Adams) sera symbolisé par un établissement physique dans le XVIIème arrondissement. Il sera capable d’accueillir entre 1000 et 3000 élèves en vitesse de croisière.

Mais le principe est posé : « un poste = un étudiant ».

« Ce bâtiment disposera d’un parc informatique de 1000 postes. En fait, des Apple iMac connectés en giga. Il sera ouvert 24 heures sur 24 avec des responsables pour l’encadrement en permanence », précise Florian Bucher (tiens, filière Epitech).

« C’est donc une école 2.0 ou école P2P qui est en train d’émerger », considère Nicolas Sadirac. « Il faut passer d’un apprentissage individuel à un passage collectif. Il faut travailler en groupe. »

Pour finir de présenter le quatuor de cette initiative, Kwame Yamgnane enfonce le clou. Il faut sortir du schéma des écoles d’ingénieurs ultra normées via lesquelles il faut débourser 10 000 euros par an pour admission (« Si l’on vient tous du même niveau social, comment fait-on pour penser différemment ? »).

Alors 42.fr sera ouvert à tous, quel que soit le niveau de connaissances. La formation sera intégralement gratuite, selon les instigateurs.

« On veut former 1000 nouveaux jeunes par an, 1000 nouveaux génies », poursuit Kwame Yamgnane (canal Epitech également).

Un premier vivier de responsables en charge de l’enseignement sera déniché dans des entreprises et via un réseau de professeurs juniors volontaires.

Quelles modalités pour s’inscrire ? Cela commence dès maintenant sur 42.fr.

4000 profils « à fort potentiel » seront sélectionnés à travers un système d’évaluation automatique qui servira de premier filtre.

Ils suivront 15 heures d’informatique par jour pendant la période d’été (la « piscine »). Les plus assidus seront admis dans la première promotion à la rentrée prochaine (prévue en novembre 2013).

Le cursus durera entre trois et cinq ans en fonction des étudiants, des programmes et de leur rythme d’acquisition en connaissances. Mais 42.fr n’a aucune volonté de se lancer dans les formations qualifiantes reconnues par l’Etat.

Les étudiants formés seront mis à disposition des entreprises qui souhaitent recruter ce type de profils si elles expriment un certain intérêt vis-à-vis de cette démarche alternative de formation au métier de développeurs.

Objectif affiché par Xavier Niel : créer 10 000 emplois en France par an.

Comment ce financement d’une telle organisation atypique est-il assuré ? Pour l’instant, le canal est simple : A titre individuel, Xavier Niel injecte 20 millions d’euros dans un organisme à but non lucratif pour exploiter 42.fr.

Le dirigeant d’Iliad-Free se déclare prêt à soutenir cette initiative dans la durée : sur les 10 prochaines années, quitte à débourser 50 millions d’euros. Néanmoins, pour alléger la charge, des entreprises pourraient prendre le relais sous forme de mécénat ou de sponsoring.

Pour l’instant, Xavier Niel la joue en solo. Mais, en tant que douzième fortune de France selon Challenges, self-made man déterminé et un brin décalé par rapport à l’élite traditionnelle du monde de la politique et de l’économie, il a les assises pour relever ce défi.

Pourquoi n’avoir pas choisi ce modèle gratuit avec l’EEMI que Xavier Niel a co-fondé parallèlement (frais d’inscription : 7500 euros) ?

Le Net-entrepreneur apporte une réponse car on peut s’imaginer qu’il s’attendait à la question : « Ce sont des formations extrêmement différentes. Il s’agit de former des gens qui sont plus dans le webmastering et les réseaux sociaux. On peut voir cela de manière complémentaire ou non. »

Quiz : Connaissez-vous les formations aux métiers du Web ?

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Photo : de gauche à droite : Nicolas Sadirac, Florian Bucher, Xavier Niel et Kwame Yamgnane


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