Actionnariat salarié : retours d’expérience d’Elaïa, Criteo et Showroomprivé

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Session France Digitale/EY: retours d’expériences de projets d’actionnariat salarié de 3 acteurs du secteur IT. Entre opportunités, complexité et déboires.

Dans le cadre d’une matinale sur la thématique de l’actionnariat salarié dans les start-up organisée par France Digitale et Ernst&Young, une table ronde a permis de mettre en avant des retours d’expérience dans le secteur IT : Jean-Raphael Demol (Criteo), Thierry Petit (CEO, Showroom Privé), et Samantha Jerusalmy (Partner, Elaia Partners).

Après avoir dépeint le paysage de l’actionnariat salarié de manière synthétique, ITespresso.fr s’est concentré sur les principales interventions des invités de cette table ronde animée par Franck Sebag, en charge des relations avec les start-up au sein du cabinet de consulting  et d’audit EY.

Samantha Jerusalmy, Partner chez Elaïa Partners (société de capital-risque) :

« Le VC s’implique dans l’élaboration d’un tel plan [d’actionnariat salarié] pour une start-up en commun accord avec les fondateurs d’une start-up dans l’alignement des intérêts. »

« Lorsqu’une start-up effectue un recrutement important dans une start-up (un vice-président par exemple), il faut trouver des leviers de motivation (incentives) à travers un mixte de salaire fixe et de BSPCE », explique-t-elle.

« Il faut établir deux propositions : l’une avec un plus gros salaire et moins de BSPCE et l’autre avec un salaire moindre mais accompagné d’un volume plus important de BSPCE. Cela permet de mesurer le degré d’engagement [commitment] de la recrue et de voir s’il croit en la valeur de la boîte. »

Si ce type de projet est enclenché, « la communication est aussi importante pour les petites structures (dès que l’on passe la barre des 20-30 salariés) que dans les grandes entreprises. »

Jean-Raphaël Demol, Directeur Compensation et Benefits de Criteo :

« La philosophie maison insufflée par les trois fondateurs de Criteo [Jean-Baptiste Rudelle, Franck Le Ouay et Romain Nicolli], c’est l’opportunité donnée à chaque collaborateur de devenir actionnaire et d’être lié aux résultats de l’entreprise. »

« L’outil le plus simple qui nous a été donné au début, c’était d’attribuer des BSPCE, des stock-options à l’international et maintenant des AGA (attributions gratuites d’actions). Tout nouveau collaborateur de Criteo va recevoir des AGA en fonction de son niveau. »

« On est dans une guerre des talents (1700 collaborateurs qui nous ont rejoints ces quatre dernières années). Pour attirer ces profils tech du monde entier qui sont courtisés par Google, Linked, Facebook et autres, il faut des packages alignés avec les pratiques du marché. Pour les profils 100% tech, le package standart, ce sera un salaire de base, une rémunération valable et des equities (stock-options…). Le pay mix peut varier en fonction des pays et des candidats. »

« L’industrie a besoin de plus de profils tech que les universités américaines et françaises sont susceptibles de nous fournir. Qui dit rareté dit prix qui augmente. On est obligé de monitorer notre positionnement de façon annuelle voire bi-annuelle pour certains profils par le biais d’enquêtes de salaires.

« La communication sur les procédures d’attribution et les niveaux de fiscalité par pays, c’est un ‘nightmare’ (cauchemar). Chaque année, il faut ré-expliquer la fiscalité. »

Thierry Petit, CEO de Showroomprivé

« Il y avait une forme d’évidence que nos salariés allaient participer à la création de valeur. Dès 2010, on a essayé de mettre en place un système de stock-options pour les collaborateurs les plus précieux. Mais ils ont été très déçus par la fiscalité pourrie mise en place en 2012 (jusqu’à 70% de fiscalité pour les plus hauts salaires). Donc, les stocks-options ne servaient plus à rien. Les collaborateurs concernés préféraient des bonus. Et on ne pouvait pas mettre en place un programme de BSPCE pour des raisons règlementaires. »

« Pendant trois ans (de 2012 jusqu’à l’été 2015), on s’est retrouvé sans dispositif alors qu’en termes d’effectif, nous sommes passés de 400 à 900 personnes. C’est dommage parce que c’est à ce moment-là que nous avons recruté le plus et que nous avions besoin de motiver les candidats. »

« Heureusement, la loi Macron et son dispositif sur les actions gratuites sont arrivés. On a bondi sur ce plan. L’IPO nous a donné l’opportunité de voir plus large en donnant des actions gratuites à tous les salariés de l’entreprise qui avaient un an d’expérience. Cela nous semblait important de marquer cette distinction. »

« Même les femmes de ménages et les manutentionnaires ont des actions gratuites. Bien sûr, on ne parle pas des mêmes montants. Environ 4 à 5% du capital est réservé aux salariés. Sur la base de notre valorisation actuelle, on parle de 30 millions d’euros. C’est assez fidélisant. »

« Il fallait trouver une harmonisation sur le nombre d’actions distribuées par métiers et c’était le plus complexe pour éviter les frustrations. »

A travers un communiqué diffusé ultérieurement à la session France Digitale/EY, Showroomprivé a précisé le dispositif adopté dans le cadre de son introduction en bourse en octobre 2015.

La société Internet marchande spécialisée dans les ventes événementielles, co-fondée par Thierry Petit et David Dayan, a ouvert son capital à ses collaborateurs à travers la mise en place d’un plan d’attribution d’actions gratuites (AGA) et d’une offre réservée aux salariées leur permettant de bénéficier d’une décote de 20%.

492 salariés ayant plus d’un an d’ancienneté ont bénéficié du plan d’actions gratuites ouvert par la société, soit plus de 75% des effectifs en CDI.

Par ailleurs, 131 salariés du groupe, soit près de 20% de l’effectif éligible, ont participé à l’offre réservée aux salariés et souscrit plus de 20 000 actions, précise le service communication de Showroomprivé.

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Intervenants de la table ronde France Digitale/EY sur l’actionnariat salarié en mode start-up : de gauche à droite, Thierry Petit (Showroomprivé), Jean-Raphaël Demol (Criteo), Samantha Jerusalmy (Elaia Partners) et Franck Sebag (EY) (source photo : NME)

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