Apple en phase d’acquisitions majeures

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Le constructeur californien continue de faire son marché de sociétés spécialisées. Après Silicon Grail et Nothing Real, la firme s’achète un créateur de logiciels d’animation de titres : Prismo Graphics. Au-delà de ces mouvements d’achats, quelle stratégie pour la Pomme avec un tel portefeuille ?

De quoi discutent les spécialistes de la 3D californienne quand ils se rencontrent ? De la dernière acquisition hollywoodienne d’Apple ! Et ils en ont l’occasion mois après mois. Dernière en date, Prismo Graphics. La PME commercialise India Titler Pro, un programme destiné à animer du texte et notamment des titres. « Le programme peut animer du texte de toutes les façons imaginables ? les lettres peuvent sauter, glisser, se diffuser ou apparaître à leur place. », indiquait récemment un dossier de MacWorld US. L’application peut aussi réaliser des graphiques animés. Les effets disponibles (sur les 27 CD-ROM fournis avec l’application !) peuvent même être personnalisés grâce à un langage de script destiné à créer de nouveaux effets. Pour finir, l’animation créée (avec textes animé, fond d’écran spécifique, graphiques éventuels) peut être exporté sous la forme d’un film QuickTime.

Comme à son habitude, la communication d’Apple n’est pas très loquace ! « Apple a fait l’acquisition de technologies de Prismo Graphics, un développeur de graphiques animés pour la télévision et les projets de vidéo numérique, notamment DVFonts et le logiciel d’effets spéciaux India. Apple a l’intention d’utiliser ces technologies dans de futurs produits », a indiqué laconiquement un de ses représentants à nos confrères de MacCentral. Cette acquisition est la troisième en quelques mois. La fièvre d’achats d’Apple a commencé en février avec Nothing Real, s’est poursuivie avec Silicon Grail, la semaine dernière, et s’accompagne de la sortie de produits destinés à l’industrie du cinéma et de la télévision. On aura noté, côté logiciel, tout autant la dernière version de Final Cut Pro, que le l’ensemble Cinema Tools ou encore DVD Studio Pro. Côté matériel, le nouvel écran 23 pouces destiné à la télévision Haute Définition (voir édition du 22 mars 2002) ne semble pas avoir été glissé sur le marché non plus par hasard.

De quoi énerver les gros du secteur…

Et les professionnels d’Hollywood semblent partager leurs interrogations sur la stratégie menée par Apple. Avec Nothing Real et Silicon Grail, Apple détient le monopole du marché de la composition de scènes et d’effets spéciaux. Prismo Graphics s’avère une acquisition de complément, mais pourrait bien ne pas être la dernière. Il se murmurait déjà, à l’approche du printemps, qu’Apple pourrait faire l’acquisition d’Alias/WaveFront et de son logiciel Maya, et le site de rumeurs Think Secret semble certain que d’autres acquisitions sont en cours. Du coup, difficile de déterminer le but inavoué d’Apple. Il semble clair que la société entend jouer un rôle important dans l’industrie du cinéma. Ses acquisitions sont-elles réalisées pour sécuriser ce marché et ne permettre à aucun nouvel entrant d’éroder des parts de marché qui reste pour l’instant en construction ? Ou s’agit-il des prémisses d’une offre matériel/logiciel ? Difficile à dire. Mais il se dit que certains concurrents d’Apple sur le marché commencent à voir rouge, comme Avid ou Discreet : « Ces types vendent des systèmes pour un quart de million de dollars et plus. S’ils sont effrayés, c’est que quelque chose est véritablement en train de se passer », a indiqué un informateur du milieu de la 3D à Think Secret.

Encore un coup porté à Windows ?

Ce quelque chose pourrait bien être l’éviction des stations de travail Windows du marché. Ainsi de Shake pour Windows de Nothing Real, qui ne sera plus disponible. La Pomme a justifié cette décision par l’intégration du logiciel sur sa plate-forme. Apple semble en train de préparer le terrain pour éjecter la concurrence de Windows et peut-être aussi de Linux et Irix, qui subiront une évaluation de leur marché à la fin 2003. Autant dire qu’elle profite de l’émergence de ce marché pour s’y imposer et imposer ses produits par la même occasion (voir édition du 29 mars 2002). La présentation d’une solution matérielle Apple du niveau d’une station graphique semble donc se préciser. Car les logiciels dont elle a fait l’acquisition tournent sur des machines comme celles de SGI. Si Apple ne parvient pas à leur niveau, la firme risque de susciter un vrai mécontentement.