Carrefour à l’heure du digital : l’exercice de style d’Alexandre Bompard

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Bousculé pour sa première AG à la tête de Carrefour, Alexandre Bompard a réaffirmé le numérique comme pilier de la transformation du groupe de grande distribution.

Avec « 1 % seulement du chiffre d’affaires dans le e-commerce », Carrefour « n’a pas pris part à la révolution digitale ».

Alexandre Bompard a fait ce constat vendredi 15 juin devant les actionnaires du groupe de grande distribution, à l’occasion de l’assemblée générale annuelle.

Lui qui a pris ses fonctions de P-DG en juillet dernier est revenu sur les ambitions portées dans le cadre du plan de transformation annoncé en janvier dernier.

Carrefour a lancé, dans ce cadre, plusieurs chantiers structurels pour développer le commerce digital. Il est prévu, sur ce volet, un investissement de 2,8 milliards d’euros d’ici à 2022.

À cette même échéance, l’objectif est d’atteindre un chiffre d’affaires global de 5 milliards d’euros sur le e-commerce alimentaire (correspondant à une part de marché « supérieure » à 20 % en France). La destination Carrefour.fr doit servir de figure de proue pour ériger une « plate-forme marchande unique en France ».

Du côté d’Alexandre Bompard, on estime que « l’hypermarché doit être au service du e-commerce ». Le partenariat officialisé la semaine passée avec Google s’inscrit dans cette logique.

Carrefour entend permettre, début 2019, la commande de produits par l’intermédiaire de l’Assistant Google et sur une « nouvelle interface de Google Shopping ». L’alliance comporte aussi une dimension innovation, avec l’ouverture d’un laboratoire qui concevra de « nouvelles expériences consommateurs » sous le prisme de l’IA.

Du Net au dernier kilomètre

Doit-on parler de levier de relance ? Sur son exercice 2017, le groupe affiche un résultat net négatif (- 531 millions de dollars) ; une première depuis quinze ans. La marge d’exploitation (2,5 %) a reculé de 52 points de base, la croissance ralentissant à + 1,7 % (contre + 3 % en 2016).

Le réseau de magasins de proximité doit permettre de développer la livraison express à domicile, en s’appuyant sur un partenariat avec Stuart pour assurer le « dernier kilomètre ». Il alimentera aussi l’offensive sur le drive. Un marché estimé à 5 milliards de dollars et dont Carrefour capte environ 10 %, contre 50 % pour Leclerc.

Pour les membres de l’ARASC (association créée par des militants de la CFDT) présents à l’assemblée générale, ils est « dangereux de croire que [cette transformation] puisse se réaliser sans l’adhésion des salariés ».

Ces derniers n’ont pas manqué de critiquer le dividende accordé aux actionnaires (0,46 euros par action), tout comme la rémunération accordée à l’ancien P-DG Georges Plassat, parti en juillet 2017.

Outre une retraite complémentaire de 500 000 euros par an, l’intéressé devait toucher quelque 13 millions d’euros, dont près de 4 millions au titre d’une « indemnité de départ et engagement de non-concurrence ». Il a finalement renoncé à l’application de la clause de non-concurrence et au versement de l’indemnité correspondante.

Carrefour, qui revendique 12 300 magasins sous enseignes, a fait de la Chine l’une de ses cibles à l’international. Un partenariat avec Tencent a été noué dans cette optique.

Sur place, Google monte aussi en puissance. Le groupe américain vient de prendre une participation dans JD.com. Il investit 550 millions de dollars pour développer son activité en lien avec la plate-forme e-commerce en Europe, aux États-Unis et en Asie du Sud-Est.

Crédit photo : ell brown on Visualhunt.com / CC BY-SA

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